Au Burkina Faso, pas de mansuétude pour les putschistes
L’avenir du général Gilbert Diendéré a donc de fortes chances de s’écrire devant un tribunal militaire.
L’heure du retour de bâton a sonné pour les putschistes. Pour le premier conseil des ministres d’après coup d’Etat, délocalisé dans une primature protégée par plusieurs blindés, le gouvernement intérimaire du Burkina Faso a opté, vendredi 25 septembre, pour la manière forte contre le régiment de sécurité présidentielle (RSP). L’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré a été dissoute. Le procureur général a lui fait savoir qu’une enquête avait été ouverte « sur les infractions liées aux actes qui ont été posés sur le territoire depuis le 16 septembre ». C’est à cette date que des soldats du RSP ont interrompu le conseil des ministres, prenant en otage le président intérimaire, Michel Kafando, le premier ministre, Isaac Zida, et deux autres membres du gouvernement.
Le gouvernement burkinabé a enfin annoncé la création d’une commission d’enquête pour « situer les responsabilités et identifier les auteurs, complices, militaires et civils impliqués dans la tentative de coup d’Etat » qui devra rendre ses conclusions d’ici trente jours.
L’avenir du général Gilbert Diendéré et des principaux officiers et sous-officiers qui ont constitué le noyau dur de la junte a donc de fortes chances de s’écrire devant un tribunal militaire. Le chef de l’éphémère Conseil national pour la démocratie avait affirmé le 23 septembre, peu après la cérémonie de réinstallation des autorités de transition : « Je n’ai pas peur d’affronter [la justice]. Je répondrai aux questions qu’on me posera. Je ne vais pas nier qu’il y a eu des morts. » Selon le bilan officiel, la répression des manifestations s’est soldée par la mort de 11 personnes et 271 ont été blessées.
Un désarmement encore confus. Ces mesures punitives à l’égard des putschistes étaient largement attendues par la population et la société civile. L’état-major de l’armée a annoncé avoir commencé dès vendredi soir à retirer de l’armement à l’unité qui avait perpétré le coup d’Etat proclamé le 17 septembre. Cependant, des informations contradictoires circulaient sur la réalité du début du désarmement de l’unité la mieux équipée du pays.
Selon un haut gradé du RSP, les militaires de base, établis à la caserne Naaba Koom, s’y « sont catégoriquement opposés », réclamant au préalable des garanties de sécurité pour eux-mêmes et leurs familles. Un autre officier avançait au même moment qu’il n’y aurait « pas de problème pour que les armes soient transportées où ils veulent. » « C’est un processus qui prendra du temps. On ne vide pas un paquebot en dix minutes. » précisait-il avant d’insister pour que « les politiques ne se mêlent pas de la chose militaire. Je ne leur fais pas du tout confiance. » Des mots prononcés avant l’annonce de la dissolution du RSP. Dans la soirée, cet officier n’était plus joignable et Ouagadougou s’est endormi sous couvre-feu, quadrillée par des blindés de l’armée.
Source: Le Monde.fr
Putsch du RSP : Le Procureur général annonce le gel des avoirs des auteurs et complices présumésDans ce communiqué, le Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou, le magistrat Laurent Poda, annonce le gel des biens des avoirs des auteurs et complices présumés dans le cadre d’une instruction ouverte pour faire la lumière sur le coup d’Etat du RSP. Une décision qui concerne des personnalités aussi bien que des partis politiques. Le Procureur Général près la Cour d’appel de Ouagadougou porte à la connaissance de tous que dans le cadre d’une information ouverte, le doyen des juges d’instruction du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou a, par ordonnance rendue ce jour 25 septembre 2015 : Ordonné aux banques et établissements financiers ouverts au Burkina Faso le gel des avoirs appartenant aux personnes physiques ou aux partis politiques ci-après : 1)- DIENDERE Gilbert, né le 1er janvier 1960 à Yako, Officier Général domicilié à Ouagadougou ; 2)- KOMBOIGO Wen-vennem Eddie Constance Hyacinthe, né le 11 septembre 1964, expert comptable, domicilié à Ouagadougou ; 3)- Diendere/Diallo Fatou, née le 10 mars 1961, Officier de police et ex-député domiciliée à Ouagadougou ; 4)-YAGO A. Alpha, né le 24 août 1975 à Bobo Dioulasso, domicilié à Ouagadougou ; 5)- Zoubga Regma Alain, né le 31 décembre 1953, Médecin et ex-ministre domicilié à Ouagadougou ; 6)- Ouedraogo Rasmané, né le 31 décembre 1966, ex-député, domicilié à Ouagadougou, Ex-député ; 7)- Sawadogo Salifou, né le 31 décembre 1963, juriste et ex-ministre domicilié à Ouagadougou ; 8)- Kiéma Adama, né le 15 août 1978, particulier domicilié à Ouagadougou ; 9)- Doamba Benjamine, née le 22 mars 1962, journaliste et ex-député, domiciliée à Ouagadougou ; 10)- Koné Léonce Siméon Martin, né le 07 septembre 1948, Banquier et ex-ministre domicilié à Ouagadougou ; 11)- Bamba Mamadou, Médecin colonel, domicilié à Ouagadougou ; 12)- Yameogo Hermann, né le 17 mai 1948, Avocat, domicilié à Ouagadougou ; 13)- Bassolé Y. Djibril, le 30 novembre 1957 à Nouna, Officier Général ; 14)- PARE Sidi, Officier supérieur domicilié à Ouagadougou, Ministre délégué à la sécurité ; 15)- Le « Congrès pour la Démocratie et le Progrès », en abrégé CDP, parti politique ayant son siège à Ouagadougou ; 16)- La « Nouvelle Alliance du Faso », en abrégé « NAFA », parti politique reconnu, ayant son siège à Ouagadougou ; 17)- « L’Union pour un Burkina Nouveau » en abrégé « UBN », parti politique ayant son siège à Ouagadougou ; 18)- « L’Organisation pour la Démocratie et le Travail », en abrégé « ODT », parti politique ayant son siège à Ouagadougou dit que ce gel concerne aussi bien les comptes simples que les comptes collectifs dont les personnes suscitées sont titulaires ou mandataires ; dit cependant que pour les personnes physiques sus visées, chacune d’elle pourra, pour autant que le montant de son compte le permette, prélever mensuellement la somme maximale de trois cent mille francs (300 000 FCFA) pour pourvoir au besoin de sa famille ; déclaré indisponibles les biens meubles et immeubles appartenant à ces personnes et dit qu’en conséquence de cette indisponibilité, tout bien meuble ou immeuble appartenant à l’une ou l’autre quelconque des personnes ou partis susvisés ne pourra ni sortir du territoire national burkinabè ni faire l’objet de cession ; dit en outre, qu’à partir de son ordonnance, les fruits ou loyers produits par un bien meuble ou immeuble appartenant à l’une de ces personnes ou à l’un de ses partis sont rendus indisponibles ; désigné le Greffier en chef du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou en qualité de séquestre pour recevoir les fruits ou loyers produits par un bien meuble ou immeuble appartenant à l’une de ces personnes ou à l’un de ses partis ; dit que tout versement effectué en violation de son ordonnance sera tenu pour non opposable ; dit que sauf renouvellement, son ordonnance produira ses effets pour une période de trois mois ; dit qu’elle prendra effet pour compter de sa diffusion à la télévision nationale, à la radio nationale et dans deux organes de presse en ligne ; Ouagadougou, le 25 septembre 2015 Le Procureur Général près la Cour d’appel de Ouagadougou
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