Nord du Mali: le chef des Casques bleus échappe à la mort
Le général danois Michael Lollesgaard, commandant de la force militaire des Nations Unies au Mali.
Un convoi à bord duquel se trouvaient le général danois Michael Lollesgaard, commandant de la force militaire, et le chef djiboutien de la police de la Minusma, Awale Abdounasir, a été la cible d’une explosion qui a blessé trois Casques bleus de l’ONU.
Trois Casques bleus ont été blessés jeudi 28 mai dans le nord du Mali par une explosion au passage d’un convoi transportant les chefs de la force militaire et de la police de l’ONU dans le pays, illustrant l’insécurité persistante dans cette région. Cette attaque intervient à la veille de la Journée internationale des Casques bleus, alors que la mission au Mali– déployée dans le sillage de l’opération Serval, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France contre les jihadistes – est « la plus coûteuse en vies humaines » depuis la Somalie dans les années 1990, selon l’ONU.
Le général danois Michael Lollesgaard, commandant de la force militaire, et le chef djiboutien de la police de la Minusma, Awale Abdounasir, se trouvaient à bord de ce convoi, ont indiqué des sources au sein de la Minusma. Tous deux « ont échappé à la mort dans la région de Tombouctou quand des mines placées sur l’itinéraire de leur convoi ont blessé trois Casques bleus originaires du Burkina Faso », a déclaré un responsable civil de la Minusma à Tombouctou.
« Il est clair que c’est le convoi des deux premiers chefs des forces militaire et policière qui était visé, puisque quelques heures avant d’emprunter ce tronçon, les vérifications sécuritaires ont été faites », a souligné cette même source, jugeant « très probable » que les mines aient été posées peu après.
Un Casque bleu bangladais a été tué et un autre grièvement blessé lundi 25 mai près de l’aéroport de Bamako, alors que la Minusma s’évertue à rétablir le cessez-le-feu bafoué depuis un mois dans le nord du pays.
Mission la plus «coûteuse en vies humaines». Régulièrement frappée par des attaques dans le nord du Mali depuis son déploiement en juillet 2013, la force de l’ONU a essuyé la semaine dernière la première attaque la visant directement à Bamako. Lors de cet attentat aux premières heures le 20 mai, un homme armé avait tenté d’incendier un véhicule de l’ONU garé devant une résidence de personnels de la Minusma (l’opération de maintien de la paix des Nations unies au Mali), blessant un gardien et causant des dégâts matériels. L’attaque avait apparemment pour but de faire ainsi sortir les Casques bleus pour les attaquer à l’arme automatique et à la grenade, selon un enquêteur malien.
La Minusma avait alors rappelé la responsabilité des autorités maliennes «d’assurer la sécurité de son personnel, notamment à Bamako», alors que le climat s’est alourdi entre la force de l’ONU et le président malien Ibrahim Boubacar Keïta ainsi que les groupes armés soutenant le gouvernement. Le 15 mai, lors de la signature d’un accord de paix à Bamako par le camp gouvernemental et la médiation internationale, Ibrahim Boubacar Keïta avait apostrophé le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, sommant les Nations unies de faire «preuve de justice et d’équité» envers le Mali. Le lendemain à Bamako, Hervé Ladsous s’était insurgé contre un manque de reconnaissance pour les «sacrifices» de la Minusma, qui compte 35 tués en moins de deux ans, soit la mission la plus «coûteuse en vies humaines» depuis la Somalie dans les années 1990, avait-il souligné.
Dans un communiqué, la Minusma a rappellé que depuis son déploiement en juillet 2013, « le nombre de Casques bleus morts au nom de la paix au Mali s’élève à 35, soit 1,06% de l’ensemble des soldats de la paix tombés au cours des 71 Missions de l’Histoire ». « Ce bilan ne prend pas en compte les soldats décédés suite à des accidents ou maladies. A cela s’ajoute plus d’une centaine de soldats victimes de graves blessures suite aux attaques ou explosions de mines », rappelle-t-elle.
Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Bien que les djihadistes aient été dispersés et en grande partie chassés de cette région par l’opération Serval, -lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France et relayée depuis août 2014 par Barkhane, dont le rayon d’action couvre l’ensemble du Sahel- des zones entières échappent encore au contrôle des autorités.
Avec AFP