Accords de paix : Bamako peine à trouver le consensus
Le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop (cravate sombre) à côté du Premier ministre Modibo Keïta (en boubou).
Organisé par le gouvernement « la Table ronde des forces vives de la nation sur le processus d’Alger » n’a pas pu converger les positions disparates sur le projet d’accord de paix.
Le gouvernement malien a rencontré samedi 7 février des partis politiques, les associations de jeunes, de femmes et des membres de la société civile. Les échanges ont notamment porté sur les propositions faites par la médiation pour un accord entre Bamako et les groupes rebelles.
Les partis de l’opposition (AFP, FARE-An ka wuli, FCD, Parena, PDES, PIDS, PRVM-Fasoko, PS-Yeelenkura, PSP, URD) qui réclamaient sans cesse une concertation quadripartite gouvernement-société civile- majorité-opposition pour élaborer une position malienne commune ont été les premiers à boycotter la rencontre. L’opposition explique dans un communiqué avoir sollicité depuis le 24 juillet 2014 le gouvernement pour l’organisation d’un tel événement. Et c’est seulement « dans l’après-midi du 5 février 2015, nous avons reçu une lettre du ministre des Affaires étrangères nous invitant à une Table ronde prévue pour le 7 février 2015 ». L’opposition a alors demandé un report d’une semaine afin de tenir des consultations nécessaires sur les termes de référence. Une demande que le gouvernement a refusé.
« Tout indique que le président de la République et le gouvernement ont voulu organiser, pour la forme, à la sauvette et dans la précipitation, la Table ronde de ce samedi, à la veille de la reprise des pourparlers d’Alger », affirme le communiqué rédigé par les dix partis politiques. « L’opposition n’a pas souhaité servir de faire-valoir dans une entreprise de communication du gouvernement. Sur cette question et sur bien d’autres, la conduite du gouvernement est caractérisée par l’amateurisme et le mépris», ont-ils déclaré.
A Bamako, une partie de l’opinion est contre le projet d’accord présenté aux parties (gouvernement malien et groupes rebelles) par la médiation algérienne devant servir de base à un accord de paix. Certains pensent que ce projet porte en lui, les germes d’une partition de fait du pays avec une certaine autonomie accordée aux régions du nord.
Pour le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, le projet d’accord assure l’essentiel en préservant l’intégrité du territoire malien, le respect de la forme républicaine et laïque de l’Etat. Mais lorsqu’on va à une négociation, il faut souvent accepter de faire des compromis. «On ne peut tout gagner tout ce qu’on veut dans une négociation. C’est du donner et du recevoir», a-t-il déclaré.
Cependant les critiques viennent de plus en plus du camp du président Ibrahim Boubacar Keïta lui-même. Le président du Haut conseil islamique Mahmoud Dicko qui a soutenu l’élection d’IBK en 2013 assène certaines vérités. « Il a commis beaucoup d’erreurs », a-t-il reconnu le 7 février lors du congrès de « Sabati 2012 », la mouvance musulmane qui a battu campagne pour IBK. « Certes il est venu trouver le pays dans des difficultés, mais cela ne doit pas être une excuse pour lui pour ne pas bien faire les choses », a déclaré M. Dicko
Ibrahim CISSE