Les rebelles ne sont pas prêts à parapher l’accord de paix
Mossa Ag Attaher : « La CMA ne pourra pas parapher l’Accord de paix dans son état actuel et à la date indiquée ».
Contrairement aux déclarations officielles, les rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad ne sont pas prêts à parapher l’accord de paix. Ils l’ont fait savoir dans un communiqué sans équivoque.
Le Premier ministre Modibo Kéita avait réuni, jeudi 9 avril, les représentants de la classe politique et de la société civile pour les informer de la décision des rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) de parapher, le 15 avril prochain à Alger, « l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ». Lui-même avait été avisé par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra qui a fait référence à une lettre du 4 avril de la Coordination notifiant cette décision.
Mais cette annonce – qui semblait soulager la plupart des protagonistes de la crise malienne – a été démentie en quelques heures par Mossa Ag Attaher un des porte-paroles de la CMA dans un communiqué cinglant. « La CMA, tout en réaffirmant sa disponibilité à donner toutes les chances à l’aboutissement d’un paraphe, réitère, encore une fois, son attachement à la prise en compte des amendements qu’elle a remis à la mission internationale, le 17 mars 2015 à Kidal, amendements qui constituent l’essentiel des revendications de l’Azawad. Par conséquent, la CMA, informe qu’elle ne pourra pas parapher « l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali » dans son état actuel et à la date indiquée », a-t-il déclaré.
Il accuse in fine le médiateur algérien Ramtane Lamamra de manipulation car se serai lui – en réponse à la lettre du 4 avril – qui aurait informé la CMA sans l’accord de celle-ci de l’organisation du paraphe, le 15 avril 2015 à Alger, de « l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ».
Avant ce démenti un communiqué émanant d’un certain Ansari Habaye Ag Mohamed, président de la Coordination des cadres de l’Azawad intimait l’ordre à la CMA de clarifier sa position. « La Coordination, qui s’en remet totalement aux résolutions des consultations de Kidal du 12 au 16 mars dernier, met en garde la CMA contre toute tentation de parapher un accord explicitement et publiquement rejeté par le Peuple de l’Azawad et demande à la CMA de démentir les déclarations officielles abondamment relayées par les médias depuis 48 heures », avait-il déclaré.
Un quiproquo qui fera sans doute rire le Maroc qui s’en prenait vertement à la médiation algérienne dans un communiqué rageant. « Le Royaume du Maroc note, avec une grande déception, le recul préoccupant que connait le processus de paix au nord du Mali. En effet, et après une dynamique prometteuse, sous la houlette de la CEDEAO, le dossier malien est désormais traité de manière opportuniste, par des parties directement intéressées, et loin de son contexte légal et régional, prôné par les Nations Unies », avait écrit le ministère des Affaires Etrangères du Royaume du Maroc.
Loin de toute précaution de langage le chef de la diplomatie marocaine avait avisé : « La solution à la crise du Nord du Mali ne saurait être imposée. Elle ne peut pas être obtenue, à coups de menaces, de manœuvres d’intimidation ou de chantage, surtout de la part de parties qui n’ont aucune légitimité pour le faire et qui ont toujours agi pour la déstabilisation de la région. Le Mali ne peut continuer à être traité comme une «arrière-cour privée» ou un terrain d’expérimentation ». Prémonitoire ?
Ibrahim CISSE
Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA)Communiqué de Presse La Coordination des Mouvements de l’Azawad / CMA informe l’opinion nationale de l’Azawad et l’opinion internationale qu’en réponse à sa lettre du 04 avril 2015 le chef de file de la Médiation, par lettre officielle en date du 06 Avril 2015, l’a informée de l’organisation du paraphe, le 15 Avril 2015 à Alger, de « l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali ». La CMA, tout en réaffirmant sa disponibilité à donner toutes les chances à l’aboutissement d’un paraphe, réitère, encore une fois, son attachement à la prise en compte des amendements qu’elle a remis à la mission internationale, le 17 mars 2015 à Kidal, amendements qui constituent l’essentiel des revendications de l’AZAWAD. Par conséquent, la CMA, informe qu’elle ne pourra pas parapher « l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali » dans son état actuel et à la date indiquée. La CMA remercie vivement la médiation et particulièrement son chef de file pour les efforts inlassables déployés avec dextérité et dévouement depuis bientôt une année. En même temps elle réaffirme son ferme engagement à poursuivre le dialogue tout en sollicitant la médiation pour davantage d’efforts afin de prendre en compte les préoccupations issues de la volonté du Peuple de l’Azawad.
Fait à Nouakchott, le 10 Avril 2015 Pour La commission de communication de la CMA Mossa Ag Attaher
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Coordination des cadres de l’Azawad (CCA)Nouakchott, le 10 avril 2015 Mise en garde La coordination des cadres de l’Azawad / CCA exprime son immense surprise face aux déclarations officielles dans les médias annonçant l’acceptation par la CMA de parapher l’accord d’Alger, le 15 avril 2015. Face au silence assourdissant de la CMA par rapport à de telles déclarations émanant essentiellement des membres de la médiation et du gouvernement malien, la Coordination des Cadres de l’Azawad urge les responsables des mouvements de l’Azawad à clarifier leur position et à édifier, dans les meilleurs délais, le Peuple de l’Azawad. La Coordination, qui s’en remet totalement aux résolutions des consultations de Kidal du 12 au 16 mars dernier, met en garde la CMA contre toute tentation de parapher un accord explicitement et publiquement rejeté par le Peuple de l’Azawad et demande à la CMA de démentir les déclarations officielles abondamment relayées par les médias depuis 48 heures. Le Peuple de l’Azawad s’est exprimé, il mérite respect et considération, en premier lieu, par ceux là qui l’ont mandaté. C’est bien là un principe cardinal de la démocratie tant vanté par la communauté internationale!!!.
Coordination des cadres de l’Azawad Ansari Habaye Ag Mohamed Président
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Communiqué du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération du Royaume du MarocRecul du processus de paix au nord du Mali, le Maroc appelle à œuvrer pour une solution de compromis Le Royaume du Maroc note, avec une grande déception, le recul préoccupant que connait le processus de paix au nord du Mali. En effet, et après une dynamique prometteuse, sous la houlette de la CEDEAO, le dossier malien est désormais traité de manière opportuniste, par des parties directement intéressées, et loin de son contexte légal et régional, prôné par les Nations Unies. La solution à la crise du Nord du Mali ne saurait être imposée. Elle ne peut pas être obtenue, à coups de menaces, de manœuvres d’intimidation ou de chantage, surtout de la part de parties qui n’ont aucune légitimité pour le faire et qui ont toujours agi pour la déstabilisation de la région. Le Mali ne peut continuer à être traité comme une «arrière-cour privée» ou un terrain d’expérimentation. Le Royaume du Maroc, qui entretient des liens denses et séculaires avec le peuple malien dans toutes ses composantes, appelle les forces vives du pays et ses autorités à œuvrer dans le sens d’une solution de compromis qui préserve l’intégrité territoriale, l’unité nationale du Mali et répondent aux aspirations de ses populations, y compris celles du nord du pays. Rabat 03.04.2015
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