Brésil: soupçonné de corruption, Lula ne craint pas la justice
L’ancien président brésilien Lula da Silva a été interpellé dans le cadre de l’enquête sur le scandale de corruption Petrobras.
L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé ne pas craindre la justice et clamé son indignation vendredi après avoir été interpellé par la police dans le cadre de l’enquête sur le scandale de corruption Petrobras.
Je me suis senti prisonnier ce matin dans les locaux de la police fédérale situés à l’aéroport de Congonhas, à Sao Paulo, a déclaré Lula au siège du Parti des travailleurs (PT).
S’ils voulaient m’entendre, il fallait juste me convoquer et j’y allais. Je ne dois rien (à personne) et je ne crains pas la justice, a souligné Lula, reprenant un proverbe brésilien, qui ne doit rien, ne craint rien.
L’ancienne icône de gauche qui a gouverné le Brésil de 2003 à 2010 a qualifié la perquisition à son domicile, puis son transfert au siège de la police, de show médiatique plutôt qu’une enquête sérieuse.
L’actuelle présidente, Dilma Roussef, s’est également indignée de l’interpellation inutile de son mentor, dans un communiqué.
Les procureurs ont rallumé la flamme qui m’habite! La lutte continue!, a lancé Lula comme un défi, faisant part à plusieurs reprises de son indignation face à ceux qui veulent criminaliser le Parti des travailleurs, criminaliser Lula par crainte que le PT reste au pouvoir.
Je ne sais pas si je serai candidat en 2018 à la présidence, a-t-il lancé, promettant toutefois de parcourir le pays en défense du parti qu’il a fondé en 1980, vers la fin de la dictature.
Devant le siège du PT, des dizaines de militants agitaient les drapeaux rouges du parti et des banderoles de soutien à Lula. Il n’y aura pas de coup d’Etat!, criaient-ils.
Le président vénézuélien, le socialiste Nicolas Maduro, lui a apporté son soutien via Twitter: De cette attaque misérable tu sortiras plus fort, le Venezuela t’embrasse.
– ‘Violence juridique’ – Selon le procureur Carlos Fernando dos Santos Lima de l’Etat du Parana (sud), en charge de l’enquête, l’ex-chef d’Etat a bénéficié de beaucoup de faveurs de la part de grandes entreprises du bâtiment, accusées de corruption dans le scandale Petrobras.
Les faveurs sont nombreuses et difficiles à quantifier, mais personne n’est au-dessus de la loi dans ce pays, a martelé devant la presse le procureur, qui n’envisage pas de demander l’incarcération de l’ancien chef d’Etat à l’heure actuelle.
Lula a subi une violence juridique, a dénoncé son avocat, Cristiano Zanin Martins. Rien ne justifie cette urgence. C’est un affront à la Constitution, a-t-il souligné.
L’ex-président a été interrogé sur un appartement triplex, une maison de campagne et des conférences qui sont des sujets connus pour lesquels il a déjà été interrogé et a déjà répondu, a poursuivi l’avocat, soulignant que Lula avait le droit de se taire mais a quand même répondu.
Devant son domicile comme à l’aéroport où il a été interrogé, des dizaines de militants pro et anti-Lula lançaient des mots d’ordre et s’insultaient mutuellement, parfois en venant aux mains, sous les yeux attentifs d’effectifs de police armés.
Lancée en 2014, l’enquête sur le scandale Petrobras a mis au jour un système de trucage systématique des marchés passés entre le géant pétrolier contrôlé par l’Etat et 16 entreprises, donnant lieu à des commissions de 1 à 3% sur chaque contrat dont une partie était reversée à des élus de la coalition au pouvoir.
L’opération Lavage rapide intervient au lendemain d’une avalanche de nouvelles accusations de corruption dans le scandale Petrobras avec notamment la déclaration d’un sénateur impliquant, selon la presse, Rousseff et Lula en assurant que la présidente a manipulé l’enquête.
