Areva, du modèle intégré au démantèlement
Depuis sa création en 2001 avec l’ambition d’être un champion sur l’ensemble du cycle de l’atome, le groupe nucléaire Areva a essuyé de lourds revers qui ont conduit l’Etat français, son principal actionnaire, à amorcer son démantèlement pour assurer sa survie.
Issu de la fusion de la Compagnie générale des matières nucléaires (Cogema) et de la Franco-américaine de constructions atomiques (Framatome), le groupe se lance rapidement dans une stratégie d’expansion tous azimuts, sous l’impulsion d’Atomic Anne, son ancienne patronne Anne Lauvergeon.
Loin de la rigueur de l’abbaye cistercienne d’Arevalo (Espagne) qui a inspiré son nom, Areva acquiert en 2004 la branche transmission et distribution d’électricité d’Alstom, baptisée Areva T et D, avant de la revendre six ans plus tard à Alstom et Schneider Electric.
En 2007, le groupe rachète la société minière canadienne Uramin à prix d’or: 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros à l’époque, environ 2,3 milliards actuels). Mais la richesse en minerai de son principal gisement se révélera très inférieure aux prévisions et l’opération tournera au fiasco financier.
Après le départ d’Anne Lauvergeon, évincée en 2011 avec l’aval de l’Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Areva divise par cinq la valeur comptable de cette société et inscrit dans ses comptes d’importantes provisions, de près de 1,9 milliard d’euros.
En 2014, la Cour des comptes pointe des zones obscures dans ce rachat et dénonce les faits au parquet national financier, qui ouvre une enquête préliminaire puis saisi les juges d’instruction.
Plus globalement, la Cour étrille dans un rapport les dérives d’Areva au temps de la direction d’Anne Lauvergeon, attribuant un certain nombre d’entre elles à la forte personnalité de la présidente du directoire du groupe, détenu à près de 87% par des capitaux publics.
Elle critique aussi la conduite de grands projets industriels, en particulier la construction de l’EPR d’Olkiluoto, en Finlande, qui accumule retards et dérapages financiers. Censé être le fleuron de la filière nucléaire française, ce réacteur de troisième génération plombe les comptes d’Areva, qui a déjà passé quelque 4,6 milliards d’euros de provisions.
Cette stratégie d’expansion est menée à l’époque sur fond de mésentente avec son client EDF, qui valent à la filière nucléaire française un échec cuisant, en 2009, dans l’appel d’offres pour la construction de quatre réacteurs aux Emirats arabes unis, un méga-contrat de 20 milliards de dollars.
Autre revers pour Areva, la création en 2010 d’une division dans les énergies renouvelables, qui se révélera une nouvelle source de pertes pour le groupe alors qu’elle était censée être un relais de croissance. Ces activités ont aujourd’hui vocation à être cédées.
La même année, Areva bénéficie d’une première recapitalisation, avec 600 millions d’euros apportés par le fonds souverain du Koweït et 300 millions par l’Etat français.
En 2011, après l’accident de Fukushima qui jette un froid sur le marché mondial de l’atome, le groupe introduit 4% de son capital en Bourse, au prix de 30,16 euros par action. Celle-ci ne vaut plus que 4 euros environ aujourd’hui.
Face à ces difficultés, le groupe prévoit de supprimer 6.000 postes dans le monde et prévient en décembre qu’il sera à nouveau dans le rouge en 2015, après une perte record de 4,8 milliards d’euros l’année précédente.
Un plan de sauvetage en deux volets est alors concocté par l’Etat français, avec le concours d’EDF. L’électricien doit racheter l’activité réacteurs tandis que l’Etat réinjectera du capital.
Source AFP
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