Le GATIA dans la ligne de mire de l’ONU
Hervé Ladsous: « la responsabilité de la violation du cessez-le-feu à Ménaka incombe très clairement au GATIA ».
Le Groupe d’auto défense Touareg Imgad et alliés (GATIA) qui a pris la localité de Ménaka le 27 avril dernier à la suite de combats avec les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) est dans la ligne de mire de la mission de l’ONU au Mali.
« Vous le savez, ce qu’il s’est passé ces derniers jours à Ménaka constitue clairement une violation du cessez-le-feu qui avait été établi en mai 2014. Et la responsabilité, et bien, elle incombe très clairement au GATIA. Donc il faut que tout ceci s’arrête et nous faisons, nous la Minusma, ce que nous pouvons », avait affirmé lors d’une conférence de presse à Bamako, le 16 mai Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint des opérations de maintient de la paix.
Selon lui, la mission de l’ONU observe ce qui se passe sur le terrain dans le cadre de l‘accord de cessez-le-feu et fait un rapport via le Comité Technique Mixte de Sécurité. La mission a aussi un mandat de protection des civils grâce notamment des moyens humains qui ont été fortement accru dont près de cinq cent militaires de la Minusma présents autour de l’agglomération de Ménaka. « Vous savez que le mot, le sigle Minusma, tourne autour de la lettre « S », qui veut dire stabilisation. Et donc ce sont tous les efforts du Représentant Spécial et de la Force de la Minusma qui vont tout faire, pour qu’il y a une baisse des tensions et que la situation se stabilise dans cette région de Ménaka, qui est encore un fois importante », a-t-il souligné.
←Fahad-Ag-Almahmoud, chef du GATIA
Le Conseil de Sécurité de l’ONU a très clairement affiché son intention de soumettre à sanction les violateurs du cessez-le-feu. Et, d’après lui, depuis le 27 Avril, force est de constater que toutes les parties ont été quasiment responsables des violations de cessez-le-feu.
Lors d’une conférence de presse, l’avocat Harouna Toureh, président de la Plateforme des groupes armés d’autodéfense dont le GATIA est une composante a accusé la Minusma de les pousser à sortir de Ménaka. Une accusation de plus après celle du président de la République qui a traité la mission de l’ONU d’impartiale, lors de la cérémonie de signature de l’accord de paix. En réponse, la Minusma a apporté un démenti tout en clarifiant sa position.
« La Minusma dément de la façon la plus formelle et la plus catégorique avoir posé un ultimatum à la Plateforme dans le cadre de la situation de Ménaka », affirme la mission onusienne dans un communiqué. Selon elle, le représentant spécial du secrétaire général et le chef de la Minusma, Mongi Hamdi, poursuit et recherche, aux côtes de la médiation internationale, les meilleures voies possibles pour ramener le calme dans le Nord du Mali, en vue de finaliser le processus d‘une signature de paix totale et inclusive.
« La Minusma, en concertation et en étroite collaboration avec la Médiation Internationale, a présenté à cet égard à toute les parties prenantes une proposition pour assurer une cessation des hostilités sur le territoire du Mali qui comprend des arrangements sur Ménaka selon lesquels la Plateforme se retire et la Minusma prend temporairement en charge la sécurisation de la ville et de sa population », explique-t-elle.
