Au Mali des Peuls dénoncent des exactions contre leur communauté
L’armée et des milices au Mali tuent et arrêtent « injustement » des civils peuls pris pour des jihadistes, a dénoncé dimanche une association malienne regroupant des membres de cette ethnie.
« Des milices formées par des jeunes de villages du Centre du Mali et l’armée malienne font l’amalgame et arrêtent ou tuent des Peuls pris pour des jihadistes. Ces dernières semaines, plus de quinze civils peuls ont été tués comme ça », a déclaré dimanche à la presse Oumar Aldjana, un responsable de l’association « Kawral poulakou » (l’union des Peuls, en langue pulaar), qui revendique plusieurs milliers de membres.
Une dizaine de civils peuls, « injustement » accusés d’être des jihadistes, ont également été arrêtés ces dernières semaines dans le Centre du Mali, a dit M. Aldjana lors d’une conférence de presse.
« On prend parfois tous les Peuls pour des jihadistes, mais c’est faux. Il ne faut pas faire d’amalgame. Nous sommes fiers d’être des Maliens mais nous sommes aussi fiers d’être Peuls ».
« Sur les cas de tueries de civils peuls, je n’ai aucun élément pour répondre mais j’insiste : notre armée est respectueuse des droits de l’homme. Donc, je ne confirme pas ces tueries », a répondu à l’AFP une source militaire, demandant à ne pas être citée nommément.
L’association « Kawral poulakou » affirme par ailleurs soutenir l’accord d’Alger, pour le retour de la paix dans le nord du Mali, signé en mai-juin 2015 entre le camp gouvernemental et l’ex-rébellion à dominante touareg.
Elle s’est engagée à travailler au retour « au sein de la République » du Mali de certains jeunes peuls qui ont intégré les rangs des islamistes du « Front de libération du Macina » (FLM).
Le FLM, un groupe basé dans le centre du Mali, apparu début 2015, est dirigé par le prédicateur radical malien Amadou Koufa, un Peul.
Le FLM est allié au groupe jihadiste malien du nord du pays Ansar Dine. Ces deux groupes revendiquent régulièrement des attaques dans le Nord et le Centre.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.