Au Mali, Tombouctou retrouve ses mausolées détruits par les djihadistes
Prière collective dans la mosquée Djingareyber, le 4 février à Tombouctou, après la cérémonie de restauration des mausolées détruits par les djihadistes en 2012, et réhabilités avec l’Unesco. AFP
Plus de trois ans après la destruction des mausolées de Tombouctou par les djihadistes, à coups de pioche, de houe et de burin, la cité légendaire du nord-ouest du Mali a repris la semaine dernière possession de ses sanctuaires, reconstruits à l’identique. C’est au nom de la lutte contre « l’idolâtrie » que le groupe touareg malien Ansar Dine les avait démolis en 2012. C’est par une cérémonie de sacralisation, avec lecture intégrale du Coran et prière collective, que s’est achevé le 4 février la patiente œuvre de réhabilitation.
« C’est un symbole fort pour la paix », s’est félicité Sane Chirfi, représentant de la famille responsable du mausolée Alpha Moya, l’un des tout premiers vandalisés. « Les mausolées sont des symboles de rassemblement, parce que parmi les saints de Tombouctou, il y a des saints de toutes les ethnies ». « On avait vu la dureté des images, la brutalité des destructions, et aujourd’hui, ce mausolée, nous sommes très heureux qu’il soit debout », a confié le représentant de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), qui a conduit le projet. « Il s’agit de remettre en activité ces monuments-là : que ceux qui avaient l’habitude de les fréquenterpuissent revenir se recueillir dans ces mausolées », a assuré le directeur de cabinet du ministre de la culture, Almamy Ibrahim Koreissi.
Grâce au savoir-faire traditionnel des maçons de Tombouctou et aux matériaux locaux, les édifices restaurés sont semblables aux originaux. Pour parvenir à ce résultat, les restes des murs ont été récupérés. Les anciennes photos ont été consultées et, la tradition culturelle se transmettant généralement de bouche à oreille, des personnes âgées ont été interrogées avant et pendant les travaux. Après le sacrifice rituel de cinq bœufs tôt dans la matinée, la cérémonie, dans la mosquée de Djingareyber, s’est conclue par la remise des clés aux familles en charge des sanctuaires.
La « cité aux 333 saints » toujours menacée. Tombouctou, la « cité aux 333 saints », a été occupée par les djihadistes en 2012 comme le reste du nord du Mali, avant qu’ils soient chassés par l’opération militaire internationale à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement. Leur fanatisme a causé de profonds dommages à la richesse culturelle d’une ville classée au Patrimoine de l’humanité depuis 1988. La « perle du désert », qui fut un carrefour de l’islam au XVe et au XVIe siècle, est mondialement connue pour ses trois grandes mosquées, mais aussi pour ses mausolées de saints musulmans et ses manuscrits anciens.
Selon l’Unesco, qui l’a classée au Patrimoine mondial de l’humanité en péril, elle compte « seize cimetières et mausolées qui étaient des composantes essentielles du système religieux dans la mesure où, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers ». Quatorze de ces mausolées de saints musulmansavaient été détruits par des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda.
La réhabilitation des mausolées a été achevée sur le plan architectural en septembre 2015, le même mois que la première comparution devant la Cour pénale internationale (CPI) d’un suspect, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, membre d’Ansar Dine, accusé d’avoir dirigé les dégradations contre neuf mausolées et une mosquée. Malgré cette spectaculiare rénovation, la zone du nord du Mali reste instable : vendredi, une attaque de djihadistes présumés sur le camp de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) à Tombouctou, s’est soldée par la mort d’un militaire et d’« au moins quatre terroristes », selon l’armée malienne.
Le Monde.fr
Pingback: Au Mali, Tombouctou retrouve ses mausolées détruits par les djihadistes – Malicom – Toute l’actualité Malienne en direct | Malicom – Actualité du Mali sur Internet