RFI et France 24 définitivement suspendues au Mali
La décision fait suite à la publication d’informations selon lesquelles l’armée malienne était impliquée dans des exactions contre des civils.
(Le HuffPost ) Le couperet est tombé pour RFI et France 24 au Mali: la diffusion des deux médias audiovisuels français, déjà coupée depuis mi-mars, a été définitivement suspendue mercredi 27 avril, signe d’une escalade des tensions entre Paris et Bamako.
Cette décision fait suite à la publication par RFI et France 24 d’informations selon lesquelles l’armée malienne était impliquée dans des exactions contre des civils.
France Médias Monde (FMM), maison-mère de RFI et France 24, a réagi dans un communiqué, contestant “avec force une telle mesure” et promettant d’utiliser “toutes les autres voies de recours possibles”. Le groupe a précisé à l’AFP avoir reçu mercredi la notification de cette décision de la Haute autorité de la communication du Mali.
“Nous continuerons à couvrir l’actualité au Mali qui intéresse l’Afrique toute entière comme le reste du monde. Toutes les solutions techniques seront mises en œuvre pour rendre accessibles nos médias aux Maliennes et aux Maliens qui souhaitent continuer à recevoir une information libre, experte et ouverte sur le monde”, poursuit FMM.
Reporters sans frontières (RSF) a annoncé jeudi aider les médias français RFI et France 24 à rester accessibles au Mali sur internet au lendemain de l’annonce de leur interdiction définitive dans ce pays.
“Bannies des ondes et des bouquets satellites sur décision de la junte” au pouvoir à Bamako, “Radio France Internationale (RFI) et France 24, sont de nouveau accessibles en ligne au Mali”, écrit l’organisation de défense de la presse et des journalistes dans un communiqué publié sur son site internet.
Un site miroir grâce à RSF
Comme pour la Russie, RSF a débloqué leurs sites “en créant une copie miroir permettant d’échapper à la censure”. Celui de France 24 est accessible depuis ce lien et celui de RFI depuis celui-ci. Un site miroir est une copie conforme à un site original, mais placée sur des serveurs différents, répartis à travers le monde, dans le but d’en optimiser la diffusion ou de déjouer la censure.
La station et la chaîne étaient déjà coupées depuis mi-mars “sur le réseau FM pour RFI et par les opérateurs qui distribuent la télévision sur place pour France 24”, a précisé le groupe à l’AFP. En revanche, RFI restait “accessible par ‘ondes courtes’, un moyen technique très utilisé en Afrique notamment par les populations éloignées des grandes villes”, tout comme France 24 “par réception satellitaire directe”, selon le groupe.
Une action en diffamation engagée
La junte avait ordonné le 17 mars la suspension des deux médias. Une décision qualifiée alors de “grave” par Emmanuel Macron. Le gouvernement malien avait dans la foulée annoncé engager “une procédure (…) pour suspendre jusqu’à nouvel ordre la diffusion” des deux médias publics français.
Depuis lors, France Médias Monde se défend et va engager une “action en diffamation en France et au Mali, à la suite de la publication” d’un communiqué (…) “dans lequel le gouvernement malien compare les agissements supposés de RFI et France 24 aux pratiques et au rôle tristement célèbre de la radio Mille collines”.
“Ces accusations qui font référence à la radio ayant encouragé le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, en plus d’être totalement infondées, sont extrêmement graves et choquantes, portant atteinte à l’intégrité de RFI et France 24 comme à la sécurité des équipes”, dénonce FMM, sans préciser le nombre de ses co-équipiers encore sur place.
FMM a par ailleurs dénoncé un vice de procédure pointant du doigt une coupure “unilatérale” dès le 17 mars, “préalable à toute mise en demeure et/ou toute sanction du HAC”, intervenue le 28 mars. La maison-mère de RFI et France 24 estime nuls “tous les actes et procédures qui y sont postérieures”.
La suspension définitive de RFI et France 24 intervient alors que la junte malienne a accusé mardi soir l’armée française d’“espionnage” et de “subversion” après la diffusion par l’état-major français de vidéos tournées par un drone à proximité d’une base du centre du Mali récemment restituée par la France.
Sur fond de crise diplomatique avec Bamako, Paris a annoncé en février le retrait de ses soldats déployés au Mali, opération devant être achevée cet été.
Lire ici le communiqué de France Médias Monde FRANCE MÉDIAS MONDE CONTESTE AVEC FORCE LA DÉCISION DÉFINITIVE DE SUSPENSION DE RFI ET FRANCE 24 AU MALI PAR LA HAUTE AUTORITÉ DE LA COMMUNICATION