Ce qu’il faut retenir de l’intervention de François Hollande
François Hollande, face à David Pujadas et Gilles Bouleau, le jeudi 11 février
Le chef de l’Etat a défendu le remaniement annoncé dans l’après-midi et redéfini ses priorités : sécurité, emploi et climat.
Majorité (légèrement) élargie, retour des écologistes et de Jean-Marc Ayrault au gouvernement : une poignée d’heures après le remaniement de ce 11 février, François Hollande accueillait les caméras de TF1 et France 2 à l’Elysée pour « s’expliquer, répondre aux questions et dialoguer avec les Français à travers les journalistes après une séquence politique très intense ».
Après un bref retour sur les accidents de car qui ont endeuillé le Doubs et la Charente-Maritime, le président de la République a également répondu aux questions de David Pujadas et Gilles Bouleau sur la déchéance de nationalité, la crise agricole, son plan contre le chômage et la présidentielle 2017.
Un remaniement axé autour de trois priorités. On attendait un gouvernement « Valls 3 », voire un nouveau locataire à Matignon : le remaniement s’est finalement fait à la marge avec 4 départs et une dizaine d’ajustements. François Hollande l’assure : il n’a jamais pensé à changer de Premier ministre : « Non, parce que ce gouvernement est cohérent. Il suit la ligne que j’ai fixée depuis 2012 : celle de prendre des décisions pour faire avancer le pays. »
« C’est un gouvernement qui doit agir, qui doit réformer, qui doit avancer », a argué le chef de l’Etat, qui a défini trois priorités :
1 – « Protéger les français » : trois mois après les sanglants attentats de Paris, François Hollande a tenu à maintenir et « renforcer » les ministres en charge de la sécurité : Bernard Cazeneuve à l’Intérieur, Jean-Yves Le Drian à la Défense (« le ministre qui connaît le mieux les sujets qui nous concernent »), Jean-Jacques Urvoas à la Justice restent en poste. Quant à Jean-Marc Ayrault, nouveau-venu surprise au quai d’Orsay ? « Il a l’expérience. Il a été Premier ministre, il sera un bon ministre des Affaires étrangères, il connaît les dossiers. »
2 – L’emploi : le trio de ministres chargés des questions économiques – Emmanuel Macron, Myriam El Khomri et Michel Sapin – restent également à leur place afin d’être « pleinement investis dans cette tâche avec le gouvernement ». Ils porteront prochainement le projet de loi sur le code du travail, ainsi qu’une autre loi pour favoriser l’entrepreneuriat et l’investissement. « Il reste 14 mois. Et pendant 14 mois, des décisions seront prises et des réformes seront menées », a promis le chef de l’Etat. « Entre ceux qui ne veulent rien faire et ceux qui veulent tout défaire, nous allons bien faire. »
3 – Le climat : auréolée du « grand accord que nous avons signé, la COP21″‘, Ségolène Royal est confirmée dans ses fonctions de ministre de l’Environnement, avec des fonctions élargies aux relations internationales sur le climat, qui relevaient jusqu’à présent des Affaires étrangères. Mais « tous les ministres vont pouvoir y être associés », a insisté François Hollande, évoquant le retour des écologistes au gouvernement avec Emmanuelle Cosse, Barbara Pompili et Jean-Vincent Placé.
Référendum local à Notre-Dame-des-Landes. Dès la nomination d’Emmanuelle Cosse actée, les rumeurs couraient sur un accord entre elle et François Hollande sur le conflit du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. « Il n’y a pas de marchandage », a martelé François Hollande. « Je ne troque pas telle ou telle entrée au gouvernement contre tel ou tel renoncement. »
« En revanche, sur ce dossier de Notre-Dame-des-Landes, il y a un blocage », a reconnu le chef de l’Etat, évoquant la rude bataille que mènent pro et anti-aéroport depuis des années au nord de Nantes. « Les travaux doivent commencer au mois d’octobre : je demande au gouvernement d’organiser d’ici-là un référendum local. » Si c’est non, l’Etat en tirera les conséquences », promet le président.
Qui rappelle au passage qu’un référendum local du même genre a permis de débloquer le conflit autour d’un aéroport dans la région de Stuttgart, en Allemagne… dans le sens du gouvernement.
Baisses de charges pour les agriculteurs. Interrogé sur la colère des éleveurs et agriculteurs, le président a rappelé le contexte général du secteur : un cours du porc « effondré partout dans le monde », des épidémies, la sécheresse, l’embargo russe… avant de promettre de poursuivre les négociations à Bruxelles avec Stéphane Le Foll, également confirmé à l’Agriculture.
« Il faut un plan européen de sauvetage, il faut agir sur l’embargo russe et prendre des mesures sur les charges », a-t-il pointé. « Le Premier ministre va annoncer avant le 17 février une nouvelle baisse des cotisations sociales, tout de suite, pour l’ensemble des agriculteurs », a-t-il déclaré. « Elles vont baisser, on a déjà fait baisser » ces cotisations, a-t-il souligné.
Déchéance de nationalité : aller plus vite. Interrogé sur sa volonté d’inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution, François Hollande a rappelé les conditions dans lesquelles il avait pris cette décision, celles du « plus grave attentat que notre pays ait connu. »
« La déchéance de nationalité, elle existait. Ce n’est pas une invention, elle est dans le Code civil. Beaucoup de familles politiques demandaient que la sanction puisse être prononcée au moment de la condamnation », rappelle-t-il. « Un terroriste qui tue des Français parce qu’ils sont Français se met lui-même, par son acte, en dehors de la Communauté nationale. Encore faut-il qu’il y ait des garanties, et des conditions. »
« Je ne souhaite pas que la ‘navette’ [travail législatif entre Assemblée nationale et Sénat] dure trop longtemps. Les Français veulent que ça se termine. Je ne veux pas que la France soit suspendue à cette décision », a-t-il déclaré, conscient d’une certaine lassitude dans l’opinion autour de ce débat. « Si ça ne tenait qu’à moi, ça irait bien plus vite ».
« Ne pas entrer dans le débat des primaires ». Alors que la droite organisera sa primaire au mois de novembre et que les différentes tendances de gauche se demandent si elles doivent suivre l’exemple, François Hollande, toujours évasif sur l’horizon de 2017, a tenu à se dégager du débat : « Il y a ce que font les partis, c’est leur rôle, et ce que j’ai à faire : diriger le pays. Il y aura un moment pour prendre ma décision, et ce moment n’est pas venu. »
« Vous avez vu la période dans laquelle nous sommes ? » a-t-il lancé. « Terrorisme ? Guerre ? Ces choix que j’ai à faire pour le pays ? Et je serais là à faire des calculs ? »
Le chef de l’Etat a de nouveau évoqué l’engagement qu’il avait déjà pris il y a plusieurs mois, promettant qu’il ne se représenterait pas si la courbe du chômage ne s’inversait pas d’ici 2017.
« J’ai dit : il faut avoir des résultats. Être candidat pour être candidat, ça n’a pas de sens ; il faut être président et je serai président jusqu’au bout. »
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