Malgré des progrès dans la lutte, Boko Haram « reste une menace »
MM. Hollande et Buhari ont signé « une lettre d’intention » qui préparera un accord en matière de défense.
Le groupe islamiste Boko Haram « reste une menace » malgré des « résultats impressionnants » dans la lutte contre ces rebelles au Nigeria, a déclaré samedi à Abuja François Hollande. Son homologue nigérian a insisté sur la difficulté à réhabiliter les régions concernées.
Boko Haram « a été amoindri, obligé de reculer ». Mais « ce groupe terroriste reste néanmoins encore une menace », a souligné le président français lors d’un point de presse.
Il participait à Abuja avec son homologue nigérian Muhammadu Buhari et les chefs d’Etat des pays frontaliers du Nigeria (Bénin, Cameroun, Tchad et Niger) à un sommet international sur la sécurité.
Les discussions devaient porter sur les moyens de mettre fin aux exactions de Boko Haram, dont les liens tissés avec l’organisation djihadiste Etat islamique « alarment » l’ONU.
Force militaire. Le déploiement effectif d’une force militaire, soutenue par l’Union africaine et qui comprend 8500 hommes originaires du Nigeria et des pays frontaliers, devait aussi être au cœur des discussions du sommet. Le président nigérian encourage le déploiement de cette force, qui aurait dû être effective dès juillet dernier.
« Techniquement » vaincu. Depuis l’arrivée de Muhammadu Buhari à la tête du Nigeria, il y a un an, l’armée a multiplié les victoires militaires contre Boko Haram, conduisant le président à annoncer que le groupe islamiste était « techniquement » vaincu.
Désormais, Boko Haram « ne tient plus » aucun district administratif dans le nord-est, a assuré Muhammadu Buhari. « La principale difficulté à présent est la réhabilitation » des infrastructures détruites comme les écoles, les centres de soins, les routes et les ponts. Mais aussi l’aide aux déplacés, qui à plus de 60% sont des femmes et des enfants pour la plupart orphelins.
Attentats toujours fréquents.
En dépit des assurances de M. Buhari, le groupe rebelle reste puissant et commet fréquemment des attentats meurtriers, notamment en envoyant des kamikazes dans les lieux publics.
La forêt de Sambisa (nord-est) demeure son bastion de repli, et les facteurs ayant contribué à l’émergence de Boko Haram (pauvreté, sentiment de discrimination des populations du nord essentiellement musulmanes) continuent de déstabiliser la région. Depuis 2009, ce conflit a fait plus de 20’000 morts et contraint plus de 2,6 millions d’habitants à fuir leur foyer.
Accord avec la France prévu. Les progrès obtenus depuis deux ans l’ont été « grâce notamment à la coordination des pays (de la région) dans leur action », a souligné François Hollande.
« Au niveau bilatéral, la France apporte un appui aux armées des quatre pays concernés par la lutte contre Boko Haram, en matière de renseignement, logistique, armement et formations », précise un dossier de presse transmis par l’Elysée. MM. Hollande et Buhari ont signé « une lettre d’intention » qui préparera un accord en matière de défense.