L’Union Africaine au chevet de la Libye
Les infrastructures pétrolières sont objet de convoitises et d’affrontements armés entre milices rivales.
Pour la première fois depuis sa création, en septembre 2014, le Groupe international de contact pour la Libye, s’est réunit le 1er avril au Niger en dehors du siège de l’Union africaine, à Addis Abéba. Selon le commissaire a la paix et à la sécurité de l’Union Africaine, Smail Chergui ce choix n’est pas fortuit. Il s’agit certes de répondre à la demande pressante des autorités nigériennes dont le pays partage avec la Libye une frontière longue de plus de 350 kilomètres et qui subit de plein fouet les conséquences de la crise libyenne mais aussi de se rapprocher autant que possible des réalités du terrain et de mieux apprécier l’ampleur des défis.
Le Niger, tout comme le Mali, est exposé aux conséquences sécuritaires de la crise libyenne, avec la prolifération d’armes provenant des anciens arsenaux de ce pays et les activités des groupes armés et terroristes qui opèrent avec une relative aisance du fait de la porosité des frontières. Mais aussi le retour au pays des travailleurs migrants qui vivaient en Libye et à la perte concomitante des revenus qu’ils généraient font peser des menaces sur les infrastructures vitales et des secteurs importants de l’économie.
Selon le Conseil de sécurité des Nations unies la situation en Libye constitue une menace à la paix et à la sécurité internationale. Et les événements de ces dernières semaines montrent tous les méfaits de la crise libyenne. La poursuite des combats entre Libyens en divers endroits pays avec la persistance de graves menaces sur les infrastructures pétrolières, objet de convoitises et d’affrontements armés compromet l’avenir du pays. L’aggravation de la menace terroriste, qu‘attestent les déclarations d’allégeance à l’Etat islamique faites par au moins trois entités terroristes, et l’assassinat de sang froid de ressortissants égyptiens de religion chrétienne, au mois de février dernier.
←Smail Chergui
Même l’attaque perpétrée, il y a moins de deux semaines, contre le Musée du Bardo à Tunis est une autre illustration tragique de la situation en Libye. En effet, les membres du commando ayant conduit cette attaque ont été formés en Libye.
L’effondrement de ce qui restait encore des structures étatiques en Libye a favorisé l’augmentation des flux illégaux de migrants vers l’Europe. Outre le fait qu’ils enrichissent les groupes criminels qui les organisent, ces flux donnent aussi lieu à d’innombrables drames humains, face auxquels la communauté internationale semble impuissante.
« En somme, nous sommes en face d’une situation particulièrement catastrophique. Elle l’est, d’abord et avant tout, pour les Libyens, dont l’aspiration à l’état de droit et à la démocratie et les espoirs de bien-être, au lendemain de la révolte populaire de février 2011, se sont ainsi trouvés trahis. Elle l’est aussi pour les pays voisins, tant immédiats que lointains, dont la stabilité et la sécurité sont compromises par l’anarchie qui règne en Libye », a expliqué Smail Chergui.
D’après lui, l’Union africaine attend avec espoir la concrétisation de l’initiative des pays voisins de la Libye visant à faciliter la réconciliation nationale entre les différents acteurs libyens, en particulier les efforts de l’Algérie. Toutefois, a-t-il prévenu, sans engagement des parties libyennes, les chances de succès seront minimes. « Notre ambition est de créer un forum au sein duquel nous pouvons échanger en toute transparence, mutualiser nos moyens, renforcer nos complémentarités et, partant, éviter les compétitions vaines et les double-emplois dispendieux, qui ne peuvent que nous éloigner que l’objectif poursuivi », a –t-il déclaré pour justifier la création du Groupe international de contact.
Ahmadou DIALLO
Libye : le premier ministre rebelle refuse son limogeage
Le chef du gouvernement libyen rebelle, Omar al-Hassi, a rejeté son limogeage décidé hier par le Parlement rebelle proche de la coalition de milices Fajr Libya qui contrôle Tripoli.
« J’ai été surpris par l’annonce [de mon] limogeage », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, en soulignant avoir appris cette information via des chaînes satellitaires. « Un Premier ministre ne peut pas être démis de ces fonctions ainsi », a-t-il ajouté. Il a précisé qu’il n’accepterait cette décision « que si [ses] partenaires dans ce gouvernement, les braves révolutionnaires, l’acceptent aussi ». Omar al-Hassi a été démis de ses fonctions hier par un vote du Congrès général national (CGN), Assemblée non reconnue par la communauté internationale, qui a en revanche maintenu le reste des ministres. Cette décision ouvre la voie à un gouvernement d’union nationale.
Fajr Libya, qui s’est emparée de la capitale libyenne en août, avait ensuite nommé Omar al-Hassi, un universitaire de 55 ans, au poste de chef du gouvernement. Mais sa gestion des affaires politiques et sécuritaires a été contestée par des membres du CGN qui ont réclamé son départ. On lui reproche notamment, selon une autre source parlementaire, de n’avoir pas congédié des ministres accusés de « corruption ».
Après la prise de Tripoli par Fajr Libya, le gouvernement et le Parlement reconnus par la communauté internationale se sont exilés dans l’est du pays. L’ONU tente d’arracher un accord sur un gouvernement d’unité nationale auprès des deux principaux camps qui se disputent le pouvoir.
Avec AFP