Défense : la revue nationale stratégique désigne la Chine comme l’ennemi numéro un de l’Occident
Emmanuel Macron présente ce mercredi à Toulon la Revue nationale stratégique. La Chine est clairement pointée du doigt pour sa volonté à déstabiliser le leadership mondial occidental ainsi que la gouvernance mondiale….
La Chine est déjà bel et bien l’adversaire de l’Occident aujourd’hui mais elle le sera surtout demain. Ce n’est pas une surprise mais la Revue nationale stratégique (RNS) désigne très clairement la République populaire de Chine comme la future puissance ennemie des Occidentaux. « L’objectif du Parti communiste chinois (PCC) et de l’Armée Populaire de Libération (APL) reste de supplanter les États-Unis comme première puissance mondiale », écrivent les auteurs de la RNS. Un véritable pied de nez au chancelier allemand Olaf Scholz, qui a plaidé à Pékin lors de sa récente visite officielle controversée, pour « davantage » de coopérations avec la Chine. Des pays occidentaux qui dépendent sur le plan économique de plus en plus de l’ex-Empire du Milieu…
« La modernisation de l’appareil militaire chinois se poursuit et permet à l’APL d’appuyer une stratégie de plus en plus affirmée, y compris sur le plan militaire, que ce soit dans la région indo-Pacifique, en particulier s’agissant du statu quo dans le détroit de Taïwan, mais aussi dans les autres régions du monde où sa diplomatie lui crée des clientèles, notamment en Afrique », explicite la RNS.
Emmanuel Macron se rend ce mercredi à Toulon pour un déplacement consacré à la présentation de la Revue nationale stratégique, en présence de Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, et de Sébastien Lecornu, ministre des Armées. Depuis la Revue stratégique de 2017 et son actualisation en 2021, des crises de toute nature se sont succédé et une guerre a été déclenchée par la Russie en Ukraine. Cette RNS prépare les travaux d’une nouvelle loi de programmation militaire. Issue d’un travail interministériel, elle dresse un constat de l’évolution du contexte mondial et dessine l’ambition et les priorités stratégiques de la France à l’horizon 2030.
Leadership occidental fragilisé
Selon la RNS, le régime chinois considère la puissance américaine et le modèle occidental en déclin. Il estime que « le leadership occidental sur l’ordre international est fragilisé et qu’il peut l’affaiblir encore davantage en mettant à profit son influence nouvelle », précisent les auteurs de la RNS. Dans ce cadre, le PCC mise sur la passivité d’une majorité de pays non occidentaux à propos de la guerre en Ukraine pour nourrir un discours faisant apparaître une opposition de « l’Ouest contre le reste » du monde.
« Cette remise en cause irrigue les domaines politique (propagande sur le déclin de l’Occident), économique et technologique (prédation, guerre commerciale), militaire (croissance de l’arsenal nucléaire, modernisation de l’Armée Populaire de Libération, points d’appui à l’étranger), et diplomatique (attitude plus assertive dans les enceintes internationales, recours au rapport de force bilatéral ou à des formats multilatéraux alternatifs, comme le 14+1 (14 pays européens, dont neuf pays de l’UE) ou le Forum sur la coopération sino-africaine) », souligne la RNS.
En outre, la guerre en Ukraine est un excellent laboratoire pour la Chine. « L’examen dans la durée de la cohésion occidentale et des impacts des sanctions et des embargos sur la Russie donnera aussi à la Chine des indications précieuses sur la portée des outils de coercition économique qui pourraient lui être opposés en cas de crise majeure », notent les auteurs de la RNS. En outre, ils considèrent que le renforcement de l’alliance entre la Russie et la Chine depuis le début de la guerre en Ukraine « ouvre la perspective d’une plus grande contestation des instances internationales de l’intérieur, orientée contre l’expression des objectifs occidentaux et offrant des opportunités d’alignement politique face à l’Occident et aux Etats-Unis en particulier ».
Les spécialistes de la guerre hybride
La convergence stratégique entre la Chine et la Russie, qui taisent pour le moment leurs différends, se manifeste aussi bien sur le plan diplomatique que dans le champ de l’influence. Soit la fameuse guerre informationnelle très largement utilisée par les deux puissances qui lancent des actions hybrides pour « contester l’architecture de sécurité internationale de l’intérieur ». Ces opérations russes et chinoises en matière de guerre informationnelle cherchent également « à fragiliser nos propres systèmes politiques et notre cohésion nationale, tout en alimentant voire en suscitant des effets d’alignement en notre défaveur, comme l’atteste la guerre en Ukraine », précisent les auteurs de la RNS.
« Les implications politiques, stratégiques et technologiques sont potentiellement majeures pour la gouvernance mondiale », avertissent-ils.
La Chine et la Russie ont d’ailleurs le temps long pour eux. C’est le cas de la Russie en Afrique où Moscou a lancé « des manœuvres diplomatiques offensives associées à des attaques informationnelles anti-occidentales » avec le recours au mercenariat. Au-delà, Moscou voit dans cette « guerre hybride mondialisée des leviers substantiels sur des théâtres extérieurs et dans des milieux où se déportent désormais des formes d’actions nouvelles ». Ainsi, la Méditerranée, la mer Noire, la zone Baltique, les Balkans, l’Atlantique Nord mais aussi l’Afrique et le Moyen-Orient offrent des perspectives de confrontation doublées de risques d’incidents potentiellement susceptibles de provoquer des risques d’escalade.