Mali : Les ONG demandent une enquête sur les 4 manifestants tués par les forces maliennes à Gao
Communiqué de presse conjoint de 19 organisations et institutions de défense de droits humains Le 12 juillet 2016, une manifestation de protestation des jeunes de Gao contre la mise en place des autorités intérimaires prévues dans l’accord de paix d’Alger a été violemment réprimée par les forces de défense et de sécurité maliennes faisant 4 morts, une trentaine de blessés dont au moins 3 cas graves et une vingtaine d’arrestations dont leur libération est survenue plus tard. Nos organisations condamnent la répression violente de cette manifestation pacifique, demandent le strict respect de l’intégrité des populations civiles et l’ouverture rapide d’une enquête afin de faire la lumière sur les faits et responsabilités et en sanctionner les auteurs et responsables. « Aucun prétexte y compris l’Etat d’urgence ne saurait justifier l’utilisation excessive des forces contre les populations civiles qui n’ont fait qu’exprimer pacifiquement leur droit de manifester reconnu par la constitution malienne et les instruments internationaux. Cette répression violente constitue une violation grave des droits humains et est de nature à fragiliser la confiance entre populations civiles et les forces armées maliennes », a déclaré Me Moctar MARIKO, Président de l’AMDH. Tout en prenant acte du communiqué officiel du gouvernement du Mali, nos organisations demandent la diligence d’une réponse judiciaire à travers une enquête indépendante et impartiale pour faire la lumière sur les évènements, le cas échéant la poursuite des auteurs et responsables de ces actes. Nos organisations exhortent également les autorités maliennes à prendre des mesures préventives tels que la non-utilisation d’armes létales pour le maintien de l’ordre, des règles d’engagements claires pour les forces de l’ordre ou encore la formation des forces au maintien de l’ordre conformément aux Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois de façon à ce que de tels évènements ne se reproduisent plus dans l’avenir. Nos organisations qui réaffirment leur solidarité et soutien aux victimes et à leurs proches appellent les populations au calme et les forces de l’ordre et de sécurité à la retenue. Contexte Les « autorités intérimaires », prévues dans la loi n°2016-11/AN-RM adoptée par l’Assemblée nationale le 31 mars 2016 portant modification du Code des collectivités territoriales, constituent l’une des dispositions découlant des États généraux sur la décentralisation tenus en 2013 et de l’accord pour la Paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger. Ces autorités doivent être mises en place dans les régions de Tombouctou, Gao, Kidal Ménaka et Taoudéni, et sont chargées de «l’administration des communes, cercles et régions du Nord durant la période intérimaire ». Certains groupes contestent la légitimité de ces futures autorités intérimaires issues pour la plupart des groupes armés signataires de l’Accord de paix. Paris, Bamako, Gao, le 13 Juillet 2016 Signataires
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