Abdoulaye Diop : « Il est inacceptable que 15 millions de Maliens soit pris en otage par un groupe d’individus radicaux et extrémistes »
Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, était devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies le jeudi 9 avril.
Quarante jours après le paraphe du projet d’accord de paix par le gouvernement du Mali, la Coordination des groupes rebelles persiste toujours dans son refus d’accepter ce document de compromis.
« Il est inacceptable que le processus de paix au Mali, espoir de 15 millions de Maliens, soit pris en otage par un groupe d’individus radicaux et extrémistes », a déclaré le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies à New-York, le jeudi 9 avril. Il intervenait ainsi lors de l’examen du rapport du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, sur l’évolution de la situation au Mali, publié 27 mars 2015.
Selon lui si le gouvernement du Mali a pleinement joué son rôle en s’engageant de bonne foi dans le processus de paix enclenché à Alger le 16 juillet 2014 et en paraphant en même temps que la Plateforme des mouvements du Nord l’Accord soumis aux parties par la médiation internationale, tel n’est pas le cas de la Coordination des mouvements du Nord qui a refusé d’aller dans cette direction, en dépit des nombreux appels de la Communauté internationale.
« Cette attitude constitue une marque de défiance vis-à-vis de la Communauté internationale à travers la Médiation qui a consacré huit longs mois d’efforts intenses et de sacrifices pour l’avènement de la paix et de la stabilité au Mali et dans la région du Sahel », a-t-il dénoncé.
A l’issue de huit mois d’intenses négociations, les parties aux pourparlers inclusifs inter-maliens ont conclu et paraphé le projet d’Accord pour la paix et la réconciliation au le Mali, à l’exception des rebelles de la Coordination des mouvements armés qui ont demandé un délai pour consulter préalablement leur base.
Pour M. Diop, en paraphant le projet d’accord malgré la non prise en compte de son Mémorandum de 12 pages d’amendements remis aux membres de la Médiation internationale, le Gouvernement du Mali a montré sa bonne foi dans la recherche de compromis dynamiques permettant de parvenir à une paix juste et définitive à la crise que traverse le pays.
« Un refus de parapher et de signer un accord obtenu à l’issue d’un processus inclusif, vous en conviendrez avec moi, comporte des risques énormes pour la paix au Mali et dans la région, voire au-delà », a affirmé le ministre Diop qui estime qu’ il favorise les groupes terroristes et de narcotrafiquants dans leurs actions de déstabilisation du Nord du Mali et de toute la région du Sahel comme en témoignent les attentats terroristes perpétrés depuis mars 2015 à Bamako, Gao, Kidal, Boni…
D’après lui, ceux qui, malgré tout, auront choisi de se mettre en travers du chemin menant à la paix, ne laisseront à la Communauté internationale que le choix de les isoler et de les traiter comme tel en leur imposant des sanctions, conformément du reste à la Déclaration de votre Conseil du 6 février 2015. « Nous demandons au Conseil de sécurité de ne pas se laisser distraire par l’aile radicale de la Coordination qui instrumentalise les populations pour faire croire à la communauté internationale que sa « base a rejeté l’Accord », a-t-il réitéré.
Il s’est dit encouragé par l’annonce faite par l’Algérie de la cérémonie de paraphe par la Coordination des mouvements, prévue pour le 15 avril 2015 à Alger, avec l’espoir qu’elle aboutira rapidement, sans condition ni préalable, à la signature par toutes les parties de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. « Nous sommes convaincus que beaucoup de nos frères et sœurs de la Coordination n’aspirent qu’à la paix. Ils nous l’ont dit et nous croyons en leur bonne foi. Cependant, leurs voix restent encore peu audibles, à côté de celles de quelques radicaux qui, pour des motifs inavoués et par des manœuvres dilatoires et des tergiversations, veulent faire obstacle à la paix », a-t-il confié.
Ibrahim CISSE
Lire ici le Rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali