Les IED, ennemis numéro un des soldats français au Mali
Le mode opératoire n’est pas nouveau, mais il est toujours aussi redoutable. Mardi matin, l’explosion d’une mine artisanale a provoqué la mort de trois soldats français au Mali, l’un décédé sur le coup et les deux autres succombant à leurs blessures. Le nombre de pertes s’élève désormais à 7 dans les rangs français, depuis que l’opération Barkhane a succédé en août 2014 à l’opération Serval.
Dans une logique de conflit asymétrique, les jihadistes n’ayant plus vraiment les moyens d’engager des combats ouverts contre les soldats français, ce sont donc les IED (Improvised Explosive Device) qui sont devenus la principale menace pour les militaires déployés sur zone. Et pour cause, depuis le mois d’août 2015, près d’une dizaine de véhicules de l’armée française ont été victimes de ces mines artisanales.
Selon les médias maliens cités par RFI, « un véhicule de Barkhane avait déjà sauté le 25 mars dernier près de Gao; un autre le 14 février à Kidal, alors qu’une patrouille des forces spéciales (VPS) avait sauté sur une mine dans cette même ville de Kidal, quelques mois plus tôt, conduisant à la mort d’un commando de COS rapatrié en France ». Ce faisant, les explosions de mines sont devenues la première cause de mort des soldats tricolores des opérations Serval et Barkhane réunies. Le point sur cette stratégie prisée par les jihadistes.
« La hantise des soldats français ». Pour gêner la mission de sécurisation de l’armée française au Mali, les jihadistes utilisent deux types de mines. Depuis la guerre en Libye, les combattants islamistes ont pu récupérer des mines « conventionnelles » PRB M3, note RFI. Mais outre cet arsenal, « les experts notent une sophistication croissante des dispositifs de déclenchement des bombes artisanales », détaille la radio.
Dans son bilan en juillet 2015 pour les « un an » de l’intervention Barkhane, le ministère de la Défense faisait savoir que les soldats français avaient saisi ou détruit 25 IED et quelque « 210 détonateurs et commandes » de ces engins. Si ce mode opératoire traduit une certaine faiblesse de l’ennemi (contraint d’opérer ainsi), le caractère imprévisible de ces explosions a un très fort impact sur le mental des soldats.
Dans un reportage sur les militaires français déployés dans le Nord du Mali en 2013, France 2 expliquait en effet que ces engins étaient devenus « la hantise des soldats français ».
« Ces bombes causent deux types de blessures : celles que l’on voit et qui se traduisent pour le militaire touché par une amputation et celles qui sont invisibles, les dégâts sur l’organisme se manifestant plus tardivement », notait le site Zone Militaire citant une étude américaine sur le sujet.
Des objets « camouflés partout ». « Un engin explosif improvisé est un type d’arme explosive non conventionnelle qui peut prendre n’importe quelle forme et être activé de diverses manières », peut on lire sur le site de l’OTAN. Le principal défi posé par les IED reste la détection de ces engins protéiformes. L’OTAN précise d’ailleurs que ces engins peuvent être « camouflés partout : fixés à des animaux, posés le long des routes ou attachés à une personne ». Un déchet (comme une canette ou un seau en plastique) peut également servir à dissimuler ces engins.
Cela fait plusieurs décennies que l’armée française est confrontée à ce mode opératoire. De la guerre d’Algérie à l’intervention en Afghanistan, les troupes françaises ont acquis une certaine expérience de ces différents théâtres d’opération. D’ailleurs, des militaires français forment les troupes kurdes en Syrie à la détection de ces engins. Reste que la sophistication de ces engins par les jihadistes rend leur détection de plus en plus difficile, la perte des trois soldats français cette semaine en témoigne.
Pour prévenir au mieux ces attaques, RFI explique que « l’armée française vient d’ailleurs de décider de déstocker des véhicules hautement protégés Aravis qui n’avaient plus été utilisés depuis les opérations en Afghanistan », autre théâtre d’opération où les IED ont mis les nerfs des soldats français à rude épreuve. Par ailleurs, l’armée travaille sur un système plus performant de blindage des véhicules ainsi que sur du matériel de détection d’objets suspects encore plus précis.
Source Le HuffPost