CAN 2015 : l’espoir est permis malgré un tirage moins favorable
Les Aigles ne manquent pas d’atouts pour s’extraire d’un groupe relevé avec la Côte d’Ivoire, le Cameroun et la Guinée.
Qualifiés de justesse pour la phase finale de la 30e Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football et tombés dans un groupe difficile à la phase finale, les Aigles du Mali n’auront pas tellement droit à l’erreur s’ils veulent accéder au podium de la compétition comme en 2012 et en 2013. Mais, sortir déjà d’une poule déjà qualifiée par certains chroniqueurs de «Groupe de la mort» avec deux mondialistes (Côte d’Ivoire et Cameroun) et la Guinée Conakry sera déjà un défi à part. Et pourtant, les Aigles ne manquent pas d’argument et d’atouts pour rivaliser avec les meilleures sélections du continent.
«Je vous dis, et il n’ya pas de doute, que le Mali va remporter la Can 2015» ! C’est la promesse faite par le Ministre des Sports, Housseini Amion Guindo, aux maires de son parti, Convergence pour le Développement du Mali (CODEM), qui souhaitaient seulement voir le Mali battre la Côte d’Ivoire. Il est vrai qu’on ne se qualifie à une phase finale de CAN juste pour se contenter d’une revanche sur une «bête noire» (Côte d’Ivoire). S’il y a syndrome à vaincre pour le Mali en Guinée Equatoriale, c’est celui qui nous empêche d’accéder à la finale de cette compétition depuis «Yaoundé 72» (Cameroun) avec la défaite des Aigles contre les Diables Rouges du Congo-Brazzaville (2-3).
Jeune leader politique, Housseini Amion Guindo aime les défis. Mais, il est sans doute conscient qu’il a placé la barre très haut devant les édiles de sa chapelle. Surtout que le tirage du 3 décembre dernier n’a pas été clément avec le Mali qui se retrouve dans le même groupe (D) que deux mondialistes (Côte d’Ivoire avec un sacre continental et le Cameroun qui a quatre titres à son palmarès) et la Guinée-Conakry.
Un tirage peu favorable, mais qui ne fait pas peur aux Aigles et à leur encadrement technique. «Nous respectons tous nos adversaires parce que ce sont de grandes nations de football et ils ne sont pas à ce niveau par hasard. Mais, nous ne craignons aucune sélection parce que nous devons aussi nous faire respecter», a déclaré Seydou Kéita (AS Roma), capitaine des Aigles du Mali, après le tirage au sort. «On n’a pas été gâté par ce tirage au sort… Mais, nous sommes dans un groupe bien équilibré et tous les matches sont à jouer à fond. La qualification va se jouer sur des détails… Nous comptons prendre match par match. Il nous faut aussi un bon état d’esprit pour gagner des matches», a pour sa part exprimé le sélectionneur national du Mali, le franco-polonais Henri Kasperczak.
Avec la qualité de l’effectif actuel, qui fait que le coach a souvent l’embarras du choix à certains postes, le Mali ne doit techniquement redouter aucun adversaire. C’est généralement mentalement et tactiquement que les Aigles flanchent dans les moments décisifs. Deux lacunes qu’il faudra corriger parce qu’elles se payent cash en haute compétition.
Il Faut espérer également que l’encadrement aura la lucidité de tirer les enseignements des éliminatoires et aura le courage de prendre les mesures qui s’imposent. Les errements constatés dans la gestion de l’effectif pendant les éliminatoires ne seront pas admis en phase finale.
Surprendre les Lions pour faire peur aux Eléphants. Comme l’écrivait récemment un confrère, «Henri (Kasperczak) se doit de faire un choix sans complaisance de joueurs pouvant répondre à ses schémas tactiques». Pour beaucoup d’observateurs, si le Mali parvient à s’extraire de cette poule, il aura un boulevard ouvert jusqu’en demi-finale. Et pour ce faire, il faudra négocier rencontre par rencontre sans complexe. Toutefois, à notre avis, le premier match contre les Lions Indomptables du Cameroun sera le plus déterminant. Une victoire contre ce premier adversaire, l’un des pays les plus convaincants des éliminatoires avec l’Algérie et le Cap-Vert, sera peut être déterminant dans la suite du parcours des Aigles.
Henri Kasperczak
Surtout que ce math aura un parfum de revanche pour Seydou Kéita et ses coéquipiers. En effet, en demi-finale de «Mali 2002», les Aigles avaient été étrillés (0-3) par les Lions indomptables. Et ironie du sort, c’est Henri Kasperczak qui coachait la sélection nationale malienne dont les seuls rescapés sont Seydou Kéita et Fousseyni Diawara qui étaient à leur début.
Du côté du Cameroun, on a presque tourné la page en purgeant l’équipe de ses stars plus capricieuses que performantes. En Guinée Equatoriale, le Cameroun revient avec une nouvelle génération de joueurs pour tenter de confirmer sa suprématie continentale. De jeunes qui ont brillé de milles feux dans la phase éliminatoire. Si jamais, nous parvenons à battre le Cameroun, il sera alors aisé de négocier les deux autres rencontres face au Sily National de la Guinée et les Eléphants de la Côte d’Ivoire. Même si les Ivoiriens restent notre bête noire et que cette sélection regorge toujours de formidables compétiteurs comme Yaya Touré et Romain Gervinho, la Côte d’Ivoire n’a pas brillé pendant les éliminatoires. Depuis le mondial brésilien, elle a du mal à trouver ses marques. Et la retraite du Didier Drogba a laissé des traces dans le leadership du groupe. Cette Côte d’Ivoire est prenable pour une équipe audacieuse capable de la faire douter. Et nous pensons qu’avec un savant dosage de jeunes décomplexés et de cadres expérimentés, le Mali peut lui tenir la dragée haute. Si le mental ne flanche pas bien sûr !
Rien à perdre. Quant au Sily national (ces autres Eléphants qui ne portent pas leur nom) de la Guinée Conakry, il n’a rien à perdre dans cette compétition. Absente en Afrique du Sud, les Guinéens ne viendront pas en victime expiatoires et vont se battre pour surprendre. Déjà, leur qualification avec tous leurs matches disputés à l’extérieur à cause de la fièvre Ebola est un exploit qui en dit long sur leur mental. Les supporters des Aigles du Mali auront donc tord de considérer les Guinéens comme de «bons clients» à la portée de leurs préférés. Dans cette poule, la Guinée peut surprendre les favoris autant que le Mali.
Mais, à la lumière du passé et de notre modeste expérience de chroniqueur sportif, nous sommes convaincus que le vrai adversaire du Mali en Guinée Equatoriale ne sera ni la Côte d’Ivoire, ni le Cameroun, ni la Guinée. Mais, le… Mali ! Et cela parce que les acteurs du foot malien sont généralement incapables de transcender leurs divergences au nom de l’intérêt national. Quand on aura gagné le pari de l’unité et de la cohésion autour de l’Equipe Nationale, tout sera possible. Y compris un sacre continental. En tout cas le ministère des Sports, comme d’habitude, est déterminé à jouer sa partition et est déjà pied d’œuvre pour que la sélection ait une préparation idéale et puisse évoluer dans des conditions idoines.
Avec la 3e place occupée lors des deux précédentes phases finales, la barre a été placée haut pour Henri Kasperczak qui aura sans doute à cœur de faire mieux que la 4e place occupée en 2002 sur nos propres installations. L’espoir est permis si chacun s’assume et joue efficacement sa partition sans réserve aucune.
Moussa Bolly