La France mettra fin en 2016 à son opération en Centrafrique
La France mettra fin cette année à son opération militaire Sangaris en Centrafrique. Elle estime sa mission de restauration de la sécurité accomplie après trois ans d’affrontements intercommunautaires, a annoncé mercredi le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Au moment de l’intervention française, en décembre 2013, « le pays était en pleine guerre civile, déchiré par des tensions religieuses (entre chrétiens et musulmans), en proie au chaos, au bord de situations prégénocidaires » nées du renversement du président François Bozizé par la rébellion majoritairement musulmane Séléka, a rappelé M. Le Drian à Bangui.
« En l’espace de deux ans, la force Sangaris a réussi à ramener le calme et à empêcher l’inacceptable », a ajouté le ministre venu assister à l’investiture du nouveau président centrafricain Faustin-Archange Touadéra.
« Préserver la paix ». Dans l’après-midi, le nouveau chef de l’Etat a juré « de respecter scrupuleusement la Constitution (…) et de préserver la paix ». Il s’est aussi engagé à « remplir sa charge sans aucune considération ethnique » et de ne jamais exercer son pouvoir « à des fins personnelles ».
Vêtu d’un costume sombre, le président a ensuite attentivement écouté le président de la Cour constitutionnelle, Zacharie Ndouba, s’adresser à lui. « Vous incarnez désormais la nation toute entière et ses valeurs. Soyez fidèle au serment que vous avez prononcé. Vous serez le président de la réconciliation nationale », a dit M. Ndouba, exhortant ses compatriotes à « taire nos rancoeurs et panser nos plaies ».
La Centrafrique, l’un des pays les plus pauvres au monde, tente de sortir de trois années de graves violences intercommunautaires qui ont mis à mal son économie et l’ont profondément déstabilisé.
« Bien sûr, tout n’est pas résolu, mais nous voyons enfin le pays sortir d’une longue période de troubles et d’incertitudes », a précisé Jean-Yves Le Drian devant les forces françaises stationnées à l’aéroport M’Poko. Dans un tel contexte, « je peux vous confirmer la fin de l’opération Sangaris dans le courant de l’année 2016 », a-t-il dit.
Encore 900 Français sur place. La France, qui avait lancé dans l’urgence l’opération et mobilisé jusqu’à 2500 soldats au plus fort des tensions, compte encore 900 hommes en Centrafrique. Elle réduira progressivement ce contingent au cours de l’année.
M. Le Drian n’a pas donné de calendrier précis de retrait. La réduction des effectifs sera parallèle au renforcement de la « capacité réactive » de la force de l’ONU (Minusca, 12’000 hommes), qui devient le pilier sécuritaire dans le pays, et à la « montée en puissance » de la mission européenne de formation de l’armée centrafricaine (EUTM RCA), a-t-il précisé à l’AFP.
A l’issue de Sangaris, environ 300 soldats français resteront en Centrafrique. Ils rejoindront la Minusca pour en « garantir la robustesse » et participeront à la mission de l’EUTM RCA, a indiqué M. Le Drian. Quelques éléments français continueront aussi à assurer la sécurité de l’aéroport.
Les soldats français stationnés en Côte d’Ivoire et au Sahel seront par ailleurs « prêts à intervenir rapidement » si nécessaire, a souligné le ministre.
Opération prolongée. L’opération Sangaris devait initialement être de courte de durée, mais Paris a dû revoir ses objectifs à mesure que le conflit s’éternisait.
Ces derniers mois, plusieurs allégations d’abus sexuels impliquant des soldats français et des Casques bleus contre des civils ont par ailleurs entaché le mandat des forces internationales en Centrafrique.
ATS