Après les bavures des casques bleus, la Minusma s’explique
David Gressly, le représentant spécial adjoint de la mission des Nations Unies au Mali (Minusma).
David Gressly, le représentant spécial adjoint de la mission des Nations Unies au Mali (Minusma) donne sa version des faits sur les événements tragiques de Gao.
Face à la tournure des événements à Gao, la mission de l’ONU au Mali à travers une conférence de presse mardi 27 janvier a donné sa version des faits. « Ce matin à Gao, ce qui devait être une manifestation pacifique a malheureusement dégénéré, et des victimes sont à déplorer. Des morts sont à déplorer. Des blessés sont à déplorer », a reconnu David Gressly, représentant spécial adjoint de la Minusma mais ne donne pas un bilan précis. Selon lui, la manifestation devait se tenir place de l’indépendance à Gao. « Alors que nous recevions à leur demande les délégués de la manifestation dans nos bureaux de la Minusma, une foule s’est dirigée vers notre camp où elle s’est amassée aux environs de 10h et a commencé à jeter pierres et cocktails Molotov avant de tenter de pénétrer dans notre camp », a-t-il expliqué.
« Face à la tournure violente des événements, la Police des Nations Unies a alors utilisé du gaz lacrymogène et effectué des tirs d’avertissement dans le but de disperser les manifestants hostiles et les empêcher d’entrer dans le camp de la Minusma » a précisé le représentant spécial adjoint de la mission des Nations Unies au Mali. Cependant M. Gressly se dit attristé par cette escalade de violence qui n’avait pas lieu d’être et rappelle que la Minusma s’engage tous les jours au côté du peuple malien dans le but de ramener paix et stabilité dans le pays.
Convoitises. « Comme vous le savez des affrontements étaient en cours depuis plusieurs semaines à Tabankort et ses environs. Des populations civiles étaient en danger. La Minusma est alors intervenue dans le but de sauver des vies alors que des combats s’y déroulaient », a-t-il soutenu. En effet Tabankort sous contrôle des mouvements de la Plateforme ou groupes d’autodéfense proche de Bamako (Gatia, CM-FPR, CPA, MAA loyaliste) est convoitée par les groupes armés séparatistes de la Coordination (MNLA, HCUA, MAA dissident) qui ont décidé de les déloger.
« Des négociations avec les parties concernées ont alors débuté. Un document de travail, qui je le souligne, est un document de travail et n’a rien d’un document officiel a alors été manipulé et a fuité dans les médias le weekend dernier. Je précise, un document de travail discuté avec la Plateforme et revu avec la CMA en vue d’arrêter les affrontements dans et autour de Tabankort. Ce document était censé être discuté avec les autorités avant de procéder à sa mise en œuvre », a expliqué David Gressly. Mais contre toute attente ce document a été ventilé par le MNLA qui, au passage, y a ajouté son drapeau et le logo des Nations Unies.
« Ce document a été utilisé à des fins de propagande politique, mais également de déstabilisation du processus de paix et nous le déplorons. Un tel procédé ne peut que créer de la confusion et détourner ce document de son objectif principal, à savoir : identifier une sortie de crise satisfaisante pour la situation à Tabankort », a fustigé le représentant spécial adjoint de la mission de l’ONU au Mali. Il a promis « qu’il y aura une enquête sérieuse sur ce qu’il s’est passé » à Gao.
Ibrahim CISSE