Mali: les rebelles signeront l’accord de paix le 20 juin
Bilal Ag Acherif (g) : « Nous signerons l’accord de paix le 20 juin ».
La rébellion à dominante touareg s’est engagée vendredi à Alger à signer le 20 juin à Bamako l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, une étape importante dans le processus qui vise à instaurer une paix durable dans le nord de ce pays.
« Nous signerons l’accord de paix le 20 juin », a déclaré le 5 juin Bilal Ag Acherif, le principal négociateur de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, qui fédère les principaux groupes rebelles du nord du Mali) à l’issue d’une rencontre avec la médiation internationale conduite par l’Algérie. Son mouvement a signé vendredi deux documents qui lèvent les derniers obstacles à la signature par le CMA de l’accord de paix le 20 juin. Ces documents visent notamment à rétablir le cessez-le-feu battu en brèche depuis plus d’un mois dans le nord du Mali.
D’après le premier, la CMA a notamment obtenu qu’« une insertion prioritaire et majoritaire des combattants des mouvements politico-militaires notamment de la CMA et des autres mouvements politico-militaires, soit prévue au sein des forces de défense et de sécurité reconstituées déployées au Nord ». La rébellion à dominante touareg a également obtenu des garanties concernant « la représentation des populations du Nord dans les institutions des grands services publics, corps et administration de la République (…) ».
Le second document, d’ordre sécuritaire, préconise le retrait de la ville de Menaka (nord-est) de tous les groupes armés, « sous la supervision de la (Force de l’ONU au Mali) Minusma avec la collaboration des autorités locales ».
‘Pas supplémentaire’ vers la paix. Après un retard de plusieurs heures durant lesquelles le gouvernement malien tentait de convaincre les membres de la Plateforme, des groupes pro-gouvernementaux, de signer les deux documents, la cérémonie a eu lieu sans la signature de cette formation. Le porte-parole de la Plateforme, Harouna Touré, l’a justifié, entre autres, en disant que son groupe ne pouvait « abandonner sans conditions (ses) positions à Menaka », comme le demande la médiation. La prise fin avril par ces groupes armés pro-gouvernementaux des positions rebelles à Menaka a été le point de départ d’une série d’affrontements qui ont fragilisé le cessez-le-feu.
Dans un communiqué, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a rendu « hommage à l’esprit de réconciliation et de compromis démontré par toutes les parties ». La signature des documents de vendredi est « un pas supplémentaire dans l’intérêt exclusif de la paix », a estimé pour sa part le ministre malien des Affaires étrangères, Abdulaye Diop. Pour le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra, le plus important, c’est que « dans cette phase de paix plus aucune vie humaine ne devrait être perdu ».
Application de l’accord: ‘pas facile’. L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali avait été signé le 15 mai à Bamako par le gouvernement malien et la Plateforme mais pas par la rébellion à dominante touareg qui réclamait des discussions supplémentaires. « C’est l’aboutissement de la première phase du travail de la Minusma », s’est félicité Mongi Hamdi, le représentant spécial des Nations unies pour le Mali, tout en assurant que « la phase la plus difficile sera celle de la mise en oeuvre » de l’accord de paix.
L’ambassadrice des Etats-Unis en Algérie Joan A. Polaschik a abondé dans le même sens en précisant « que la mise en œuvre de l’accord de paix ne sera ni facile ni immédiate ». Les accusations d’exactions ont par ailleurs déjà commencé à fuser. Le leader de la CMA a réclamé une enquête sur les exactions commises par toutes les parties, s’engageant à reconnaître ses propres responsabilités. Une réponse à Harouna Touré qui a évoqué dans son intervention des exactions commises par la CMA.
L’accord vise à instaurer une paix durable dans le nord du Mali, qui est tombé à la fin du premier trimestre 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale déclenchée en janvier 2013 et toujours en cours. Mais des zones entières du Nord du Mali échappent encore au contrôle du pouvoir central.
Avec AFP