Menaces sur la paix
Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense assurant l’intérim du ministre des Affaires Etrangères.
Attaques meurtriers entre groupes armés, dérapages de la mission de l’ONU, tentatives d’assassinats… la paix est plus que jamais menacée au Mali.
Les combattants du Gatia (Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés, loyaliste), accompagnés de kamikazes, ont violemment attaqué dans la nuit de mardi 27 à mercredi 28 janvier une position des rebelles touareg et arabes opposés au gouvernement, non loin de la localité de Tabankort (nord). L’attaque aurait débuté après minuit entre Tabankort et Tabrichat, à 200 kilomètres au nord de Gao sur une position de la Coordination des mouvements de l’Azawad, tenue par le Mouvement arabe de l’Azawad. L’attaque a été revendiquée par un porte-parole du Gatia qui affirme qu’elle a été menée avec sept véhicules remplis de combattants, que huit rebelles ont été tués, deux véhicules brûlés et un autre saisi.
Une source sécuritaire de l’ONU a précisé qu’aux côtés des combattants du Gatia deux kamikazes se sont fait exploser, et qu’un troisième a été tué par les rebelles du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), deux groupes armés rebelles à dominante touareg. Les rebelles quant à eux reconnaissent par la voix d’un porte-parole de la coordination six victimes dans leurs rangs et deux véhicules brûlés. Mais le bilan précis des victimes n’est pas connu.
←Fahad-Ag-Almahmoud, secrétaire général du Gatia
Cette attaque intervient au même moment que l’échec des tentatives de la Minusma pour démilitariser la zone de Tabankort et le retrait, mardi soir, de son projet en cours de discussion avec les groupes armés, après une manifestation sanglante à Gao. Pendant que la Minusma est en mauvaise posture pour avoir causé la mort d’au moins trois civils, des voix s’élèvent pour fustiger sa gestion impartiale de la crise.
Accusée. Le gouvernement malien rappelle, dans un communiqué signé du ministre de la Défense Tiéman Hubert Coulibaly assurant l’intérim du ministre des Affaires Etrangères, « que l’une des missions essentielles de la Minusma est la protection des populations civiles. Il appelle cette dernière à renforcer ses capacités dans ce sens précis, à savoir la protection de toutes les populations civiles et la contribution à la garantie de la libre circulation des personnes et des biens ».
Quant au parti (majoritaire) du président Ibrahim Boubacar Keïta(IBK), il accuse le Minusma d’avoir créé cette situation. « Après analyse, le Bureau politique national du RPM constate qu’à l’origine de cette situation dramatique, se trouve un document dit ‘’accord entre Minusma et certains groupes armés terroristes’’ suite aux affrontements de Tabankort et environnants », dénonce le communiqué du Rassemblement pour le Mali. « Le Bureau politique national du RPM s’interroge sur la pertinence d’une telle démarche et d’un tel document de la Minusma qui est aujourd’hui à la base de la perte en vies humaines des innocentes populations de Gao qui ne méritent pas un tel sort. Populations qui venaient, la veille de manifester tout leur soutien et toute leur reconnaissance aux forces de la Minusma », accusent les dirigeants du RPM.
Pour l’opposition la faute revient au président de République. « Au lieu d’initiatives hardies mobilisant tout le pays pour rétablir la sécurité et relancer le processus politique de résolution de la crise, le président de la République et le Gouvernement s’enlisent dans l’inaction en déléguant à d’autres le soin de stabiliser le Mali », reprochent les partis politiques de l’opposition dans un communiqué signé par le président de l’URD, Soumaïla Cissé.
« Les attaques sanglantes se multiplient dans tout le pays. Ménaka, Tessalit, Kidal, Tabankort, Nampala, Tenenkou, Dioura, Douékiré, Goundam. Du nord du Mali au delta du Niger et à la lisière du Sahel occidental, l’instabilité se répand, mettant les populations dans l’insécurité et l’angoisse. L’attentat contre le général Mohamed Ould Meïdou prouve que Bamako n’est plus à l’abri des activités terroristes », expliquent-ils. Pendant ce temps le président IBK qui se trouve à Davos se mure dans un silence assourdissant.
Ahmadou DIALLO