Ces révélations filtrées, apocryphes, sélectives et illégales doivent être rejetées et leur origine rigoureusement tirée au clair car elles bafouent la loi, la justice et la vérité, a réagi Dilma Rousseff.
La chef de l’Etat actuelle est elle aussi en mauvaise position, menacée par une procédure de destitution lancée fin 2015 par un groupe de juristes, soutenus par l’opposition, qui l’accusent d’avoir maquillé les comptes publics.
AFP
Lula, le guerrier du peuple brésilien soupçonné de corruptionSao Paulo – Enfant pauvre des terres arides et ancien ouvrier tourneur, Luiz Inacio Lula da Silva est devenu l’un des présidents les plus charismatiques et puissants de l’histoire du Brésil mais son image est ternie par des soupçons de corruption dans le cadre du vaste scandale Petrobras. Au terme de deux mandats consécutifs, l’icône de la gauche a quitté ses fonctions en 2011 avec une popularité record de 80%, considéré par beaucoup comme le guerrier du peuple grâce à ses programmes sociaux ayant sorti plus de 30 millions de Brésiliens de la misère. Il aime d’ailleurs à raconter, de sa voix rauque, qu’une mère de famille, depuis qu’elle a la lumière grâce au programme Electricité pour tous, se lève trois ou quatre fois la nuit pour voir son enfant dormir. A son arrivée au pouvoir en 2003, il a également imposé le Brésil sur la scène internationale. Au point que la revue Foreign Policy l’a comparé à une étoile du rock sur la scène internationale. C’est en grande partie grâce à ce prestige que le Brésil a été choisi pour accueillir le Mondial de football en 2014 et les Jeux Olympiques de 2016. Mais cinq ans après avoir réussi à faire élire sa dauphine, Dilma Rousseff, et alors que le pays est en récession, très loin du boom économique de 2010 favorisé par la hausse du prix des matières premières et de la demande chinoise, Lula a été rattrapé par le scandale. L’ancien président, âgé de 70 ans, a été entendu vendredi par la police fédérale qui a perquisitionné son domicile avant de l’emmener pour l’interroger sur de présumés délits de corruption et blanchiment d’argent dans le cadre du vaste scandale Petrobras. Selon le procureur Carlos Fernando dos Santos Lima, l’ex-chef d’Etat a bénéficié de beaucoup de faveurs de la part de grandes entreprises du bâtiment, accusées de corruption dans ce scandale. Lula, relâché après son interrogatoire, a nié les accusations en bloc et assurait qu’il ne craint pas la justice. – Pauvreté, pouvoir, pragmatisme – Né le 6 octobre 1945, huitième et dernier enfant d’une famille d’agriculteurs pauvres du Pernambouc (nord-est), Lula a sept ans lorsqu’il émigre avec sa famille vers l’Etat de Sao Paulo pour échapper à la misère. Ouvrier métallurgiste à 14 ans, il perd l’auriculaire gauche dans un accident du travail. A 21 ans, il entre au syndicat des métallurgistes et en devient le président en 1975. Il conduit les grandes grèves de la fin des années 70, en pleine dictature militaire (1964-1985). En 1980, il fonde le Parti des Travailleurs (PT) puis participe en 1983 à la création de la Centrale Unique des Travailleurs (CUT). Lula se présente pour la première fois à l’élection présidentielle en 1989, où il échoue de peu. Après deux nouveaux échecs en 1994 et 1998, la quatrième tentative sera la bonne, en octobre 2002. Il est réélu en 2006. L’accession de l’ancien petit cireur de chaussures à la tête de l’Etat est due à son charisme et à un pragmatisme politique à toute épreuve. L’homme sait notamment tisser des alliances imprévues ou se débarrasser sans hésiter d’amis devenus gênants: en 2005, il a décapité toute la direction de sa formation, le Parti des Travailleurs (PT-gauche), à la suite de scandales de corruption. Je sais le nombre d’infamies et de préjugés que j’ai surmontés pour arriver où je suis. Maintenant, mon seul objectif est de montrer que je suis plus compétent que beaucoup de gens qui ont gouverné ce pays, disait Lula avant sa réélection en 2006. Sa vie post-présidentielle a, elle, été semée d’embûches. En octobre 2011, un cancer du larynx lui a été diagnostiqué et il a subi avec succès une chimiothérapie. Depuis son départ du pouvoir, il est resté confronté à l’hostilité des élites qui redoutaient une nouvelle candidature à la présidentielle de 2018. Une option que Lula n’a jamais confirmée, affirmant seulement qu’il se présenterait si c’est nécessaire. Mais c’était avant le scandale. AFP |
