Le directeur de cabinet d’Ali Bongo en garde à vue à Paris
Maixent Accrombessi a été interpellé pour « corruption d’agent public étranger » et « blanchiment »
L’intouchable directeur de cabinet du président de la République Gabonaise, Maixent Nkani Accrombessi a été interpellé à 9h ce matin à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle (près de Paris), alors qu’il tentait de rallier la capitale Gabonaise.
Le bras droit d’Ali Bongo, a été arrêté puis entendu par des policiers Français de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCLIF) et placé en garde à vue à la sous-direction de lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière de la Direction centrale de la police judiciaire située à Nanterre (France).
Rétro-commissions. Maixent Accrombessi a été interpellé dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte le 9 juillet 2007 pour « corruption d’agent public étranger » et « blanchiment ». L’enquête porte sur un contrat de 7 millions d’euros passé entre le ministère de l’intérieur gabonais dirigé à l’époque par Clotaire Christian Ivala et la société MARCK spécialisée dans la confection d’équipements sécuritaires.
Ce qui intrigue les enquêteurs, c’est le versement de 1,315 milliard de FCFA (2 millions €) par la société MARCK sur des comptes appartenant à Maixant Acrombessi par ailleurs, très proche collaborateur d’Ali Bongo Ondimba, le président de la République Gabonaise. Ainsi, sur la base de renseignements fournis par le Traitement du Renseignement et Action Contre les circuits Financiers clandestins (TRACFIN), il a été découvert six virements bancaires vers un compte en banque domicilié à Monaco appartenant à la société AIKM dont le propriétaire est Maixent Accrombessi et ayant son siège social à Cotonou au Bénin.
TRACFIN fait aussi état d’un virement de 197,3 millions (300.000 €) émis par MARCK pour un compte domicilié également à Monaco mais appartenant à la société CITP dont le gérant est Seydou Kane, gabonais d’origine malienne résidant au Gabon et proche d’Ali Bongo Ondimba.
immunité diplomatique. Lors de son interpellation, Maixent Accrombessi a fait valoir une prétendue « immunité diplomatique » ignorant que le Quai d’Orsay avait pris soin de préciser préalablement aux policiers l’Office Central de Lutte Contre la Corruption et les Infractions Financières et fiscales (OCLCLIF) qu’il ne bénéficiait nullement de cette protection. Rappelons que dans le cadre de cette enquête l’ancienne responsable de l’export de MARCK au moment des faits a été également placée en garde à vue.
D’origine béninoise, Maixent Acrombessi est connu au Gabon pour être le « chef de la légion étrangère », du nom du groupe de collaborateurs d’origine étrangère très proches d’Ali Bongo Ondimba occupant (comme c’est le cas pour Maixent Accrombessi) des postes de souveraineté ou de très hauts postes dans l’administration Gabonaise.
Montages financiers obscurs. Personnage réputé mystique et très controversé, Maixent Accrombessi a fêté ses 50 ans en compagnie d’un petit groupe d’amis parmi lesquels il y avait très peu de Gabonais dans le très luxueux hôtel Evreux sis à la place Vendôme à Paris.
Alors que la Présidence gabonaise est encore décriée sur la venue de Lionel Messi au Gabon, nul doute que cette affaire mettra un peu plus mal à l’aise le pouvoir gabonais. La garde à vue de Maixant Accrombessi Nkani, tout-puissant directeur de cabinet gabonais, pourrait durer jusqu’à 48 heures.
Il faut dire que le Gabon comme la France sont signataires de la Convention de Mérida qui qualifie la corruption comme une infraction à compétence universelle. Tout pays signataire peut poursuivre et arrêter tout potentiel criminel financier sans qu’il y ait prescription, ni immunité à l’instar des crimes de guerre, de génocides ou des crimes contre l’Humanité. Il faut dire que depuis plusieurs mois, le Palais du Bord de mer est secoué par des scandales à répétition qui déteignent sur la probité morale et politique des dirigeants qui l’incarne depuis 2009.
La présidence Gabonaise a sans surprise, à travers d’un communiqué de presse, dénoncé vigoureusement cette arrestation confirmant que le directeur de cabinet était bien en mission officielle. De plus, souligne le communiqué : « elle porte sur une affaire qui ne présente aucun lien avec les fonctions de Directeur de Cabinet, et que d’autre part, elle a fait l’objet d’une mise en scène dont le seul but était d’humilier l’intéressé, et, par delà sa personne et sa fonction, de porter atteinte à la République Gabonaise« . Avant de crier à la violation des principes fondamentaux et les pratiques du droit international.
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