Coup dur pour les victimes des jihadistes au Mali
Sanda Ould Bouamama, ex-porte parole d’Ansar Dine à Tombouctou en 2012. Il a été libéré le 3 août 2015 en Mauritanie alors qu’il est poursuivi pour crimes contre l’humanité au Mali.
Vingt organisations de défense des droits de l’Homme, dont la FIDH et Amnesty, ont dénoncé mercredi la libération par la Mauritanie d’un ancien cadre du groupe jihadiste Ansar Dine, Sanda Ould Boumama, la qualifiant de « coup dur pour les victimes de la crise malienne ».
Sanda Ould Boumama a été le porte-parole d’Ansar Dine, un des groupes liés à Al-Qaïda ayant contrôlé le nord du Mali pendant près de dix mois avant d’en être chassés et en partie dispersés à partir de janvier 2013 par une opération militaire internationale.
L’homme, qui se dit mauritanien, s’était rendu aux forces mauritaniennes en mai 2013 sur la frontière avec le Mali, près de Bassiknou (sud-est de la Mauritanie). Il a ensuite été transféré à Nouakchott, puis détenu depuis lors dans une prison secrète sans être ni inculpé, ni jugé. Il a été libéré mardi, selon une source de sécurité mauritanienne.
« La libération de Sanda Ould Boumama par la Mauritanie est un coup dur pour les victimes de la crise malienne », déclarent les 14 ONG dans un communiqué commun publié par l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), au nombre des signataires avec son homologue mauritanienne, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et Amnesty International-Mali.
Selon ces ONG, M. Ould Boumama, dont le vrai nom est Sidi Mohamed Ould Boumama, est un binational malien et mauritanien. Il s’est rendu aux autorités mauritaniennes en 2013 « pour échapper à la justice malienne », qui a émis un mandat d’arrêt à son encontre en février 2013.
Il fait partie « de plusieurs présumés responsables de crimes les plus graves », dont « des crimes sexuels » commis dans le nord du Mali lorsque cette vaste région était sous la coupe des jihadistes, d’après elles.
Depuis juillet 2012, plusieurs ONG se sont constituées parties civiles au Mali aux côtés de victimes ou de l’Etat malien dans des plaintes visant des rebelles, des jihadistes – dont Iyad Ag Ghali, chef d’Ansar Dine – ou contre X pour les crimes commis durant la crise malienne, surtout dans le Nord.
Selon elle, la justice malienne a formulé adressé une demande d’extradition concernant M. Ould Boumama aux autorités mauritaniennes, qui n’y ont « accordé aucune suite favorable ».
« Si les enquêtes de la justice malienne avaient avancé et que la coopération sous-régionale était plus effective, Sanda Ould Boumama serait en train d’être entendu par un juge malien », affirme Me Moctar Mariko, président de l’AMDH, dans le communiqué.
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