Scandale Petrobras au Brésil : les dates-clésSao Paulo – Voici les dates-clés du scandale touchant le géant pétrolier Petrobras, compagnie publique phare du Brésil, qui a révélé un vaste réseau de corruption dans les milieux politiques et économiques : 2009 : une enquête commence sur Petrobras à partir de dénonciations de détournements de fonds pour un montant de 2,1 milliards de réais (743 millions de dollars). 2014 – mars : le scandale éclate et secoue la campagne présidentielle pour la réélection de Dilma Rousseff. Les enquêteurs ont découvert un système généralisé de pots-de-vin versés depuis une dizaine d’années par les principales entreprises de construction du pays à des responsables de Petrobras en échange de contrats. Une partie de ces pots-de-vin étaient reversés au Parti des Travailleurs (PT) de Dilma Rousseff ainsi qu’à de nombreux élus. Mme Rousseff elle-même a été à la tête du Conseil d’administration de Petrobras pendant de nombreuses années. Le procureur de la République demande à la Cour suprême d’ouvrir des enquêtes sur 54 personnes, dont de nombreux hommes politiques. 2015 – 21 septembre : l’ancien trésorier du PT, Joao Vaccari, est condamné à 15 ans de prison pour avoir participé au réseau de corruption de Petrobras, notamment en distribuant dans son parti les pots-de-vin versés par les entreprises en contrat avec Petrobras. – 1er octobre : la justice suisse bloque les comptes bancaires d’Eduardo Cunha, président de l’Assemblée, poursuivi par le parquet brésilien pour avoir reçu au moins 5 millions de dollars de pots-de-vin. Ultra-conservateur, il est cependant l’allié parlementaire du PT. – 11 novembre : la Cour suprême décrète l’incarcération de plusieurs proches de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), dont Jose Dirceu, son ancien chef de cabinet entre 2003 et 2005 et co-fondateur du PT, impliqué dans le réseau de corruption. – 25 novembre : le chef du groupe sénatorial du PT, fidèle soutien de Mme Rousseff, Delcidio do Amaral, lui aussi impliqué dans le scandale, est placé en détention provisoire. Il sera libéré à la mi-février 2016 pour comparaître libre à son procès. – 15 décembre : des perquisitions sont menées dans les résidences d’Eduardo Cunha à Brasilia et à Rio. Au total, 53 mandats de perquisition ont été délivrés, dont au moins quatre concernant deux ministres et deux parlementaires du même parti que M. Cunha, le PMDB (Parti du mouvement démocratique brésilien). 2016 – 22 février : arrestation du publicitaire chargé des campagnes présidentielles de Dilma Rousseff et Lula, Joao Santana, pour qu’il explique si de l’argent reçu à l’étranger provient d’entreprises du BTP impliquées dans le scandale. – 3 mars : la Cour suprême décide d’ouvrir un procès pour corruption et blanchiment d’argent contre le président de l’Assemblée Eduardo Cunha. – 4 mars : des perquisitions sont menées au domicile de l’ex-président Lula à Sao Paulo et de plusieurs de ses collaborateurs. M. Lula est emmené par la police pour être interrogé sur des soupçons de corruption et blanchiment d’argent. – Le procureur chargé de l’enquête accuse Lula d’avoir bénéficié de faveurs de la part d’entreprises accusées de corruption AFP
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