Mali : le processus de paix en danger
Signature par Bilal Ag Achérif, leader du MNLA, de la déclaration de cessation des hostilités à Alger le 19 février 2015.
Des rebelles touaregs de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ont ouvert le feu ce mardi 28 avril sur des véhicules des casques bleus de la mission des Nations unies au Mali (Minusma) près de la ville de Tombouctou au nord du pays. Les rebelles ont ensuite parlé de méprise, affirmant avoir pris les soldats de l’ONU pour des militaires maliens. Même si la fusillade n’a fait aucune victime, elle est assez révélatrice du climat de tension qui règne dans le septentrion malien et de la menace qui pèse sur le processus paix.
Cet incident intervient vingt-quatre heures après la prise de Ménaka, par le Groupe d’autodéfense touareg Imrad et alliés – GATIA (progouvernemental) à la suite des affrontements avec des rebelles du MNLA (composante de la CMA) qui ont été chassés. Des habitants ont manifesté pour apporter leur soutien au GATIA et demander à l’armée malienne, cantonnée dans un camp, de participer à la sécurisation de Ménaka et de ses alentours.
A la lumière de ces développements sur le terrain, hier à Ménaka et aujourd’hui à Tombouctou, le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, a exprimé sa plus vive préoccupation quant au processus de paix engagé il y a plus d’un an pour résoudre durablement et pacifiquement la crise sécuritaire malienne. « Ces deux évènements sont extrêmement préoccupants car ils mettent le processus de paix en danger», a-t-il indiqué.
« Les accords de cessez-le feu signés par les parties prévoient qu’elles restent sur leurs positions pendant la période des négociations, et qu’elles s’abstiennent de tout acte, direct ou indirect, qui compromettrait les perspectives de paix. La Minusma, en toute impartialité, insiste pour que cet engagement soit respecté par tous », relève M. Mongi.
Les rebelles touaregs de la CMA ont annoncé dimanche aux médiateurs internationaux qu’ils signeraient le mois prochain l’accord de paix conclu début mars à Alger. Cet accord vise à mettre fin au conflit entre Bamako et les rebelles touaregs qui a donné lieu à quatre révoltes armées depuis l’indépendance du Mali en 1960. Il permettrait aux forces armées maliennes et étrangères de concentrer leur action sur la lutte contre les milices islamistes dans le nord du pays.
« Je regrette la tournure que prennent les événements, mais je tiens à rester optimiste quant aux chances de voir aboutir le processus de paix le mois prochain. Il n’existe aucune alternative à la signature de l’Accord de paix» a insisté le chef de la Minusma.
Ibrahim CISSE