Brésil : des accusations explosives ébranlent le gouvernement
Visée par une procédure parlementaire de destitution, la présidente Rousseff est empêtrée dans la crise politique.
Alors que le Brésil était suspendu à l’annonce d’une possible entrée au gouvernement de l’ex-président Lula, le camp présidentiel a été atteint mardi de plein fouet par de nouvelles accusations dans le scandale de corruption Petrobras
La justice a rendu publiques les confessions d’un sénateur du Parti des travailleurs (PT, gauche) mis en examen dans le cadre de ce scandale, qui accuse le ministre de l’Education, Aloizio Mercadante, d’avoir tenté d’acheter son silence pour protéger le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff, dauphine de Lula.
A l’appui de ses accusations, l’ancien leader du groupe PT au Sénat a fourni aux enquêteurs des enregistrements de conversations accablantes entre le ministre Mercadante et son suppléant.
Le sénateur, alors en détention provisoire, doit garder son calme, y explique le ministre au suppléant de M. Amaral, qui a enregistré la conversation à son insu.
Il porterait en effet une responsabilité monumentale dans la déstabilisation du gouvernement s’il collaborait à l’enquête, tente de convaincre le ministre.
Selon la transcription de cet enregistrement, le ministre assure que le sénateur ne doit pas s’inquiéter pour la question financière, en particulier le paiement de ses avocats qui pourrait être réglée par une entreprise lié au PT.
Le sénateur va plus loin dans ses accusations, affirmant que le ministre avait agi en tant qu’émissaire de la présidente de la République.
Le ministre Aloizio Mercadante, figure importante du PT, s’est défendu de ces accusations lors d’une conférence de presse. Je veux rejeter cette tentative de m’impliquer avec des procédés qui ne sont pas compatibles avec l’Etat de droit démocratique du Brésil, a-t-il déclaré.
-Des révélations qui vont coûter cher – Dans un communiqué diffusé peu après, Dilma Rousseff a rejeté avec véhémence et indignation la tentative de l’impliquer dans l’initiative personnelle du ministre Aloizio Mercadante. Selon les médias brésiliens, M. Mercadante devait être reçu par la présidente.
Ces révélations vont coûter très cher au gouvernement parce que le sénateur Amaral a toujours été un homme fort du gouvernement et de confiance de la présidente Dilma, a déclaré à l’AFP Ivar Hartmann, l’analyste politique à la Fondation Getulio Vargas de Rio de Janeiro.
L’issue à la crise recherchée par le PT, avec l’entrée éventuelle de Lula au gouvernement, est encore plus difficile maintenant, a ajouté cet analyste.
Visée par une procédure parlementaire de destitution, la présidente Rousseff est empêtrée dans une crise politique majeure qui menace de la faire chuter.
Dimanche, trois millions de Brésiliens ont réclamé son départ lors de manifestations d’une ampleur historique, alors que le pays est plongé en pleine récession économique.
Samedi, le grand parti centriste PMDB, pilier incontournable de la coalition au pouvoir, avait annoncé se donner 30 jours pour décider de claquer ou non la porte du gouvernement.
Dans ce contexte critique, l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, mentor politique de la présidente Rousseff est le seul homme politique capable de ressouder la coalition au pouvoir, a commenté à l’AFP une source gouvernementale
Lui-même rattrapé par le scandale Petrobras, l’ex-chef de l’Etat est arrivé à Brasilia en début de soirée où il devait s’entretenir avec la présidente sur sa possible entrée au gouvernement. Il pourrait y entrer comme chef de cabinet de Dilma Rousseff ou assumer le secrétariat au gouvernement, selon la source gouvernementale interrogée par l’AFP.
L’intention est d’aider la présidente à faire face à la procédure d’impeachment et pas d’échapper à la justice, a assuré cette source. En intégrant le gouvernement, Lula échapperait de facto à la menace d’un placement en détention par le juge fédéral Sergio Moro chargé du dossier Petrobras, qui le soupçonne de corruption et blanchiment d’argent.
En tant que ministre, Lula ne pourrait en effet répondre pénalement que devant le Tribunal suprême fédéral (STF), chargé du volet du volet politique de l’enquête.
AFP
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