Vintimille: 200 migrants bloqués à la frontière française
Quelque 200 migrants sont empêchés depuis jeudi par les autorités françaises d’entrer en France.
Le face-à-face entre les migrants et la police aux frontières française se poursuivait dimanche à Vintimille, ville italienne à la frontière avec la France. Quelque 150 migrants sur les 200 empêchés depuis jeudi par les autorités françaises d’entrer en France ont passé la nuit dans la gare de cette ville. «Des sanitaires ont été ouverts, a déclaré un responsable de la gendarmerie de Vintimille. «La Croix-Rouge est également sur place.»
Un responsable de la police locale avait affirmé samedi qu’ils allaient être conduits en car dans des centres d’accueil de la province d’Impéria. Mais «j’ignore pourquoi cela n’a pas été fait», a déclaré ce responsable de la gendarmerie. Une cinquantaine de migrants, parmi ce groupe d’environ 200 personnes venues majoritairement d’Afrique, ont en revanche passé la nuit sur les rochers en bord de mer, à proximité immédiate de la frontière, a constaté l’AFP. «Nous leur avons proposé de rejoindre les autres, ils n’ont pas voulu», a expliqué le responsable de la gendarmerie.
1439 migrants interpellés. «Nous resterons ici demain, après-demain, et même plusieurs mois s’il le faut. Nous ne voulons pas retourner à Vintimille, nous demandons juste à passer en France, pour aller dans d’autres pays», a affirmé à l’AFP l’un d’entre eux, Brahim, 20 ans, indiquant venir du Darfour. Des sacs en plastiques leur ont été distribués par la Croix-Rouge dans la matinée, pour se protéger de fortes pluies. Samedi soir, environ 200 migrants ont été dispersés sans ménagement par la police italienne vers Vintimille, à 5 km du poste-frontière.
«Des contrôles ont été renforcés au fil des semaines à la frontière italienne. Ils ont deux objectifs: permettre l’interpellation de passeurs et de trafiquants, qui ont été nombreuses ces dernières semaines, et éviter les troubles à l’ordre public que peut entraîner la constitution de camps en France», a-t-on indiqué samedi dans l’entourage du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
Durant les sept derniers jours, un nombre record de 1439 migrants illégaux a été interpellé par les forces de l’ordre françaises dans les Alpes-Maritimes, a précisé vendredi le préfet Adolphe Colrat, évoquant un pic supérieur aux semaines records de 2014. Parmi eux, 1097 ont été réadmis en Italie.
L’ONU met en garde contre la xénophobieLe Représentant spécial des Nations Unies pour les migrations, Peter Sutherland, a mis en garde contre la xénophobie qui pourrait être attisée par les mouvements massifs de personnes en provenance d’Afrique en direction de l’Europe. Il a déclaré à la BBC que les migrations ne s’arrêteront pas bientôt et que les pays européens devraient établir un système équitable pour partager la responsabilité de donner refuge à ceux qui fuient vraiment les persécutions. Depuis le début de l’année, la mort de centaines de migrants qui tentent de traverser la Méditerranée a mis en évidence l’ampleur du problème. Peter Sutherland explique que de nombreux migrants, en particulier les Syriens et les Érythréens, fuient véritablement des persécutions. Ils ont selon lui le droit de rester dans les pays européens où ils aboutissent. Mais, dit-il, l’Europe est divisée sur l’accueil qu’elle réserve aux migrants, avec une énorme disparité entre le nombre de migrants pris en charge par des pays comme l’Allemagne et la Suède par rapport au Royaume Uni. Il préconise qu’un système de quota soit mis en place. D’après lui, on n’explique pas bien la cause de l’accueil d’un plus grand nombre de migrants. Et la conséquence, c’est que la peur et la xénophobie augmente. La Commission européenne a demandé aux Etats européens de prendre en charge 40.000 demandeurs d’asile. La Grèce et l’Italie sont les principaux points d’arrivée des migrants et cette dernière a menacé l’Europe de prendre des mesures sévères en l’absence d’une aide Européenne pour faire face à l’afflux de migrants.
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