La CEDEAO contre les tripatouillages électoraux en 2015
Les présidents Boni Yayi (Benin), Alassane Ouattara ( Côte d’Ivoire) et Goodluck Jonathan (Nigeria) en première ligne..
Gros enjeux, périls réels, l’année 2015 s’annonce cruciale pour le Nigeria, le Togo, la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso où se tiennent des élections présidentielles décisives.
L’année 2015 sera cruciale pour la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) où les élections présidentielles doivent se tenir dans cinq pays avec des enjeux énormes et des risques de dérapages réels. C’est pourquoi lors de la quarante-sixième session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement tenue le 15 décembre 2014 à Abuja, en République Fédérale du Nigeria, l’organisation a planché sur le problème.
La conférence a attiré l’attention sur l’importance des élections présidentielles prévues en 2015 au Nigeria, au Togo, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso pour la consolidation de la démocratie en Afrique de l’ouest. Les chefs d’Etats et de gouvernement ont lancé un « appel à tous les Etats concernés pour que ces consultations se déroulent de façon paisible, libre, équitable et crédible ».Et la conférence a exhorté ces Etats « à prendre les dispositions nécessaires pour obtenir un consensus entre tous les acteurs politiques sur les questions clés liées à la préparation, à l’organisation et au déroulement des élections ». Pour suivre ces élections capitales, la conférence a « chargé la commission d’accompagner les différents processus électoraux à travers notamment l’assistance électorale et l’envoi des missions d’observation appropriées ».
Depuis la chute du président Blaise Compaoré – qui voulait changer l’article 37 de sa Constitution pour se présenter à nouveau – suite aune insurrection populaire, un nouveau vent souffle sur le continent. Les peuples n’entendent plus laisser dirigeants abuser de leur position pour rester indéfiniment au pouvoir.
Risques. En février 2015, le Nigeria organisera ses élections générales (présidentielle et législatives). Goodluck Jonathan, qui dirige le pays depuis mai 2010, sera candidat à sa propre succession au nom du PDP, le Parti démocratique populaire. Face à lui, le principal parti d’opposition, le Congrès progressiste (ACP), a designé le 11 décembre l’ancien dictateur Muhammadsu Buhari pour le représenter. Le président de la République est élu pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois. Pour être déclaré vainqueur de l’élection, le candidat doit remporter au moins 25% des voix dans deux tiers des 36 États. Le scrutin qui s’annonce à hauts risques, dans un contexte sécuritaire et politique particulièrement tendu.
La situation reste critique au Togo de Faure Gnassingbé. L’opposition togolaise réunie au sein du CAP 2015 (Combat pour l’alternance pacifique en 2015) organise des manifestations depuis des mois pour exiger des réformes avant la prochaine présidentielle. Ses militants sont descendus massivement dans la rue 21 novembre pour exiger du pouvoir des réformes institutionnelles et constitutionnelles, notamment pour limiter le nombre de mandats présidentiels. Depuis la modification constitutionnelle du 31 décembre 2002, le président de la République togolaise est élu à un scrutin uninominal à un seul tour pour un mandat de cinq ans renouvelable indéfiniment. Les opposants exigent notamment un retour à la Constitution de 1992, qui prévoyait un mandat de cinq ans renouvelable une fois et un scrutin présidentiel à deux tours.
Dans moins d’un an, en octobre 2015, les électeurs ivoiriens seront appelés aux urnes afin d’élire leur président. Dans un pays encore traumatisé par la longue crise post-électorale de 2010-2011, qui a entraîné la mort de 3 000 personnes et l’envoi devant la Cour pénale internationale (CPI) de l’ex-président, Laurent Gbagbo dire que cette échéance est attendue avec inquiétude. Les politiques sont déjà prêts à en découdre lors d’une campagne qui s’annonce mouvementée. Les Ivoiriens doivent choisir entre le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) d’Alassane Dramane Ouattara, et son allié le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) d’Henri Konan Bédié, et le Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan, principal parti d’opposition.
Incertains. En Guinée, la présidentielle de novembre 2015 s’annonce serrée. La victoire étriquée du parti d’Alpha Condé, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) lors des législatives de fin 2013 a fait croire à Cellou Dalein Diallo de l’Union des forces démocratiques de Guinée, défait en 2010, plus que jamais en ses chances. Au Burkina Faso, le scrutin présidentiel est prévu en novembre 2015. Il doit intervenir à la suite d’une transition mise en place après la chute de Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014. Michel Kafando, le président de la transition doit jouer avec les appétits aiguisés des différentes formations politiques.
Ibrahim Cissé