Décès de Doudou Ndiaye Rose, le « trésor humain » du Sénégal
Doudou Ndiaye Rose en concert à Dakar, le 29 avril 2013.Photo Seyllou/AFP
Le Sénégal a perdu mercredi un de ses plus grands ambassadeurs culturels à travers le monde, son maître-tambour Doudou Ndiaye Rose, décédé à 85 ans et qui était classé par l’Unesco « trésor humain vivant ».
« Monument », « légende », « percussionniste hors pair », « magicien des tambours »: à l’annonce du décès de Doudou Ndiaye Rose, plusieurs télévisions sénégalaises ont bouleversé mercredi après-midi leurs programmes pour lui consacrer des hommages, diffusant des images de récentes manifestations pour son 85e anniversaire. « Nous avons perdu notre père, notre ami, un grand homme, Doudou Ndiaye Rose », a déclaré à l’AFP un de ses neveux, le chanteur Doudou Ndiaye Mbengue. « Il a eu un malaise mercredi matin, il a été transporté à l’Hôpital Le Dantec », à Dakar, où il s’est éteint, a expliqué à l’AFP Aboubacar Demba Cissokho, de l’Association de la presse culturelle du Sénégal, proche de sa famille. Doudou Ndiaye Rose était apparu bien portant mardi aux obsèques d’un autre percussionniste sénégalais, Vieux Sing Faye.
Doudou Ndiaye Rose a marqué le Sénégal de son empreinte et a partagé la scène avec de nombreux artistes dont Miles Davis, les Rolling Stones, des percussionnistes au Japon… Son nom est associé aux défilés civils marquant la fête de l’Indépendance du Sénégal – célébrée chaque 4 avril – durant lesquels des majorettes marquent le rythme au son de ses percussions. Une composition faite à la demande du premier président sénégalais (1960-1980), Léopold Sédar Senghor, décédé en 2001. Doudou Ndiaye Rose a régulièrement rendu hommage à Senghor, fervent défenseur de la Culture qu’il a souvent accompagné lors de ses visites à l’étranger et qui l’a régulièrement invité aux cérémonies et manifestations grandioses, comme le premier Festival mondial des arts nègres, en 1966 à Dakar. Autre souvenir marquant de la carrière du maître tambour, sa participation, avec son armée de batteurs, aux célébrations du Bicentenaire de la Révolution française à Paris en 1989.
Né le 28 juillet 1930 à Dakar, Mamadou dit Doudou Ndiaye Rose – ou Doudou Ndiaye Coumba Rose, comme il aimait aussi se faire appeler -, issu d’une famille de griots, était à la tête d’un orchestre de plusieurs dizaines de percussionnistes, dont plusieurs membres de sa famille. Il lui est arrivé d’aligner jusqu’à 250 percussionnistes lors d’une prestation.
En 2010, Il avait raconté qu’il avait dû batailler contre son père, comptable, qui refusait qu’il devienne musicien, un art qu’il a appris jusqu’au fin fond du Sénégal. « Je rencontrais les anciens pour qu’ils me transmettent ce langage très précis des percussions que tout le monde connaissait alors: comment annoncer qu’il y a un feu de brousse, qu’un serpent a piqué quelqu’un et quel genre de serpent, que la femme qui vient de se marier a rejoint la demeure conjugale et que son mari est content d’elle », avait-il expliqué.
Doudou Ndiaye Rose, un petit bout d’homme, impressionnait toujours lors de ses prestations, par une débauche d’énergie, tapant sur ses percussions, chantant, dansant, sautant, tout en restant majestueux dans ses costumes de scène et dirigeant avec forces gestes ses batteurs, qui alternent mouvements d’ensembles et mouvements en solo. Il avait été classé « Trésor humain vivant » par l’Unesco en 2006, en même temps que d’autres compatriotes célèbres.
Mercredi soir, le maire de Dakar, Khalifa Sall, a fait état de sa « tristesse » après le décès de son « ami et doyen » Doudou Ndiaye Rose, qui était aussi son conseiller culturel. « Doudou Ndiaye Rose est un patrimoine mondial », a déclaré, à la télévision publique sénégalaise RTS, le musicien Cheikh Tidiane Tall, membre fondateur du mythique groupe Xalam.
AFP
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