CAN 2017 : le président de la Femafoot poignarde le gouvernement dans le dos en votant contre l’Algérie
Les ministres H. Guindo et M. Tahmi paraphant le cadre de référence de la coopération sportive entre le Mali et l’Algérie.
La désignation du Gabon comme pays organisateur de la CAN 2017 continue à faire des vagues qui menacent aujourd’hui la coopération sportive entre le Mali et l’Algérie. En effet, le président de la Fédération algérienne de football (FAF) Mohamed Raouraoua accuse ses homologues du Mali et du Bénin d’avoir trahi leurs engagements à soutenir la candidature de son pays. Dans notre cas, c’est une grave accusation puisque ce soutien réciproque est l’une des clauses du «Programme exécutif» de coopération sportive signé entre le Mali et l’Algérie le 1er octobre 2014 à Alger. En poignardant le gouvernement dans le dos, le président de la Femafoot Boubacar Diarra dit Baba, a sacrifié l’intérêt national pour une raison dont il est le seul à connaître.
«Désormais, il faudra mettre un terme à toutes sortes d’aides envers les deux pays (le Mali et le Bénin). Ni matches amicaux, ni stage de recyclage, ni rien du tout» ! Telle est la dernière réaction du président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, après sa grande déception.
Il reproche aux présidents des fédérations du Bénin et du Mali d’avoir voté pour le Gabon après avoir «promit leurs voix aux dirigeants algériens». Cette décision va donc geler les relations sportives entre l’Algérie et Mali, donc compromettre le fabuleux résultat obtenu par le ministre Housseini Amion Guindo lors d’une visite d’amitié et de travail effectué à Alger du 28 septembre-2 octobre 2014.
Ce fructueux séjour avait en effet été sanctionné par la signature, le 1er octobre 2014, d’un «Programme exécutif» de coopération sportive entre le Mali et l’Algérie par les ministres Housseini Amion Guindo et Mohammed Tahmi.
Et l’une des clauses de ce partenariat était le «soutien mutuel» entre les deux pays dans les instances sportives continentales et internationales, notamment en ce qui concerne l’organisation des compétitions comme les phases finales de CAN.
En plus de 150 bourses de formation accordées dans tous les domaines du sport, l’Algérie s’était engagée à doter six terrains en gazon synthétique pendant trois ans et d’ouvrir ses installations sportives aux clubs et sélections nationales maliennes préparant des échéances importantes. Et le comité de suivi et d’évaluation dudit programme avait constaté que cette coopération était bien lancée lors d’une réunion tenue à Alger le lundi 17 novembre 2014.
←Boubacar Diarra dit Baba
Ainsi, des fédérations nationales sportives (football, taekwondo, judo et volley-ball) avaient déjà bénéficié de sa mise en œuvre et le programme des formations (graduation, post-graduation et formation qualifiante) a déjà démarré avec un premier groupe de 30 boursiers qui est en Algérie depuis bientôt trois mois. Il faut noter également que cette première cohorte a été solennellement mise en route par les autorités maliennes.
Concernant les dons de gazons synthétiques, le ministre algérien des Sports avait déjà mis à la disposition de la Fédération algérienne de football un fonds pour les 6 terrains à gazonner au Mali. Sans compter que l’équipe nationale de football des locaux, les Aigles B, a aussi bénéficié d’un stage de préparation, avec deux matchs amicaux officiels homologués par la CAF, à Alger (Algérie) du 10 au 18 novembre 2014 à la charge entière de la FAF.
Les protégés de Djibril Dramé préparaient ainsi la 7e édition du Tournoi de l’intégration de l’UEMOA qui était prévue du 22 au 29 novembre 2014 à Lomé (Togo) avant d’être annulée à la dernière minute par crainte de l’épidémie de fièvre au virus Ebola.
L’intérêt national sacrifié en connaissance de cause. Par ailleurs, on se rappelle également que c’est l’Algérie qui s’était chargée du transport (aller/retour) de la délégation malienne à la seconde édition des Jeux Africains de la Jeunesse (JAJ) que Gaborone (Botswana) avait abrité du 22 au 31 mai 2014. Le Mali s’y était classé 9e sur 54 pays au classement général avec huit médailles dont une d’or.
