Les surcapacités de la Chine, un danger pour l’économie mondiale
Des centrales au charbon situées à proximité de maisons à Shijiazhuang, dans la province de Hebei (Chine).
Les colossales surcapacités de production industrielles chinoises continuent de gonfler face à une demande toujours terne. Le phénomène pénalise la croissance du pays et menace l’économie mondiale, a averti la Chambre de commerce de l’Union européenne (UE) à Pékin.
De la sidérurgie au ciment, en passant par l’aluminium, de nombreux secteurs de l’industrie lourde sont plombés par des excédents de capacités, après avoir multiplié les investissements – souvent à crédit – alors même que la demande fléchissait, avec en particulier un violent refroidissement du marché immobilier et de la construction en Chine.
« Les surcapacités sont depuis de longues années une plaie de l’industrie chinoise, plombant des dizaines de secteurs, avec de profondes répercussions sur l’économie mondiale et sur la croissance de la Chine en particulier », a prévenu la Chambre dans un épais rapport publié lundi.
L’ampleur du problème donne le vertige: les aciéristes chinois produisent désormais davantage que les quatre autres principaux pays producteurs réunis (Japon, Inde, Etats-Unis, Russie), mais la moitié d’entre eux sont déficitaires. Et en deux ans, la Chine a produit davantage de ciment que les Etats-Unis pendant tout le XXe siècle.
Transition économique. Pékin, conscient du problème et désireux d’engager une transition économique au profit des services et des industries technologiques, vante ses efforts pour réduire ces surcapacités industrielles, en durcissant ses régulations, en encourageant les fusions et restructurations, et en restreignant les prêts et subventions publiques aux firmes « zombies » incapables de redevenir rentables.
« Mais le pouvoir central rencontre une farouche résistance de la part des gouvernements locaux (provinces et municipalités), inquiets des conséquences sur l’emploi » et sur leurs recettes fiscales, souvent en l’absence d’un autre secteur économique alternatif capable de prendre le relai localement, a indiqué à quelques journalistes Joerg Wuttke, président de la Chambre.
« Ces secteurs en surcapacités sont déconnectés des forces de marchés et reposent largement sur le soutien des administrations locales » qui investissent des fonds et facilitent l’obtention de crédits, relève-t-il.
Dégringolade des cours. Avec la récente envolée des prêts bancaires en Chine, dopée par une politique monétaire ultra-accommodante, les risques de créances douteuses et de défauts de paiement grimpent fortement… concernant essentiellement ces mêmes secteurs industriels.
« Et l’impact à l’étranger se fait déjà sentir », insiste M. Wuttke: car la situation aggrave le ralentissement de la deuxième économie mondiale, affecte certaines firmes européennes fournisseurs d’équipements industriels, mais surtout parce que Pékin tente d’écouler ses surplus de production à travers le monde.
Le déferlement de l’acier chinois, à des prix défiant toute concurrence, alimente la dégringolade des cours et compromet la fragile reprise des sidérurgistes européens et américains.
Patrons et salariés du secteur sidérurgique européen, appuyés par plusieurs gouvernements, ont défilé la semaine dernière à Bruxelles pour protester contre cette concurrence chinoise, demandant à l’UE de durcir ses mesures antidumping pour sanctionner les pratiques « anticoncurrentielles » chinoises.
ATS
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