EID : 20 ans après, l’Etat de droit fonctionne mal
Devant : le Premier ministre Moussa Mara et les membres de son gouvernement à la 19e édition de l’EID.
Litiges fonciers et domaniaux, non-exécution des décisions de justice, et non respect des engagements contractuels de l’Etat sont, entre autres, les interpellations qui sont revenues plusieurs fois lors de l’ édition 2014 de l’Espace d’Interpellation Démocratique (EID) . Ce qui prouve à suffisance, selon le médiateur de la République Baba Akhib Haïdara, que l’Etat de droit fonctionne encore difficilement au Mali.
La 19e édition de l’Espace d’Interpellation Démocratique (EID) s’est déroulée hier, 10 décembre 2014, au Centre International des Conférences. L’événement était présidé par le Premier Ministre, Moussa Mara, accompagné par des membres du gouvernement, des représentants de la Minusma et d’organisations internationales ainsi que organisations de la société civile. C’est par l’exécution de l’hymne de l’EID que les travaux de cette 19e édition ont démarré. Après ce fut le tour du médiateur de la République Baba Akhib Haïdara de relater l’avènement de l’EID au Mali. Une initiative qui se veut un exercice pédagogique pour la démocratie malienne.
Initié pour la 1ère fois en 1994 par le président Alpha Oumar Konaré, seulement 3 ans après l’avènement de la démocratie en terre malienne, l’EID est devenu au fil des temps un créneau tant attendu et sollicité par le peuple malien. Se prêter donc aux questions des gouvernés, c’est ce à quoi était soumis le gouvernement Mara ce mercredi.Pour cette 19e édition, 284 dossiers ont été enregistrés par les services du médiateur qui viennent de s’orner d’un logo. Au terme du travail de dépouillement, seulement 153 interpellations ont été retenues, dont 23 pour lecture et le reste pour suite à donner. Les 131 autres dossiers ont fait l’objet de rejet pour non conformité à l’esprit et aux objectifs de l’EID. N’empêche que le médiateur de la République se dit satisfait du nombre d’interpellations dont 50,70 % ont été formulés dans les régions. Toutefois, Baba Akhib Haïdara déplore le faible taux de participation des Maliens de l’extérieur qui n’ont saisi ses services qu’avec un seul dossier sur les 284.
Les litiges fonciers et domaniaux, la non-exécution des décisions de justice, et le non respect des engagements contractuels de l’Etat sont, entre autres, les interpellations qui sont revenues plusieurs fois lors de cette édition 2014. Pour M. Haïdara, ces interpellations prouvent à suffisance que l’Etat de droit fonctionne encore difficilement au Mali. D’où la nécessité de renforcer et pérenniser cet espace. Avis partagé par les différents intervenants dont MM. Arnauld Akodjenou (représentant spécial adjoint du Secrétaire Général des Nations Unies auprès de la Minusma), Guillaume Ngefa (représentant de la Haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme auprès de la Minusma) et le Représentant d’Amesty International.
Le médiateur de la République Baba Akhib Haïdara→
Quant au chef du Gouvernement, Moussa Mara, il a rappelé que l’EID est et reste à priori la dernière issue du citoyen à pouvoir s’exprimer non par la voix d’un avocat ou d’un député, mais par sa propre voix quels que soient son nom, sa profession ou sa provenance. «Je pense que cet espace est un outil qui a besoin d’être renforcé, soutenu et pérennisé. C’est ce à quoi nous nous sommes engagés pour le plein respect des droits de l’Homme au Mali», a assuré M. Mara.
Pour cette 19e édition, le «jury d’honneur» était présidé par le médiateur de la République du Bénin, Joseph N. Gnolonfoun. Il était accompagné de Bachir Ali Souleyman (médiateur de la République du Tchad), Catherine Choquet (militante des droits de l’Homme en France) et quatre représentants de la société civile. Les membres de ce Jury d’Honneur ont, à la fin des travaux, exhorté le Gouvernement à créer toutes les conditions permettant aux Maliens de vivre en paix et en harmonie.
Youma Coulibaly