L’accord de paix expliqué aux Maliens de France
Les ministres Choguel Kokalla Maïga, porte-parole du gouvernement (g) et Zahabi Sidi Ould Mohamed (c).
Sur invitation des partis politiques de la mouvance présidentielle, une délégation ministérielle venue de Bamako a édifié les Maliens de France sur le processus de paix d’Alger.
« L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali » sera signé le 15 mai à Bamako avec ou sans les groupes armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Pour expliquer les enjeux aux Maliens de France, la plus forte communauté malienne en dehors du continent africain, une délégation conduite par le ministre Choguel Kokalla Maïga, porte-parole du gouvernement, le ministre de la réconciliation nationale, Zahabi Sidi Ould Mohamed et le conseiller du président de la République Boubacar Touré, a animé une conférence à la Bourse du travail de Paris, 3 rue du château d’eau.
Après huit mois de laborieuses négociations, le processus de paix d’Alger s’est achevé le 1er mars dernier par un texte proposant une décentralisation avancée au Nord (et dans tout le pays) tout en excluant toute autonomie ou fédéralisme. Les rebelles ont demandé, pour parapher le texte comme l’ont déjà fait le gouvernement et les groupes d’autodéfense, une réouverture des discussions sur son contenu, exigence jugée inacceptable par Bamako et les représentants de la communauté internationale.
Dans un document remis le 17 mars à la médiation internationale, la CMA avait exposé ses conditions pour parapher l’accord. Elle réclamait « une reconnaissance de l’Azawad comme entité géographique, politique et juridique » et la constitution d’une « assemblée interrégionale » regroupant les régions de Gao, Tombouctou et Kidal. Elle demandait qu’un quota des ressortissants de l’Azawad soit déterminé au sein des services de l’Etat et de ses représentations diplomatiques. La CMA exigeait aussi que les forces de défense et de sécurité au nord soient constituées à « 80% de ressortissants de l’Azawad ». Et que ces derniers assurent le commandement.
Pour Zahabi Sidi Ould Mohamed, « les négociations sont terminées ». « Et le boulevard de la paix est ouvert » aux groupes armés rebelles qui veulent signer l’accord. Dans le cas contraire « ils s’exposeront à des sanctions de la communauté internationale ». D’après lui « les populations du Nord n’aspirent qu’à la paix. Mais elles sont prises en otage par des bandits armés et des narcotrafiquants dont le retour de l’armée n’arrange pas les affaires ». Le ministre de la réconciliation nationale a plaidé pour « une armée forte, professionnelle, équipée et déployé sur tout le territoire ».
Le porte-parole du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga, a répondu sans ambages aux détracteurs de l’accord. Pour lui, en paraphant le projet d’accord malgré la non prise en compte de son mémorandum de 12 pages d’amendements remis aux membres de la médiation internationale, le gouvernement du Mali a montré sa bonne foi dans la recherche de compromis dynamiques permettant de parvenir à une paix juste et définitive à la crise que traverse le pays. « Il y avait un choix à faire entre le mal et le pire et l’accord est un compromis», a-t-il affirmé. « C’est un accord-cadre pour s’attaquer au fond du problème », a-t-il ajouté.
Selon lui si le Mali avait refusé de parapher l’accord la situation serait bloquée et la souffrance des populations prolongée inutilement. Le Mali ne peut pas entrer en belligérance car il doit respecter tous les engagements pris à travers l’accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014, la déclaration de cessation des hostilités du 24 juillet 2014 et la déclaration des parties au processus d’Alger du 19 février 2015.
Même constat pour Boubacar Touré, chargé de mission à la présidence de la République, qui estime qu’il n’y a « pas d’accord parfait » et que l’accord issu du processus d’Alger est une étape pour sortir le pays de l’ornière.
La conférence qui a fait salle comble a été organisée par les partis politiques RPM, ADEMA PASJ, CNID, MPR, YELEMA, PSDM, MODEC, FAMA, UDA , UM RDA , ALL, TCHATO.
F. TRAORE