Al-Mourabitoune, ennemi numéro 1 de la France au Sahel
Si plusieurs lieutenants de Mokhtar Belmokhtar ont été tués par les soldats français, lui, reste insaisissable.
Le groupe djihadiste Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar a revendiqué l’attentat qui a fait cinq morts à Bamako, dont un Français.
En quittant son fief du désert sahelien, le groupe de Mokhtar Belmokhtar, al-Mourabitoune, qui a revendiqué l’attentat à Bamako, tuant trois Maliens et deux Européens, vient de démontrer qu’il était aussi capable de faire des incursions plus au sud, en plein centre-ville. L’attaque, inédite dans la capitale malienne jusqu’ici épargnée par la guerre, illustre la pression qu’exercent toujours les groupes jihadistes sur le Mali.
Al-Mourabitoune a exprimé clairement dans sa revendication ses motivations anti-occidentales et anti-françaises. « Nous revendiquons la dernière opération de Bamako menée par les vaillants combattants d’al-Mourabitoune pour venger notre prophète de l’Occident mécréant qui l’a insulté et moqué, et notre frère Ahmed Tilemsi », a déclaré un porte-parole dans un enregistrement audio diffusé par l’agence privée mauritanienne Al-Akhbar.
Avant la diffusion de cette revendication, le spécialiste de l’Afrique, Antoine Glaser évoquait, à l’AFP, la possibilité d’« une sorte de pied-de-nez » des jihadistes pourchassés dans le nord du Mali par l’opération « Barkhane », qui a succédé en août 2014 à l’opération « Serval ». Selon lui, les djihadistes pourraient avoir voulu « montrer qu’il y a une fragilité sécuritaire sur l’ensemble du territoire » malien.
L’ennemi numéro 1 de la France. Al-Mourabitoune (les Almoravides), du nom d’une dynastie berbère qui a régné au XIème et XIIème siècle sur l’intégralité du Maghreb qu’elle avait unifié, est le fruit du mariage de deux groupes importants : le Mujao et l’ancien groupe de Mokhtar Belmokhtar, ancien membre du GSPC algérien (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat) , « Les Signataires par le sang », tous deux dissidents d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Le Mujao, s’était fait en son temps, une spécialité des attaques contre les Algériens, ainsi que dans les enlèvements d’otages et établira son quartier général à Gao dans le nord du Mali lors de l’offensive des jihadistes en 2012. Après l’intervention française, le Mujao va subir des coups très durs et perdra la moitié de ses hommes, ce qui l’amènera à se tourner vers Mokhtar Belmokhtar pour unifier leurs forces. Al-Mourabitoune est aujourd’hui l’ennemi numéro 1 des soldats français, son chef Mokhtar Belmokhtar, l’homme à abattre. Sa tête est mise à prix par les Américains pour 5 millions de dollars. On doit à ce groupe des actions d’envergure comme la prise du complexe d’In Amenas en Algérie et les attentats-suicides d’Arlit, au Niger. Ce sont eux qui mènent l’essentiel des actions contre l’armée française au nord du Mali.
Mokhtar Belmokhtar introuvable. La plupart de ses membres se sont enfuis vers le sud libyen et s’y sont réfugiés mais reviennent régulièrement dans le nord du Mali. Ils sont dans une phase de reconquête après que la France a diminué le nombre de ses soldats.
Début décembre, les forces françaises ont tué Ahmed al-Tilemsi, jihadiste malien, chef militaire de l’ex-Mujao, co-fondateur d’al-Mourabitoune et, semblerait-il, derrière l’enlèvement en novembre 2012 de Gilberto Rodrigues Leal, un otage français, dont la mort a été annoncée en avril 2014. Classé sur la liste noire américaine des terroristes, Ahmed al-Tilemnsi était le bras droit de Mokhtar Belmokhtar. Si plusieurs lieutenants de Mokhtar Belmokhtar ont été tués par les soldats français, lui, reste insaisissable. Selon certaines sources françaises, il aurait été aperçu à Benghazi à la fin de l’année 2014.
Après les attentats à Pari, le chef jihadiste a félicité les frères Kouachi et a menacé les intérêts de la France appelant à des actes sur le territoire français et dans le monde. « Par leur détermination, nos frères ont choisi leur cible de façon minutieuse. Ils ont épargné les Français ordinaires, qui étaient pourtant à leur portée. Ils voulaient ainsi dire à l’ennemi et à nos alliés qu’ils étaient porteurs d’un message noble. […] Ces attaques ne vont pas s’arrêter. Elles vont se poursuivre contre vos intérêts et dans vos lieux de rassemblement jusqu’à ce que vous vous retiriez de nos terres et de nos pays. » avait-il déclaré.
L’Obs
Attentat à Bamako : les deux suspects arrêtés ne sont « pas impliqués »
Deux Européens, dont un Français et un Belge, ainsi que trois Maliens ont été abattus, dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 mars dans un restaurant de Bamako, la capitale du Mali. Neuf personnes ont été blessées. Deux suspects ont été arrêtés par la police malienne. Mais ils ne sont « pas impliqués » dans l’attentat. « Ils avaient des armes pour commettre des larcins, de petits hold-ups, mais ils ne sont pas au cœur des derniers actes terroristes perpétrés », a déclaré à l’AFP un haut responsable de la police malienne.