La France remet les clés de la base de Gossi à l’armée malienne

Paris a décidé en février un retrait militaire total du Mali, dans un contexte sécuritaire dégradé et une crise diplomatique entre Paris et Bamako.

En remettant les clés de la base aux armées maliennes, la force antijihadiste Barkhane française franchit une étape majeure dans son départ du pays. Au Mali, les soldats font face à un sentiment antifrançais croissant.

L’armée française a officiellement remis mardi aux forces armées maliennes (FAMa) les clés de la base de Gossi, dans le nord du Mali. Une étape majeure du départ de la force antijihadiste Barkhane du pays, a indiqué l’état-major français. « Le transfert de la base avancée de Gossi est effectif depuis la fin de matinée », a indiqué le porte-parole de l’état-major, le colonel Pascal Ianni, précisant que la base accueillait 300 soldats français. Le déménagement a représenté environ 400 conteneurs. Le poste « a été restitué en l’état avec tous les dispositifs défensifs, tous les équipements (…) ainsi que des infrastructures de casernement. On n’a pas fait table rase », a-t-il ajouté au cours d’un point-presse.

Barkhane au Sahel, la plus grosse opération extérieure actuelle de la France, a mobilisé jusqu’à 5 500 hommes sur le terrain en 2020. Paris a ensuite décidé en février un retrait militaire total du Mali, dans un contexte sécuritaire dégradé et une crise diplomatique entre Paris et Bamako, où une junte militaire a pris le pouvoir.

Les soldats français accusés de participer à des trafics

Un état des lieux « documenté » de la base a été dressé, pour protéger la France d’éventuelles accusations dans les mois à venir. Une allusion au sentiment antifrançais qui a gagné du terrain dans la région et a valu à la France de faire l’objet de campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux.

« Nous sommes susceptibles de faire face à des attaques informationnelles et réputationnelles. Il y a plusieurs mois, les forces françaises ont été accusées de participer à des trafics (…), d’armer les terroristes voire de commettre des exactions, a constaté le colonel Ianni. Nous avons tenu à ce que les bases soient transférées dans la transparence la plus totale afin de nous prémunir d’éventuelles accusations (…). Nous ne pourrons pas être attaqués et être accusés d’avoir fait les choses de manière malhonnête ou illicite ».

Qui occupera désormais cette base ? On sait que les mercenaires du groupe russe Wagner sont implantés au Mali depuis plusieurs mois. Mais aucune contrepartie n’a été demandée à Bamako. Les autorités maliennes évoquent pour leur part de simples conseillers russes. « Les Maliens sont libres de faire ce qu’ils souhaitent », a insisté le porte-parole.

Le colonel Ianni a par ailleurs indiqué que six suspects avaient été interpellés à Adiora, à une trentaine de kilomètres au nord de Gossi. « Ils sont actuellement interrogés par la force Barkhane », a-t-il expliqué, précisant que l’opération visait le GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), lié à Al-Qaïda.

Environ 4 600 soldats français sont actuellement déployés au Sahel, dont 2 500 au Mali. Des chiffres qui devraient peu évoluer avant la fin de la réarticulation du dispositif. Paris a depuis plusieurs fois réaffirmé qu’elle n’entendait pas cesser son combat contre les djihadistes qui sévissent dans la région et souhaitait travailler avec les pays voisins du Golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest, où les djihadistes menacent de se disséminer.