L’accord de paix signé sans la coordination des mouvements de l’Azawad
La CMA demande de lui «accorder le temps et le soutien nécessaire pour partager le projet d’accord avec les populations».
Après huit mois de laborieuses négociations et cinq séries de négociations, le gouvernement malien et les groupes armés se sont mis d’accord. Mais, le document paraphé en milieu de matinée dans un palace algérois, n’a pour l’instant pas reçu l’approbation de la Coordination des mouvements de l’Azawad.
Le gouvernement malien a signé dimanche 1er mars à Alger (Algérie), avec une partie des groupes armés du nord du pays, un « accord de paix et de réconciliation» pour mettre fin aux violences qui ont ensanglanté le Mali depuis 2012. Mais la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui regroupe le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad(HCUA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA-dissident) et la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA) a expliqué dans la matinée, dans une déclaration, pourquoi elle ne paraphait pas le texte. La CMA demande à la médiation de lui « accorder le temps et le soutien nécessaire pour partager de bonne foi le projet d’accord avec les populations de l’Azawad »
Ratifier à Bamako. Cet accord «a valeur d’une boussole crédible et efficace vers la paix », a observé le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, chef de file de la médiation internationale dans ce dossier. Pour le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, il s’agit là « d’obtenir le maximum de soutien » et non pas de « se désolidariser ». Il « sera signé par toutes les parties », a-t-il insisté. Selon un porte-parole algérien, la présence des membres de la Coordination à la cérémonie « signifie qu’ils acceptent l’accord ». « Les négociations sont terminées », a-t-il affirmé, alors que le texte doit être désormais être ratifié à Bamako par les différents groupes.
Un porte-parole des mouvements armés pro-gouvernementaux, Harouna Toureh, a affirmé leur engagement à « respecter l’esprit et les termes » du texte. « Nous ferons tout pour que cet accord vive et qu’il permette à toutes les populations de se retrouver, de vivre ensemble comme par le passé solidairement et fraternellement », a-t-il ajouté.
L’accord ainsi paraphé est destiné à conclure les négociations débutées en juillet 2014 à Alger, les premières à rassembler l’ensemble des parties prenantes au conflit dans le nord du Mali depuis celles qui avaient abouti à un accord intérimaire le 18 juin 2013 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Une intervention internationale initiée par la France en 2013 avait permis de chasser les jihadistes du nord du Mali . Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a qualifié d’« excellente nouvelle » cet accord et appelé tous les groupes armés à le signer « sans délai ». «Il s’agit maintenant d’assurer la réussite de l’accord avec l’appui de la communauté internationale. La France sera bien entendu aux côtés des parties pour apporter son plein appui », a ajouté M. Fabius.
Intégrité du Mali. L’accord ne parle pas d’autonomie et insiste sur l’unité territoriale, l’intégrité territoriale de l’Etat du Mali, ainsi que sur son caractère républicain et laïc. En revanche, il cite l’appellation d’Azawad, par laquelle les groupes rebelles à dominante touareg désignent cette région, comme une « réalité humaine », en réponse aux revendications des rebelles.
Il prévoit la création d’Assemblées régionales élues au suffrage universel direct, dotées de pouvoirs importants dans un délai de 18 mois, ainsi qu’une « plus grande représentation des populations du Nord au sein des institutions nationales ». Sur la question de la sécurité, il stipule une refonte de l’armée notamment par l’intégration de combattants des mouvements armés du Nord. En outre, une Commission d’enquête internationale devra faire la lumière sur tous les crimes de guerre, contre l’humanité, de génocide et autres violations graves des droits de l’homme pendant le conflit.
Avec AFP