Retour vers le passé !
Dans une tribune libre Aïda H. Diagne revient sur les derniers développement de l’Accord de paix et jette un regard plein d’humour sur le futur. Une contribution riche en enseignements à lire sans modération.
TRIBUNE Retour vers le passé !Hier, ils vendaient leurs frères en échange de pacotilles. Aujourd’hui ils vendent notre pays en échange d’une impunité chimérique et d’une poignée d’euros. Demain il ne nous restera que nos yeux pour pleurer des larmes de sang. « Hébétés, nous marchons droit vers le désastre». ». Qu’Arnaud Montebourg se rassure, les Français n’y vont pas seuls. L’heure de la résistance a sonné ! Contre-propositions, dans le désordre, de la Coalition pour un Mali Autrement (CMA): 1– « Affectation d’un fonds spécial pour l’Azawad sur le budget de l’Etat à hauteur de 40% sur une période de 20 ans en vue de résorber un retard de plus de 50 ans ». 2– « Le Mali accepte de « prévoir et déterminer le quota qui sera affecté à l’Azawad pour les départements de souveraineté, les grands services de l’Etat, les représentations diplomatiques et les organisations internationales ».
40% de 0, si on a bien appris à compter, c’est 0. Ça, on est prêt à le leur céder. Il nous paraît tout d’un coup plus moral et salvateur d’engraisser agents des impôts, douaniers et autres fonctionnaires, plutôt que de gaver à la sueur de notre front des rebelles soutenus par la communauté internationale. Qu’elle les finance directement, au vu et au su de tous ! Nous, populations déjà exsangues, n’allons certainement pas livrer notre dernière goutte de sang sur simple injonction d‘une communauté, fût-elle internationale, multinationale, algérienne, française ou mnliste. Qu’elle essaie de nous faire chanter nous aussi, elle ne sera pas déçue par l’air que nous lui chantonnerons. Elle verra à quoi ressemble une armée de gueux en colère qui n’a plus rien à perdre. Elle peut toujours demander à Dioncounda Traoré quel effet cela fait de voir déferler sur soi une masse d’êtres humains transformés en bêtes sauvages, à force d’être privés de tout, à commencer par leur statut d’être humain. 3– « Exploitation des ressources minières et énergétiques de l’Azawad soumise à l’autorisation préalable de l’Assemblée inter-régionale, après avis de l’Assemblée régionale. Un quota de 20% de la production sera affecté à l’Azawad avec priorité à la région concernée ».
A Bamako, nous commencerons par réquisitionner l’avion présidentiel pour y installer les néo négriers sous traitants qui nous bradent, qui revanchard cupide victime de chantage pour échapper à une peine de prison pour accointance maffieuse, qui éternel Poulidor pour quelques voitures, secrétaire particulière et autres frais de bouche en attendant son tour de s’abreuver à la mamelle du peuple, qui pour quelques beuveries à la santé de la famille, qui pour une affaire d’avion mal ficelée et de chaussettes en or massif destinées aux militaires… la liste est longue et les places chères. Comme malgré les apparences, il nous reste un fond d’humanité, et que nous voulons qu’ils gardent un bon souvenir de ce qui fut leur pays, nous louerons peut-être un jet privé à Afrijet pour transporter le reste de la bande. Ce sera un vol direct, aller simple pour la France. Pourquoi la France ? Parce qu’on ne veut pas en faire des apatrides à la charge de populations qui n’ont rien demandé, comme c’est le cas avec ATT au Sénégal. Mais pourquoi la France, insistez-vous ? Mais parce qu’ils ont aussi la nationalité française, qu’avec notre argent, ils y ont acheté de beaux appartements et sans doute de belles maîtresses pour ceux qui craindraient la solitude d’une polygamie devenue subitement illégale, et que la place des rebelles y est encore toute chaude. Ensuite, nous essaierons de retrouver l’art de vivre en paix entre Maliens et nous pourrons enfin décider de ce que nous ferons de notre Mali avec d’autres partenaires autres que les anciens colons et d’autres dirigeants dont nous prendrons bien soin de vérifier le passé en vidant tous les placards, afin d’éviter les chantages de casseroles au bruit assourdissant et aux fausses notes assassines. Chère communauté internationale, c’est ça ou la vague « submersive » d’immigrés pronostiquée par Le Pen ressemblera à une petite vaguelette, comparé à ce qui vous attend. Si vous croyez que nous allons nous laisser dépouiller sans réagir parce que vous l’avez décidé, vous surestimez votre pouvoir. Syriens, Maliens, Soudanais vous guettent de moins en moins loin, pour ne parler que des pays touchés pour le moment. Sans compter tous les terroristes que vous nourrissez en votre sein et ailleurs par vos politiques à courte vue de dirigeants réduits à jouer les VRP. Pour finir, nous paraphraserons encore Arnaud Montebourg, frondeur agaceur d’un papa Hollande qui veut faire rimer démocratie et 49 3. «… Est-il encore possible de sauver ce quinquennat et de le rendre enfin utile à notre pays? Est-il encore possible d’éviter le désastre politique et moral pour cette gauche de gouvernement qui semble avoir abandonné [le Mali] ? Oui, nous croyons qu’il n’est pas trop tard pour encore agir et engager enfin une politique différente et innovante. Il suffirait que nos dirigeants ouvrent leurs yeux sur le précipice qu’ils ont ouvert sous nos pieds (et les leurs)… ». Ils ne sont pas prêts de voir le précipice dans lequel ils vont sombrer les premiers, s’ils ne se ressaisissent pas. «… La difficulté n’exclut pas le courage. Il existe une fierté d’être [Malien], une volonté de réussir ensemble. Notre peuple est beaucoup plus conscient des difficultés que ne le pensent ses dirigeants. Il est prêt à faire des sacrifices mais il lui faut un dessein collectif, partager un projet ambitieux, retrouver une part de rêves et toujours chercher à les réaliser. Il est prêt à entendre la vérité et à faire mouvement. Il l’a réclamé. Il est las de s’être menti à lui-même, à travers ses représentants qu’il a désignés ». « …Chacun a bien compris qu’il est désormais impensable qu’il se laisse prendre en otage par des professionnels des appareils politiques et que rien d’innovant, rien de différent de la sempiternelle répétition de la même erreur, ne se produise dans une grande nation politique comme la nôtre. Les [Maliens], qui composent un grand peuple, ne l’accepteront pas, et c’est déjà sur cette base-là qu’ils chercheront à se rassembler et à surprendre comme ils savent si bien le faire… ». Ici Robben Island, les Maliens parlent aux Maliens : « Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse. » Aïda H. Diagne |