Recrudescence de la violence dans le septentrion malien
Des combattants armés dans le nord du Mali, un véritable « no man’s land » où l’Etat n’a aucun contrôle.
Attaques à la roquette, attentats, tirs croisés, combats soutenus avec plusieurs morts… les groupes rebelles font feux de tous bois à l’approche de la reprise des négociations de paix d’Alger.
Depuis le début du mois de décembre, la violence semble reprendre du terrain dans le nord malien. Des combats opposent actuellement une milice pro-gouvernementale et un mouvement indépendantiste dans la localité de Bamba. Le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), proche de Bamako annonce avoir tué six membres du groupe indépendantiste, Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), le lundi 29 décembre aux alentours du village de Bamba, dans le nord. Les deux groupes qui jouaient à la provocation depuis des mois en son venu à franchir un pas décisif. Les indépendantistes du MAA auraient quitté leur base à bord de véhicules pour passer la nuit tout près du village Bamba avant d’être attaqué au petit matin par les hommes du GATIA qui ont fait, en plus des morts, deux prisonniers et récupéré un véhicule.
Une base militaire de la coalition Minusma, Forces armées maliennes et Barkhane à Tessalit au nord de Kidal, a été la cible d’une attaque à la roquette ce même 29 décembre dans la matinée. Au moins 9 roquettes ont été tirées sur le camp militaire de Tessalit même si aucune victime n’est à déplorer. La Minusma et la force Barkhane ont envoyé des patrouilles dont un hélicoptère en direction de la zone de tir. Ce n’est pas la première fois que ce camp militaire est attaqué, en 2013, des hommes appartenant à des groupes extrémistes ont déjà fait des attentats contre les forces internationales. Le même jour un bateau de la Compagnie malienne de navigation (COMANAV) a été attaqué par des hommes armés nuitamment entre Bamba et Tombouctou. S’il n’y a pas eu des morts ni de dégâts importants c’est la première fois qu’un bateau navigant sur le Niger attaqué depuis le début de la rébellion en 2012.
Depuis le début du mois les hommes du MAA occupent Taoudéni, à 600 km au nord de Tombouctou et prélèvent une taxe sur les travailleurs de la mine de sel gemme de cette localité. Le matin 18 décembre un véhicule des casques bleus de la Minusma a heurté un engin explosif. Le bilan a été de 3 victimes dont un blessé léger, et deux traumatisés parmi les casques bleus tchadiens. Des éléments du contingent tchadien ont suivie des traces du lieu de l’attentant qui les ont amené dans le village de Aguel’hoc où ils ont arrêté deux personnes en possession d’armes de guerre et des grenades. En marge d’une rencontre inter-communautaire à Agouni, 30 km au nord de Tombouctou, une patrouille du MAA a tenté d’enlever un colonel de l’armée malienne le 15 décembre. C’est l’opposition des participants qui a pu éviter le drame.
Toute cette violence est intervenue malgré un cessez-le-feu entre le gouvernement malien et les mouvements rebelles en vigueur depuis mai 2014. Les hommes du MAA, du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) et du HCUA ( Haut conseil pour l’unité de l’Azawad) contrôlent le grand nord de Tombouctou et une bonne partie de la région de Gao et la région de Kidal. Une zone où sont présents également les hommes d’AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique) et du MUJAO (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest). Un véritable « no man’s land » ou l’Etat malien n’a aucun contrôle.
Ibrahim CSSE