Acquisition du passeport malien : le mensonge éhonté des autorités
Une longue queue de plus de 3oo personnes qui avance à pas de caméléon sous un soleil de pour obtenir le fameux sésame.
Pour obtenir un passeport au Mali, c’est la croix et la bannière, malgré le long fleuve de mensonge dans lequel tente de nous faire noyer les autorités, avec à leur tête le ministre de la sécurité. Lequel, devant l’Assemblée nationale il y a quelques jours a délivré une histoire tordue, cousue de fil blanc.
Preuve m’a été donnée ce mercredi 22 avril 2015 à la Police des Frontières, lorsqu’en quête d’un nouveau document de voyage je m’y suis rendu vers 6 heures 10 minutes du matin pour intégrer une interminable queue. J’avais le numéro 235 sur 300 et quelques. C’est vers les environs de 10 heures 25, que j’ai pu faire enfin le dépôt de mes dossiers. Comme un soldat en faction, j’ai fait, nous avons fait avec mes compagnons d’infortunes, plus de 4 heures d’horloge à avancer, avancer à pas de caméléon.
Le ministre de la Sécurité Sada Samaké→
Donc, toute cette farce du ministre de la sécurité n’est que poudre aux yeux. Et puis, il a précisé que le document est délivré au bout de trois semaines. Un mensonge de plus, d’autant que le petit papier qu’on m’a remis au terme de mon calvaire me donne rendez-vous le 20 mai prochain pour le retrait du fameux passeport. Soit plus de trois semaines d’attente. Dans un pays sérieux, on ne remet pas un reçu (sans cachet) écrit à même un cahier d’écolier pour attester le versement d’une quelconque somme (50 000 FCFA). Les députés ont bien fait d’interpeller le gouvernement sur cette nébuleuse question liée à l’acquisition du passeport.
Dans ce « maudit » rang, je me suis senti étranger dans mon propre pays. Pour obtenir un « simple » passeport, on te fait vivre l’enfer. Le président de la République qui se targue d’être élu avec 77 pour cent des voix doit revoir la gestion du dossier passeport : mettre hors d’état de nuire, tous ces intermédiaires véreux et réorganiser au mieux le service en ouvrant de nouveaux centres de dépôt.
Un Etat qui ne peut pas se donner la peine d’ouvrir plusieurs centres pour répondre au besoin de ses populations, ne saurait être un Etat digne de ce nom. C’est un Etat en faillite et je n’ose pas le croire, car même un enfant de la 6ème année du fondamental serai à même de résoudre cette équation. Le drame de ce pays, c’est que les fossoyeurs ne sont jamais sanctionnés. Ils sont plutôt encouragés et même choyés. Cela se comprend, nous sommes dans un pays d’impunité. « On n’humiliera aucun chef de famille », chantonnent en cœur nos autorités.
Sory Ibrahim GUINDO
Ancien Correspondant de l’Agence PANAPRESS