Bamako exclut une renégociation de l’accord de paix
Après huit mois de négociations, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) veut encore renégocier l’Accord.
Le gouvernement malien et la médiation internationale ont écarté toute discussion du contenu de l’accord de paix d’Alger, appelant de nouveau la rébellion à dominante touareg du nord du Mali à le parapher en l’état.
Le gouvernement malien a annoncé mercredi 18 mars qu’il ne participerait pas à de nouvelles discussions avec les insurgés touaregs sur l’avenir du nord du Mali. Après plusieurs mois de négociations à Alger sous les auspices des Nations unies, Bamako a signé le 1er mars à Alger un accord préliminaire que les rebelles ont finalement rejeté en réclamant de nouvelles discussions.
Dans un communiqué lu par le ministre Choguel Kokala Maiga le gouvernement malien rappelle que « le paraphe du document, en attendant sa signature, exclut toute idée d’ouvrir de nouvelles négociations sur son contenu et appelle la Médiation à ses responsabilités en tant que garant du processus de paix ».
Lors d’une rencontre mardi avec une délégation de diplomates occidentaux et africains accrédités à Bamako dans son fief de Kidal (nord-est), la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, rébellion) leur a présenté par écrit une série de points essentiels à introduire dans le texte. Parmi les principales revendications, figurent la reconnaissance officielle de l’Azawad comme une entité géographique, politique et juridique, en référence à l’appellation du nord du Mali par les rebelles, la création d’une assemblée interrégionale couvrant cette zone, et un quota de 80% de ressortissants de l’Azawad dans les forces de sécurité.
« Il n’est pas question que nous reprenions les discussions car cela n’aurait plus de fin », a dit le porte-parole du gouvernement malien, Choguel Kokala Maiga.
La médiation internationale a précisé, dans un communiqué publié mercredi, que la procédure du paraphe engagée à Alger le 1er mars signifie bien que la négociation est parachevée, soulignant que l’accord n’a pas la prétention de résoudre à la fois et dans l’immédiat tous les problèmes posés. Déclarant avoir pris bonne note des exigences présentées lors de la rencontre de Kidal mardi, elle a ajouté que certaines observations pourraient être prises en compte dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord, paraphé le 1er mars par le camp gouvernemental.
Ibrahim CISSE
DÉCLARATION DU GOUVERNEMENT MALIEN |
Suite à la visite de travail effectuée par la Médiation le mardi 17 mars 2015 à Kidal auprès de la « Coordination des Mouvements de l’Azawad», dans le cadre des démarches en vue d’amener toutes les parties à parapher « l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger », et aux informations faisant état d’une demande d’ouverture de nouvelles discussions autour dudit document, le Gouvernement de la République du Mali rappelle ce qui suit : «L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger » implique trois parties, en l’occurrence le Gouvernement du Mali, la « Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) » et la « plateforme ». Cet accord de paix, fruit de plusieurs mois d’intenses négociations a été paraphé à Alger le 1er mars 2015 par la Médiation dans toutes ses composantes et par toutes les parties à l’exception de la Coordination. Il est aujourd’hui soutenu par l’ensemble de la Communauté internationale. En dépit des réserves qu’il a formulées, y compris dans la version finale présentée par la Médiation, le Gouvernement du Mali a commencé à sensibiliser les populations parce que conscient que cet accord offre un cadre global qui permet de travailler au retour de la paix et de résoudre l’ensemble des questions posées dans le respect des principes fondateurs de la République. Le Gouvernement du Mali rappelle de manière solennelle que le paraphe du document, en attendant sa signature, exclut toute idée d’ouvrir de nouvelles négociations sur son contenu et appelle la Médiation à ses responsabilités en tant que garant du processus de paix. Le Gouvernement du Mali renouvelle ses vifs remerciements à la Médiation présidée par la République Algérienne démocratique et populaire, et assure la communauté internationale de sa ferme détermination à mettre en œuvre de manière sincère l’accord de paix. Le Gouvernement du Mali lance un appel solennel à tous les mouvements qui ne l’ont pas encore fait pour parapher sans délai l’accord de paix afin de permettre à notre pays de reconstruire le vivre ensemble et offrir aux réfugiés et aux déplacés la possibilité de regagner leurs foyers dans un climat apaisé. Bamako, le 18 mars 2015
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