Après l’amenokal, quel avenir pour les négociations de paix
Mohamed Ag Intalla, (scrutant un téléphone) le fils aîné de l’amenokal pourrait le remplacer.
L’amenokal, le chef traditionnel Intalla ag Attaher est décédé jeudi 18 décembre à Kidal à 87 ans. Cet homme qui était le chef des Ifoghas depuis 1962 a été une personnalité incontournable des rébellions touarègues qui ont agité le nord du Mali. S’il a toujours œuvré pour la paix en lançant des appels au calme lors des trois premiers soulèvements (1963, 1990 et 2006), la dernière rébellion éclaté en fin 2011 l’a vu épouser les thèses séparatistes des groupes armées. Ses prises de paroles étaient d’autant plus virulentes que ses fils étaient engagés dans la rébellion armée. Mohamed Ag Intalla, son fils aîné, fonde un nouveau groupe armé, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) est rejoint par son frère Alghabass, ancien cadre du groupe islamiste Ansar Eddine. L’amenokal se range alors derrière le mouvement de ses fils et en devient président d’honneur.
Lune des dernières déclarations publiques du vieux amenokal, obtenu le 29 novembre 2014 par le Sahelien.com était assez révélateur de son état d’esprit et compromettant pour la suite des négociations d’Alger. « Les trois mouvements iront en janvier prochain à Alger et ma vision est que la rencontre doit aboutir à une séparation. Le Mali va nous donner la paix et nous aussi, nous ferons de même. Le Mali va sécuriser son territoire et nous le nôtre. Si la rencontre aboutit à cette vision, c’est une bonne chose, dans le cas contraire, je préfère ne pas me prononcer et je laisse les autres s’en occuper. Si c’est seulement une fédération ou une autonomie qui est possible, cela peut arrêter la guerre mais ne garantira pas la paix. La seule manière d’avoir la paix définitive, c’est la division du pays», avait exprimé Intalla ag Attaher.
Alghabass Ag Intalla→
Dans une autre déclaration faite sur RFI début décembre le doyen des Ifoghas développe sa pensée politique concernant le nord du Mali : « L’Azawad était occupé par la France. Quand la France est partie, elle a installé le Mali ici au Nord. Depuis 1960, aucune infrastructure, aucune administration digne de ce nom n’a été mise en place. Par conséquent, nous n’avons pas le choix, il faut que nous cherchions nous même des solutions pour le développement : créer des écoles, des structures de santé avant de penser à la création d’un Etat même si le but principal c’est d’avoir un jour un Etat avec tout ce que cela comporte d’organisation. Je vous demande de réfléchir à tout ça, d’avoir une réflexion constructive pour l’avenir ».
La succession de l’amenokal devrait se jouer entre ses trois fils : Mohamed, Alghabass et Attayoub. L’avenir des négociations inter maliens d’Alger dépendra en grande partie de celui qui sera désigné pour diriger la tribu des Ifoghas, lune des plus influentes dans la région de l’Adrar.
Ahmadou DIALLO