Moussa Mara limogé
Le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a usé deux Premiers ministres en un peu plus d’un an.
Sa nomination était une erreur de casting, il n’aura finalement tenu que neuf mois à son poste. Le Premier ministre Moussa Mara, a présenté ce jeudi 8 janvier sa démission au président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à la demande de ce dernier qui l’a acceptée. Il a été remplacé par l’ex-Premier ministre Modibo Keïta, un homme du sérail.
Nommé le 5 avril 2014 pour remplacer Oumar Tatam Ly (qui a tenu sept mois) dont il était le ministre de l’Urbanisme et de la politique de la ville la désignation de Moussa Mara était une surprise de taille. Plus jeune Premier ministre du Mali à 39 ans, cet expert comptable a démarré sa carrière politique en 2007 lors des élections législatives au cours desquelles, il avait mis en ballotage un certain Ibrahim Boubacar Keïta dans son fief. Il parvient cependant à se faire élire maire de la commune IV du district de Bamako, après plusieurs péripéties. Avec son parti « Yéléma » créé en juillet 2010 et qui veut dire le changement il réalise un piètre score à l’élection présidentielle. Le parti ne fera pas mieux lors des élections législatives avec un seul député. Pourtant, c’est lui qui sera choisi par IBK pour conduire l’exécutif au grand dam de son propre parti politique majoritaire. Un pari risqué et perdu par le chef de l’Etat. L’idylle n’aura duré que neuf mois.
←Le nouveau Premier ministre Modibo Keïta
Ambitions. La première erreur de Moussa Mara et la plus fatale aura été son voyage inopportun dans le fief de la rébellion. Le 17 mai 2014, sa venue à Kidal provoque une reprise des combats entre l’armée malienne et les groupes armés qui se solde par des dizaines de soldats et de civils tués. Le 21, les forces armées maliennes lancent une offensive pour reprendre Kidal mais ils sont mis en déroute par les rebelles qui reprennent le contrôle total de la ville et s’emparent de plusieurs autres villes du nord du Mali. Un accord de cessez-le- feu permet d’arrêter les combats, mais Kidal et une grande partie du nord du pays échappe au contrôle des autorités. Les pourparlers de paix avec les rebelles entamés depuis le mois de juillet sous les auspices de l’Algérie peinent à aboutir sur un accord. Cette erreur aurait pu coûter au jeune Premier ministre son fauteuil, mais IBK lui renouvelle sa confiance. Cependant il était déjà dans le collimateur du RPM, parti majoritaire et de l’opposition. Il ne s’est vraiment pas montré à la hauteur de la fonction. Obnubilé par ses ambitions politiques il n’a pas pu redresser la barre d’un pays qui était dans son année zéro. Limogé par le président de la République, il aura connu une sortie moins glorieuse que son prédécesseur qui avait démissionné.
Homme du sérail. Âgé de 72 ans, le nouveau premier ministre Modibo Keita est un grand commis de l’Etat. Il a été instituteur, directeur du centre de recherche, mais sa carrière ministérielle débute en 1982 quand il fait son entrée au gouvernement en qualité de ministre de l’Emploi et de la Fonction publique. De 1986 à 1989, il est ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Modibo Keïta a été ambassadeur du Mali auprès de la République Fédérale d’Allemagne, de la Suisse, de la Suède, du Danemark, de l’Autriche, de la Norvège et aussi des organisations du système des Nations unies à Genève et à Vienne. Rentré au bercail en 1992, il occupe le poste de conseiller à l’éducation au secrétariat général de la présidence de la République, secrétaire général de la présidence de la République avant d’être nommé en 2002,éphémère Premier ministre entre mars et juin. Il était depuis avril 2014, haut représentant de l’Etat pour le dialogue inclusif inter-maliens.
Ibrahim CISSE