France: à la veille de l’Euro, la tension sociale persiste
Philippe Martinez, le leader de la CGT, ici le 27 mai 2016 à Bobigny, près de Paris.AFP
A la veille du lancement de l’Euro de football, la tension sociale ne retombe pas, entre opposition à la loi travail et revendications particulières: la grève perdure jeudi à la SNCF, menace toujours à Air France et les poubelles débordent par endroits à Paris et Marseille.
Tôt jeudi matin, plusieurs centaines de manifestants, militants CGT principalement, ont perturbé l’accès au marché international de Rungis (Val-de-Marne), bloquant temporairement l’entrée principale du site.
A la SNCF, devenu le principal champ de bataille contre le projet de loi, la grève a été reconduite par les assemblées générales de cheminots en Ile-de-France et dans la plupart des régions, pour la neuvième journée consécutive.
Les aides annoncées mercredi par le Premier ministre Manuel Valls en faveur du secteur ferroviaire vont-elles faire plier les grévistes’ En attendant le trafic reste perturbé avec un train sur deux sur les lignes Transilien, RER et Intercités et 6 TER sur 10. En revanche 80% des TGV devaient rouler.
Depuis le 1er juin, la grève lancée par la CGT-cheminots, SUD-rail et FO (non représentatif), très suivie par les personnels roulants, est reconduite de jour en jour, malgré les appels de l’exécutif et un accord, approuvé par la CFDT et l’Unsa, consacrant le maintien du régime de travail actuel à la SNCF.
La CGT-cheminots, premier syndicat de l’entreprise, qui a noté des améliorations arrachées, a décidé de consulter ses adhérents sur le projet d’accord. Pour la suite du mouvement, elle s’en remet aux assemblées générales locales. SUD-rail (troisième) et FO ont appelé à sa poursuite.
Cette grève est un scandale, a dénoncé jeudi le président des Républicains Nicolas Sarkozy, en accusant son successeur François Hollande d’avoir sacrifié la SNCF.
Autre front de la grogne sociale, qui risque d’écorner l’image du pays hôte de l’Euro 2016, le secteur des déchets.
A l’appel de la CGT, le blocage dure dans deux des principaux sites de traitement de la région parisienne et la situation devient critique dans certains arrondissements de la capitale. Il se poursuit jeudi aussi à l’incinérateur de Fos-sur-mer, près de Marseille, malgré l’appel du président de la métropole Jean-Claude Gaudin à libérer les accès de cet établissement vital.
– un remake de 1998 pour les pilotes ? – En revanche à Saint-Etienne, la collecte et le traitement des ordures reprenait jeudi et la fan zone pourra ouvrir comme prévu.
Côté carburants, le mouvement se poursuit dans trois des cinq raffineries françaises du groupe Total mais toutes les stations-service du réseau sont réapprovisionnées. Au Havre, la grève du personnel des terminaux pétroliers, qui perturbe depuis 16 jours l’approvisionnement des raffineries et des aéroports parisiens, continue aussi.
Dans le ciel, pas d’éclaircie en vue: les syndicats de pilotes d’Air France sont pessimistes sur l’issue des négociations avec la direction concernant leur menace de grève du 11 au 14 juin.
Ce conflit, lié à des revendications internes, n’est pas sans rappeler 1998: à l’approche de la Coupe du monde de foot, une grève des pilotes avait paralysé la compagnie aérienne pendant dix jours. Un accord y avait mis fin in extremis, le jour même de l’ouverture du Mondial.
De nouvelles manifestations sont encore programmées, notamment à Rennes, Nantes, et Paris, contre la loi travail. Les retraités sont aussi appelés à battre le pavé partout en France contre la dégradation de leur situation.
En réponse à la contestation, Manuel Valls a récusé mercredi soir tous ces procès en trahison de la gauche et mis en garde les mécontents contre une droite qui veut déréguler.
Les opposants ne veulent pourtant pas lâcher. L’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl et UNL) garde en ligne de mire la manifestation nationale à Paris le 14 juin et prévoit aussi des actions le 23, jour du vote au Sénat et le 28, jour de remise des résultats de la votation citoyenne.
Le 14 juin, on table sur un mouvement important. On a déjà du mal à trouver des bus, a affirmé à l’AFP Eric Beynel, porte-parole de Solidaires.
Les premiers chèques de solidarité commencent à être versés aux grévistes grâce aux différentes cagnottes lancées par les syndicats.