Abdoulaye DIOP exhorte l’UA à prendre des sanctions contre les rebelles
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop.
Après huit longs mois de négociations difficiles, le dialogue inclusif inter-malien est aujourd’hui pris en otage par quelques individus pour des raisons inavoués. Une situation que fustige le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, lors de la réunion des membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba.
« Le refus de la Coordination de parapher le projet d’accord favorise les groupes terroristes et de narcotrafiquants dans leurs actions de déstabilisation du Nord du Mali et de toute la région du Sahel, voire au-delà », a déclaré à Addis-Abeba, le 27 mars, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, lors de la réunion des membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) consacrée à l’examen du rapport de la présidente de la commission sur l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Selon le chef de file de la délégation malienne, par ce refus, la Coordination marque également sa défiance à l’égard de la communauté internationale dans le processus d’Alger, une communauté internationale déterminée à imposer la paix au Mali. « En paraphant le projet d’accord, en toute responsabilité et malgré la non prise en compte de son mémorandum de 12 pages d’amendements remis aux membres de la médiation internationale, le gouvernement du Mali a montré sa bonne foi dans la recherche de compromis dynamiques permettant de parvenir à une paix juste et définitive à la crise que traverse notre pays », a indiqué M. Diop.
D’après lui, le paraphe du projet d’accord met ainsi fin aux négociations et gèle en même temps le texte, en vue de la signature au Mali, pour ouvrir ainsi la voie à la phase de mise en œuvre. Dans tous les cas de figure, pour le gouvernement du Mali, le temps des tergiversations et des manœuvres dilatoires est terminé. Le temps demeure notre principal ennemi. Il faut aller à la signature de l’Accord et à sa mise en œuvre rigoureuse pour sortir le pays de cette crise qui n’a que trop duré, avec tant de souffrance et de pertes en vies humaines, avec son lot de populations déplacées et de personnes réfugiées vivant dans des conditions inhumaines », a précisé le chef de la diplomatie malienne.
Abdoulaye Diop a demandé le soutien de l’organisation continentale et de ses Etats membres afin d’exercer les pressions nécessaires pour amener mouvements qui ne l’ont pas encore fait, à parapher l’Accord sans délai en vue de sa signature à Bamako courant Avril 2015. Selon lui, l’Union africaine doit de demander au Conseil de sécurité des Nations Unies de se saisir d’urgence de la question et, au besoin, envisager des mesures, y compris des sanctions ciblées contre ceux qui font obstacle à la paix.
« Nous savons que parmi nos frères, beaucoup aspirent à la paix mais leur voix demeure inaudible, à côté de celle des radicaux, de quelques individus qui, pour des raisons inavoués, instrumentalisent les populations pour faire croire à la communauté internationale que leur « base » a rejeté l’Accord. Non, nous ne sommes pas dupes ; le Conseil de paix et de sécurité ne sera pas dupe. Le jeu de « base masqué » doit cesser », a-t-il révélé. « Chacun doit désormais être mis devant ses responsabilités et en assumer les conséquences. Des individus ne peuvent pas prendre le processus de paix, la communauté internationale et les maliens en otage », a-t-il clamé.
L’absence d’accord comporte des risques énormes, selon le ministre malien des Affaires étrangères, que les ennemis de la paix sont déjà en train d’exploiter. Car au cours du seul mois de mars, la ville de Bamako a été frappée par un attentat terroriste qui a causé la mort de cinq personnes et les villes de Gao et de Kidal ont été visées le par des tirs de roquettes. « Le statu quo actuel nous expose à la recrudescence de la violence dont personne ne peut prédire l’issue. Les groupes terroristes et de narcotrafiquants sont déterminés à faire dérailler le processus de paix. Nous ne pouvons leur laisser le champ libre. C’est pourquoi, nos frères des mouvements de la Coordination doivent faire un choix clair et déterminé pour donner une chance à la paix », a affirmé M. Diop.
Le dialogue inclusif inter-malien, entamé à Alger le 16 juillet 2014, a connu son aboutissement, le 1er mars 2015 à Alger, avec le paraphe du projet d’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, après huit longs mois de négociations difficiles. Les parties à la négociation – dont le gouvernement de la République du Mali, la Plateforme des mouvements d’auto-défense ainsi que tous les membres de l’équipe de la médiation internationale dirigée par l’Algérie – ont paraphé le projet d’accord à l’exception de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui a refusé. Les nombreux appels au dialogue lancés par le Conseil de sécurité des Nations Unies, l’Union africaine, la CEDEAO et la visite, le 17 mars à Kidal, de la médiation pour convaincre la Coordination de ne pas rester en marge du Processus de paix au Mali n’ont pas eu d’effet.
Ibrahim CISSE
Lire ici le Rapport-de-la-présidente-de-la-commission-sur-les-pourparlers-de-paix-inter-maliens-d-Alger