Comment Sjaak Rijke a été libéré
Sjaak Rijke en captivité dans le nord du Mali.
Après mille deux cent vingt-quatre jours de détention, Sjaak Rijke est un homme libre. Ce Néerlandais, otage d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), a été libéré par les forces spéciales françaises lors d’une opération dans l’extrême nord du Mali, lundi 6 avril. « M. Rijke a été évacué et mis en sécurité à Tessalit, sur la base temporaire avancée de l’opération “Barkhane”. Il est sain et sauf », précise le ministère de la défense français dans un communiqué.
L’opération s’est déroulée à 5 heures du matin, a raconté le général Grégoire de Saint-Quentin, chef du commandement des opérations spéciales (COS), interrogé lundi soir sur Europe 1. Selon lui, l’opération avait été précédée d’une longue « phase de renseignement », notamment car l’otage « était détenu dans un endroit extrêmement reculé, loin de tout, au milieu d’une zone désertique ». Selon nos informations, le campement était situé près de la frontière algérienne.
Il s’agissait par conséquent d’« une manœuvre extrêmement complexe d’y amener des moyens et des capacités militaires, car il faut rester discret jusqu’à la fin pour avoir la meilleure finesse possible dans l’action », a expliqué Grégoire de Saint-Quentin, qui a précisé qu’une « vingtaine d’hommes a[vait] été mobilisée ». Livrant des détails de l’opération, le chef du COS a rapporté que les sentinelles des ravisseurs avaient tiré sur les soldats français quand une vingtaine de membres des forces spéciales s’étaient approchés, sous couvert de la nuit.
« Dans les dernières dizaines de mètres, une équipe de sentinelles des preneurs d’otages a ouvert le feu sur nous. Nous avons engagé une riposte et tout de suite l’otage a été libéré. (…) [Les membres du commando] ont tué deux preneurs d’otages, les deux autres se sont rendus et l’otage a été libéré. Tout ça s’est passé en quelques secondes ».
L’otage « reçoit des soins. Le ministre des affaires étrangères néerlandais, Bert Koenders, a assuré, des Pays-Bas, que l’ancien otage « (allait) bien, étant donné les circonstances ». Il a aussi précisé que M. Rijke recevait des « soins » et était entouré par des soldats néerlandais et du personnel de l’ambassade. Depuis un an, cinq cents militaires néerlandais participent à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali ( Minusma).
Le 25 novembre 2011, un groupe d’hommes armés avait fait irruption sur la terrasse d’un hôtel de Tombouctou, la ville historique du nord du Mali, et menacé un groupe d’Occidentaux pour les forcer à les suivre. L’un d’eux, un Allemand, avait tenté de résister et avait été abattu. Un autre Allemand était parvenu à se cacher, et la femme de M. Rijke avait réussi à échapper aux preneurs d’otages.
Le commando avait emmené Sjaak Rijke, ainsi qu’un Sud-africain, Stephen Malcolm McGown, et un Suédois, Johan Gustafson, qui sont toujours aux mains de leurs ravisseurs.
En captivité avec le Français Lazarevic. En novembre 2014, AQMI avait diffusé une vidéo dans laquelle Sjaak Rijke s’exprimait à l’occasion de son millième jour de détention. Il y était accompagné de Serge Lazarevic, otage français libéré peu après, en échange de la libération de quatre djihadistes emprisonnés au Mali.
La force française « Barkhane », qui compte trois mille hommes et a succédé à celle de l’opération « Serval » au Mali, à l’été 2014, est déployée dans cinq pays (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso) contre les djihadistes opérant dans la bande sahélo-saharienne.
En mars, le ministre de la défense français, Jean-Yves Le Drian, avait annoncé le renforcement des troupes militaires françaises présentes au Sahel dans le cadre de cette opération « pour […] donner des moyens de soutien et d’accompagnement sur les tensions qui se produisent autour du lac Tchad ».
Avec AFP