Cette action de solidarité, initiée par le Comité olympique algérien (COA) avec le soutien du gouvernement algérien, précisément du Ministère des Sports, avait permis au gouvernement malien d’économiser les coûteux frais de transport estimés à environ 100 millions de F CFA. Elle avait également permis de raffermir davantage «les relations fraternelles qui existent entre les sportifs et les peuples des deux pays voisins».
Et ce n’est un secret pour personne que l’Algérie est résolument engagée dans la médiation pour un retour définitif au Mali. Dans ce cadre le gouvernementalgérien a régulièrement pris en charge le transport, l’hébergement, et la restauration des différentes délégations. Ne serait-ce que pour cet engagement, le Mali devait soutenir la candidature algérienne pour l’organisation de la CAN 2017. Quelle ingratitude !
Nous n’avons rien contre le Gabon, mais aujourd’hui, il n’y a pas de doute que ce sont nos relations avec l’Algérie qui sont les plus profitables au développement du sport malien. Et surtout que cela est consigné dans un document de coopération qui engage deux gouvernements.
Mohamed Raouraoua →
Mieux, le président du Comité Olympique et Sportif algérien (COA), Mustapha Berraf, lors de sa récente visite au Mali sur invitation du CNOSM à prendre part à la «Nuit du Mérite sportif», parrainer par le président de l’Assemblée Nationale et la Première Dame, a été rassuré du soutien du Mali à cette candidature algérienne. Tout est maintenant remis en cause par l’acte d’un seul homme qui a décidé de faire fi de l’intérêt national, au profit de l’intérêt particulier et sordide, en votant contre l’Algérie. Là encore le bon sens a manqué.
Comme nous le disions plus haut, cela risque de nous coûter cher et les conséquences seront lourdes. Nous risquons ainsi de perdre, entre autres, le gazonnage en synthétique des six terrains, le reste des 150 bourses d’études (soit 120 car 30 boursiers sont déjà à Alger et on espère qu’ils pourront aller au bout de leur cursus), l’équipement centre de médecine sportive en chantier, les promesses de dons en équipements et installations sportives, les coopérations décentralisées déjà signées entre des fédérations (escrime, athlétisme, judo, taekwondo, basket, handball, volleyball…), les stages ciblés, les matchs amicaux… La liste est loin d’être exhaustive !
La crédibilité du Mali entachée. Les conséquences du vote insensé du président de la Femafoot sont inestimables et dramatiques parce qu’ayant sacrifié l’intérêt nationale pour sans doute des considérations purement personnelles. Cette crise de confiance provoquée par le vote inexplicable du président de la Femafoot remet aujourd’hui tous les acquis en cause. C’est vraiment dommage !
Cet acte met d’abord le gouvernement dans une position inconfortable face à nos amis Algériens qui ont toutes les raisons de douter de notre sens de la responsabilité. C’est la crédibilité même du Mali qui est une fois de plus entachée et sacrifiée sur l’autel d’intérêts inavouables.
Et cela tombe au très mauvais moment parce que non seulement cette coopération sportive était entrée dans une dynamique de concrétisation, mais notre département des Sports était aussi en phase de négocier des partenariats fructueux et mutuellement avantagés avec d’autres pays, après le Venezuela et l’Algérie. Sans compter la grande crise de confiance entre les deux ministres en charge du Sport et qui va sans doute décrédibiliser le Mali aux yeux d’autres partenaires.
Aujourd’hui nos amis Algériens disent à qui veut l’entendre que nous n’avons pas respecté nos engagements, que nous ne sommes pas sérieux. Et pourtant, selon des sources proches du Département des Sports, le ministre Housseini Amion Guindo s’était entretenu avec le président de la Femafoot avant qu’il ne s’envole pour le Caire (Egypte).
Le ministre avait profité de l’opportunité pour lui rappeler les enjeux d’un soutien indéfectible à l’Algérie pour organiser la CAN 2017. Les orientations du département étaient donc claires et précises. C’est le président de la Femafoot qui en a fait à sa tête.
L’acte qu’il vient de poser, cette indélicatesse du Général, pour des raisons qu’il est le seul à connaître, risque donc de porter un coup fatal à un partenariat qui ne cessait de se bonifier au fil des mois dans la fraternité et la solidarité au grand bonheur des sportifs, des responsables des deux pays… Bref des deux peuples !
Gageons que Poulô, saura trouver les arguments nécessaires pour sauver en parvenant à convaincre ses partenaires algériens de la bonne foi du gouvernement malien dans cette humiliante affaire !
Hamady Tamba