Nord Mali : peut-on éviter l’escalade de la violence ?
Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop,exhorte l’ONU à renforcer la Minusma pour lutter contre les terroristes.
Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, était à New York le mardi 6 janvier lors l’examen du rapport du secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali. Occasion pour lui de demander une plus grande implication des Nations Unies face à la multiplication des actes terroristes visant les forces de défense et de sécurité maliennes, les populations civiles et les forces de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Selon le rapport présenté par Ban Ki-moon, ce sont au total 16 casques bleus qui ont perdus la vie suite à des attaques terroristes.
Le nord du Mali est devenu un brasier où les actes terroristes – notamment la pose d’engins explosifs improvisés sur les principales artères, les tirs d’obus et des roquettes sur les camps des forces armées maliennes et les bases de la Minusma ainsi que les attentats suicides – se sont intensifiés causant la mort des casques bleus, des soldats de l’armée malienne et de plusieurs civils. Pour le chef de la diplomatie malienne la recrudescence des attaques terroristes prouve que la Minusma n’évolue plus dans un environnement de maintien de la paix. Il propose « la mise en place, sur le modèle de la brigade de la Monusco, d’une force d’intervention parmi les pays contributeurs, à déployer au nord du Mali, avec des règles d’engagement et des moyens robustes, pour lutter contre les groupes terroristes et les narcotrafiquants ».
Une proposition qui n’a pas été retenu par le secrétaire général des Nations Unies qui prévoit plutôt des mesures de renforcement de la Minusma. Pendant ce temps l’escalade de la violence qui a commencé au nord du Mali s’oriente vers le centre. Après le camp militaire de Nampala attaqué le 5 janvier par des hommes armés non identifiés dont le bilan s’établit aujourd’hui à 11 militaires maliens tués, c’est à la localité de Dioura, à environ 465 km au nord-est de Bamako, de subir dans la nuit du 6 au 7 janvier la furie des groupes armés. Ils ont saccagé et incendié les locaux de la mairie et de la sous-préfecture semant la psychose dans la localité où les populations cherchent à se réfugier ailleurs. Le bilan définitif n’est pas encore connu, mais il y a au moins un mort selon des témoins.
Selon le ministre des Affaires étrangères le gouvernement malien a constamment honoré ses engagements dans ce processus de paix en cours. « Depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014, les forces de défense et de sécurité du Mali n’ont posé aucun acte de nature à être interprété comme violation, risquant de porter ombrage au processus politique », a-t-il assuré. Mais précise-t-il, « on ne peut pas en dire autant des autres signataires de la déclaration de cessation des hostilités du 24 juillet 2014 ». Le gouvernement malien et six mouvements armés du nord ont mené quatre rounds de discussions depuis juillet 2014 à Alger. L’objectif est de signer un accord de paix qui tarde à se concrétiser.
« A la veille de la reprise des pourparlers d’Alger, je voudrais lancer un appel aux membres du Conseil de sécurité qui en ont les moyens, d’exercer les pressions nécessaires pour amener les premiers responsables des mouvements armés à s’impliquer personnellement dans le processus d’Alger, lors de sa prochaine reprise », a déclaré M. Diop.
Ahmadou Diallo