Au Mali, les « téléchargeurs » inventent le streaming hors ligne
Un « téléchargeur » installé devant le siège de Malitel où s’affairent revendeurs et autres réparateurs de téléphone.
Un Spotify en chair et en os. A Bamako, la capitale du Mali, les « téléchargeurs » peuvent vous trouver n’importe quoi rayon musique. Du dernier titre de Kanye West en passant par le dernier cru Afropop de Salif Keïta. Dans un continent africain où l’accès à Internet est très inégal, les téléchargeurs combinent art de la débrouille et conseils pro, façon vendeur Fnac.
Installés dans la rue avec leurs ordis portables, ils vous proposent du son à prix cassés. Avec l’aide de logiciels « torrent », les téléchargeurs vous concoctent des playlists pour quelques centimes de dollars, puis les installent sur vos téléphones portables. Comme une version hors-ligne à des applications de streaming musical, type Spotify ou Apple Music.
En plus de proposer des titres, les téléchargeurs font aussi dans la reconnaissance musicale, façon Shazam. Boubacar Alkouraichi, journaliste freelance dans la capitale malienne, témoigne sur France24 :
« J’ai vu une cliente chanter trois notes d’une chanson qu’elle avait entendue dans la rue, mais dont elle ne connaissait pas l’auteur. Le téléchargeur l’a tout de suite reconnue ! »
Le business reste malgré tout illégal (les morceaux sont piratés) et a déjà suscité une petite campagne d’opposition des artistes maliens, rapporte le journaliste. Mais à l’heure actuelle, où seulement 15% des Africains disposent d’une connexion à Internet via leurs mobiles, les téléchargeurs font avec les moyens du bord. Et deviennent les rois incontestés du streaming hors-ligne.