Enquête : la Minusma mise en cause dans la manifestation violente du 27 janvier à Gao
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (g) en compagnie du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon.
L’enquête diligentée par l’ONU a établit la responsabilité de la Minusma, de l’Etat malien et des organisateurs de la manifestation violente du 27 janvier 2015 à Gao.
Dans une déclaration publiée le 2 avril à New York le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a fait le point de l’enquête de sur la manifestation violente du 27 janvier 2015 à Gao, au nord du Mali.
L’équipe d’enquête, mise en place par le Secrétaire général afin d’établir les faits concernant la manifestation violente qui a eu lieu le 27 janvier 2015 à Gao, au Mali, aux abords du bureau régional de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), a présenté son rapport. L’équipe était dirigée par l’avocat Sénégalais Bacre Waly Ndiaye et comprenait Ralph Zacklin du Royaume-Uni et Mark Kroeker des États-Unis.
« L’enquête a établi que des membres d’une unité de police constituée de la Minusma ont fait usage de la force de manière excessive et non-autorisée contre des civils pendant la manifestation, entraînant la mort par balle de trois manifestants et en blessant quatre autres », a déclaré le porte-parole.
Selon lui, l’enquête a aussi établi que certains manifestants et organisateurs de la manifestation sont également responsables de la tournure violente qu’a prise la manifestation, avec notamment, des cocktails Molotov, des jets de pierres et des tentatives de forcer le périmètre de sécurité du bureau régional de la Minusma. « L’enquête a noté que les forces de sécurité de la Minusma ont été laissées seules face aux manifestants, et ce, en violation des accords avec le pays-hôte sur le statut de la Minusma. Cinq policiers de la Minusma ont été blessés lors de l’événement », a-t-il soutenu.
D’après lui, le Secrétaire général regrette profondément les pertes en vies humaines et les blessures encourues suite à l’usage excessif de la force par des éléments de la Minusma au cours de cet évènement. Il condamne ces violations des directives de la Minusma sur l’utilisation de la force. « Le Secrétaire général s’engage à veiller à ce que les personnes impliquées soient tenues pleinement responsables de leurs actes ».
Il affirme par ailleurs que des mesures ont été prises à cet effet avec les autorités maliennes et les autorités nationales du contingent contributeur mis en cause, sans citer le pays. « Le Secrétaire général encourage également le gouvernement du Mali à prendre des mesures pour prévenir de tels incidents à l’avenir. Les procédures de gestion de crise, ainsi que de communication et de gestion au sein de la Minusma, seront en outre revues », a-t-il précisé.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a présenté ses condoléances aux familles des victimes et a ajouté s’être engagé à ce que des mesures appropriées soient prises à l’encontre des responsables de ces faits. Un contingent rwandais est mis en cause. Après ces révélations de l’ONU, Kigali a annoncé le lancement de sa propre enquête. Le commandant de l’unité de police stationnée pour le compte de la Minusma dans la ville de Gao a été renvoyé au Rwanda. Les 35 hommes de son unité ont rendu leurs armes et seront rapatriés dans les jours à venir.
La Minusma compte actuellement quelque onze mille hommes sur le terrain, dont près de dix mille militaires et policiers. Avec plus de quarante casques bleus tués depuis son déploiement cette mission est considérée comme la plus dangereuse des actions de l’ONU en cours.
Oumar TOURE