Bamako : ce que l’on sait de la prise d’otages à l’hôtel Radisson
Un otage évacué de l’hôtel Radisson Blu par les forces de sécurité maliennes, à Bamako, le 20 novembre 2015.
L’hôtel Radisson de la capitale malienne a été le théâtre d’une prise d’otages, parmi lesquels de nombreux étrangers. Il y a au moins 27 morts.
La prise d’otages menée par des hommes armés à l’hôtel Radisson Blu de Bamako s’est terminée vendredi après neuf heures d’enfer et plus d’une vingtaine de morts, grâce à l’intervention conjointe des forces maliennes et françaises. « La prise d’otages est terminée. Nous sommes actuellement en train de sécuriser l’hôtel », a déclaré une source militaire sous le couvert de l’anonymat. Un journaliste de l’AFP devant l’hôtel a vu des agents de la protection civile en sortir des corps dans des sacs mortuaires orange sur des brancards.
Il y a au moins 27 morts, a affirmé une source de sécurité étrangère sous le couvert de l’anonymat, tandis qu’une source militaire malienne affirmait que « deux terroristes ont été tués ». Dans la matinée, le ministère malien de la Sécurité intérieure avait parlé de « deux ou trois » assaillants. « Ça se passe au 7e étage, des djihadistes sont en train de tirer dans le couloir », avait alors déclaré une source de sécurité.
Les auteurs de l’attaque « n’ont plus actuellement d’otage entre leurs mains et les forces sont en train de les traquer », avait assuré peu avant 16 heures le ministre de la Sécurité intérieure, le colonel Salif Traoré, lors d’une conférence de presse après plusieurs heures d’assaut à l’intérieur de l’hôtel.
Les forces spéciales françaises venues de Ouagadougou, au Burkina Faso voisin, se trouvaient à l’intérieur de l’hôtel et « participaient aux opérations aux côtés des Maliens », a souligné la source de sécurité étrangère. Par ailleurs, dans la matinée, la France, qui intervient militairement au Mali depuis janvier 2013, a envoyé une quarantaine de membres du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) au Mali.
Une semaine après les attentats de Paris. Immédiatement après la fin de l’assaut, le président malien Ibrahim Boubacar Keita – qui a écourté son séjour au Tchad où il était pour un sommet des cinq pays du Sahel – a salué sur son compte Twitter « le professionnalisme des forces de défense et de sécurité du Mali et remerci(é) les pays amis pour leur assistance ».
L’attaque du Radisson Blu, prisé de la clientèle internationale, a débuté vers 6 h 30 (locale et GMT). Elle survient une semaine exactement après les attaques meurtrières revendiquées par le groupe État islamique qui ont fait 130 morts à Paris et plus de 350 blessés.
Dans la matinée, le groupe hôtelier Rezidor, qui gère le Radisson Blu, situé à l’ouest du centre-ville de Bamako, avait d’abord parlé de 140 clients et 30 employés dans l’hôtel par deux assaillants. Peu avant 14 heures, l’établissement ne parlait plus que de « 125 clients et 13 employés » toujours retenus dans l’immeuble de 190 chambres.
« Nos forces spéciales ont libéré une trentaine d’otages et d’autres ont pu s’échapper tout seuls », avait déclaré à la mi-journée le colonel Traoré, le ministère faisant ensuite de « 72 personnes libérées ». Cette attaque rappelle la prise d’otages du 7 août dans un hôtel à Sévaré (centre), qui avait fait 13 morts. Le 7 mars, le premier attentat anti-occidental meurtrier à Bamako, visant un bar-restaurant, avait coûté la vie à cinq personnes, dont un Français et un Belge.
Nationalités diverses. Les assaillants sont entrés dans l’enceinte de l’hôtel au même moment qu’une voiture munie d’une plaque diplomatique, selon le ministère. Des tirs d’armes automatiques ont ensuite été entendus.
Outre des policiers et militaires maliens, des forces spéciales de la gendarmerie étaient déployées, ainsi que des membres de la Minusma et de la force française Barkhane. « Les Américains également sont en train de nous apporter un appui à l’intérieur de l’hôtel », avait précisé le colonel Salif Traoré.
Des étrangers d’au moins 14 nationalités faisaient partie des quelque 140 clients de l’hôtel Radisson Blu, selon le ministère malien de la Sécurité intérieure et les autorités ou employeurs des pays concernés. Y étaient présents des ressortissants venant d’Algérie, d’Allemagne, de Belgique, du Canada, de Chine, de Côte d’Ivoire, d’Espagne, des États-Unis, de France, d’Inde, du Maroc, de Russie, du Sénégal et de Turquie.
Air France, qui a annulé tous ses vols à partir et à destination de Bamako, faisait état de 12 employés logés dans l’établissement qui ont été mis « en lieu sûr ». Le ministère malien de la Sécurité évoque quant à lui 15 « citoyens français » libérés, sans plus de précisions.
Début 2012, le nord du Mali est tombé sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Les attaques djihadistes se sont étendues depuis le début de l’année vers le centre, puis le sud du pays.
Dans un enregistrement remontant à octobre et récemment authentifié, le chef du groupe djihadiste Ansar Dine, allié d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Iyad Ag Ghaly, dénonçait l’accord de paix signé en mai-juin entre le camp gouvernemental et la rébellion et appelait à frapper la France « croisée ».
lepoint.fr avec AFP
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