Crash de l’avion dans le Sinaï : l’hypothèse d’une bombe se précise
Des vestiges de la carlingue de l’avion russe près de Wadi Al-Zolomat dans le Sinaï en Egypte le 1er novembre 2015. (AFP)
Alors que les autorités russes et égyptiennes avaient balayé les revendications des djihadistes après le crash de l’avion russe et de ses 224 passagers dans le Sinaï égyptien, c’est pourtant l’hypothèse de l’attentat qui se précise.
La Grande-Bretagne a estimé, mercredi 4 novembre, par la voix d’un porte-parole du premier ministre, David Cameron, avoir « des craintes que la chute de l’avion ait été provoquée par un engin explosif » placé à bord de l’appareil.
Aux Etats-Unis aussi, on penche également de plus en plus pour la piste terroriste. Un haut responsable américain, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a jugé « hautement probable » l’hypothèse d’une bombe à bord. Les chaînes CNN et NBC ont cité des responsables du renseignement américain s’inscrivant dans la même ligne.
Pour les experts, même un engin explosif de petite taille est suffisant pour ouvrir une brèche dans la carlingue et disloquer l’appareil en raison de la pressurisation à haute altitude. Le porte-parole britannique, comme l’officiel américain sur CNN ont toutefois précisé n’être pas encore en mesure de dire catégoriquement pourquoi l’avion russe s’est écrasé.
Quatre jours après la catastrophe aérienne, revendiquée par l’organisation Etat islamique (EI), Londres a en tout cas décidé de suspendre les vols entre la station balnéaire de Charm el-Cheikh, d’où s’est envolé l’Airbus de Metrojet, et le Royaume-Uni, « par mesure de précaution ». L’Irlande lui a immédiatement emboîté le pas et demandé à ses compagnies aériennes de prendre les mêmes dispositions et de ne plus survoler le Sinaï.
La suspension des vols « donnera le temps aux experts britanniques de l’aviation qui sont actuellement en route pour Charm el-Cheikh d’analyser le dispositif de sécurité en place à l’aéroport et de vérifier si des mesures supplémentaires sont nécessaires », a précisé le porte-parole britannique, précisant que cette opération devrait être « achevée cette nuit ».
La lutte contre les djihadistes de l’EI en Egypte et la situation en Libye voisine, en proie au chaos, seront notamment au menu des discussions entre M. Cameron et le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, qui se rencontreront jeudi après-midi.
Plus tôt, le ministère de l’aviation civile égyptien avait annoncé que les enquêteurs avaient extrait et validé le contenu de l’enregistreur de vol, une des deux boîtes noires de l’avion russe. Toutefois, la seconde boîte noire, qui enregistre les conversations dans le cockpit, a été partiellement endommagée et il faudra beaucoup de travail pour en collecter les données.
Mardi, l’organisation EI a publié une nouvelle vidéo dans laquelle elle réaffirme être à l’origine du crash de l’Airbus 321-200. Dans la vidéo, un membre de l’organisation félicite en russe « [ses] frères de l’EI, particulièrement ceux de la région du Sinaï, pour avoir fait chuter l’avion des croisés russes mécréants ». L’organisation djihadiste présente ce crash comme des représailles aux bombardements russes en Syrie.
Le groupe Province du Sinaï, branche de l’organisation EI dans la région, a affirmé mercredi dans un message audio être à l’origine du crash, promettant d’en apporter la preuve en temps voulu. L’EI ne donne toutefois pas de détails supplémentaires sur son mode opératoire et la nature de son armement, une question qui divise les spécialistes.
Les premières revendications djihadistes avaient été écartées car il est exclu que l’avion ait pu être atteint à près de 10 000 mètres d’altitude par un missile du type de ceux dont dispose l’organisation EI dans le Sinaï. Restent donc deux hypothèses : un problème technique provoquant une explosion et une dislocation immédiate de l’appareil sans laisser le temps au pilote de communiquer – cas rarissime, selon les experts –, ou une bombe installée dans l’appareil.
Les recherches se poursuivent pour retrouver les derniers corps et d’éventuels indices dans une zone désertique élargie de quarante kilomètres carrés. Selon les autorités russes, un seul corps a pu être pour l’instant remis à la famille pour être enterré et 33 autres ont été identifiés.
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
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