Ibrahim CISSE
Mise au point de la MinusmaEn réponse à la série d’allégations erronées au sujet de la Minusma, la Mission tient à faire la mise au point suivante à l’intention de l’opinion malienne : La Minusma rejette catégoriquement toute mise en question de son impartialité et de celle de son personnel. La Minusma depuis son établissement en juillet 2013, qui a été sollicité par les autorités maliennes, agit en totale impartialité pour s’acquitter de son mandat en appui aux efforts du Gouvernement, et de tous les Maliens, visant à stabiliser le pays et à instaurer une paix juste, durable et inclusive. Cet objectif a été consacré librement par les parties maliennes elles-mêmes dans l’Accord Préliminaire de Ouagadougou du 18 juin 2013, et a été unanimement appuyé par la Communauté internationale. Depuis, la Minusma s’investit sans relâche dans la poursuite des priorités suivantes : sécurité, stabilisation et protection des civils ; appui au dialogue politique national et à la réconciliation nationale ; appui au rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays, à la reconstruction du secteur de la sécurité malien, à la promotion et la protection des droits de l’homme, et à l’aide humanitaire. Sur le plan sécuritaire, la Minusma tient à souligner que son rôle, notamment au sujet des hostilités récentes, s’inscrit pleinement dans l’esprit et la lettre de l’Accord de Cessez-le-feu du 23 mai 2014 et des arrangements de sa mise en œuvre du 13 juin 2014 ainsi que des déclarations de cessation des hostilités signées à Alger respectivement le 24 juillet 2014 et le 19 février 2015, et qui étaient tous librement consentis par les parties. Il est à rappeler à cet égard que l’Accord du 23 mai 2014 stipule notamment « l’arrêt de toute opération militaire visant l’une ou l’autre partie concernées, les attaques terrestres et aériennes sur les positions, les objectifs ou zones occupées par l’une ou l’autre partie à partir de la date de signature du cessez-le-feu du 23 mai 2014. » Les actions de la Minusma, diplomatiques et opérationnelles, sont également et surtout menées en application du mandat que lui a confié le Conseil de Sécurité des Nations Unies dans sa Résolution 2164 (2014). Cette Résolution stipule notamment que la Minusma a pour mandat « d’assurer, sans préjudice de la responsabilité des autorités maliennes, la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques; et d’appuyer l’application du cessez-le-feu et des mesures de confiance sur le terrain, conformément aux dispositions de l’Accord préliminaire de Ouagadougou. » Les initiatives récentes entreprises par la Minusma, en pleine concertation avec le Gouvernement malien et la médiation internationale, notamment au sujet de Ménaka, sont pleinement conformes à son mandat. Elle vise au premier chef à assurer la protection de la population civile en évitant des confrontations armées dans cette ville et à appuyer la mise en œuvre du cessez-le-feu. Il est important de préciser que la Minusma n’a pas pour mandat de s’impliquer dans un conflit actif entre belligérants maliens. Elle n’est pas autorisée à user de la force pour imposer la paix ni à forcer aucune des parties à évacuer des positions. A cet égard, la Minusma réitère son déni catégorique d’avoir lancé un ultimatum à la Plateforme de quitter Ménaka. Des discussions à ce sujet son actuellement en cours. Elle appelle les auteurs de ces fausses allégations à faire preuve de responsabilité et de bonne foi à l’égard de l’opinion publique. Sur le plan politique, le rôle joué par la Minusma est en application de la résolution 2164 qui stipule que « le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali joue un rôle clef dans les pourparlers de paix et le prie de poursuivre ses bons offices et sa participation active, notamment en coordonnant ses efforts avec ceux des autorités maliennes et en appuyant celles-ci, aux fins du lancement d’un processus sans exclusive ouvert à toutes les communautés du nord du Mali ». Dans la même résolution, le Conseil de sécurité « demande instamment aux parties à ces négociations inter-maliennes de se concerter avec le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali afin de parvenir à un règlement politique durable de la crise et au rétablissement de la paix et de la stabilité à long terme partout dans le pays, dans le respect de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’État malien. » C’est dans ce cadre que se situe le rôle joué par la Minusma pour faire avancer le processus de paix avant et après la signature de l’Accord de Paix et de Réconciliation Nationale. Il est important de clarifier à cet égard que l’initiative de la Médiation Internationale et de la Minusma, en tant que membre de la Médiation, d’organiser une série de consultations à compter du 25 mai 2015 à Alger en vue de mettre en place les conditions du parachèvement du processus de signature de l’Accord par la Coordination des Mouvements de l’Azawad dans les plus brefs délais, ne doit être en aucun cas comprise et présentée au public comme une réouverture des négociations de l’Accord de Paix. La Minusma souligne qu’il est impératif pour toutes les parties concernées par le processus en cours de veiller à assurer que l’opinion malienne, dont l’appui aux efforts de stabilisation et au processus de paix est primordiale, dispose d’informations fiables et factuelles pendant cette phase délicate mais cruciale que traverse le pays. La Minusma réaffirme sa volonté inébranlable de persévérer sans relâche, conjointement avec tous les amis du Mali et aux côtés de tous les Maliens, pour s’acquitter de ses responsabilités dans l’appui aux efforts visant à instaurer une stabilité irréversible et une paix juste, inclusive et durable en vue de mettre fin à la crise qui n’a que trop duré et qui a coûté cher au pays et à son peuple. Source : Minusma |